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Dans les villes grises / In the grey cities - Page 2

  • Foules / Crowds

    FRANÇAIS

    Je suis avec Sigrid, elle est en noir, belle, jeune, exactement comme quand nous nous fréquentions. Je sais qu'elle est en couple (ou peut-être est-ce moi) mais il y a quelque chose d'irrépressible entre nous. Ensuite nous marchons dans une rue commerçante, probablement celle de la ville où je vis. Je prends Sigrid par la main et elle se laisse faire. Nous entrons dans quelque chose, un endroit qui pourrait être un restaurant ou un hôtel, et qui a un étage où nous montons, et là aussi il y a une vaste salle pleine de monde, et pour une raison que j'ai oubliée c'est là que nous devons nous séparer.

    *

    Le monde est toujours plus vivant, plus chaud, plus peuplé, dans les rêves. Il n'y est pas encore silencieux, vide, immobile, mais encore jeune, ou jeune à nouveau ; comme Sigrid est dans ce rêve à nouveau la jeune fille de vingt ans que j'ai connue autrefois.

    Maintenant que j'y pense, cette scène dans le lieu public où nous entrons est une sorte de variation d'un épisode que nous avons réellement vécu, quand après cette rencontre chez elle à Metz, dans son appartement caché au fond d'une cour intérieure, nous étions sortis marcher ensemble au hasard et avions découvert ce restaurant au bord de l'eau, sur une plateforme de bois ; il faisait bon et grand soleil, et nous avions regardé quelques instants ces familles et ces touristes attablés. Nous n'étions pas du même monde qu'eux. Ou pour le dire autrement nous n'appartenions pas au monde du tout.

    *

    Moi qui aime le silence et la solitude, j'imagine de plus en plus souvent mon appartement rempli d'amis, qui y vivraient leur vie, papoteraient, écouteraient de la musique, regarderaient un film, taperaient quelque chose sur un ordi... chaque pièce, bondée, bruyante, vivante, sans que je n'aie besoin de m'occuper de qui que ce soit.

    ENGLISH

    I'm with Sigrid. She's dressed in black, beautiful, young – exactly as she was when we were seeing each other. I know she's in a relationship (or maybe I am), but there's something irrepressible between us. Then we're walking down a shopping street, probably the one in the city where I live. I take Sigrid's hand and she lets me. We enter a place, maybe a restaurant or a hotel, and it has an upper floor that we go up to. There, too, is a vast room full of people, and for a reason I’ve forgotten, that’s where we have to part.

    *

    The world is always more alive, warmer, more crowded in dreams. It hasn't yet gone silent, empty, still – it is still young, or young again; just as Sigrid, in this dream, is again the twenty-year-old girl I once knew.

    Now that I think of it, that scene in the public place where we go is a kind of variation on something that really happened – after that meeting at her place in Metz, in her apartment hidden deep inside a courtyard, we had gone out to walk together aimlessly and discovered that restaurant by the water, on a wooden deck. The weather was warm and the sun was shining brightly, and we had stood for a few moments watching those families and tourists at their tables. We weren’t part of their world. Or rather, we didn’t belong to the world at all.

    *

    Though I love silence and solitude, I find myself more and more often imagining my apartment filled with friends, living their lives there – chatting, listening to music, watching a film, typing away on a laptop... every room crowded, noisy, alive, without my needing to take care of anyone.

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  • À l'aveuglette / Blindly

    FRANÇAIS

    Je marche dans des rues entièrement noires où j'avance presque à l'aveuglette, me repérant grâce aux rares enseignes lumineuses, qui elles-mêmes n'offrent qu'une lueur faiblarde, insuffisante. Je suis probablement à Nancy. Je vais quelque part, je ne sais plus où. Mais je me rends compte à un moment donné que je me suis trompé ; au lieu d'être dans la rue où je voulais me rendre, je suis face à un bâtiment entouré d'un petit parc. Une école, un hôpital, une maison de retraite, quelque chose comme ça.

    ENGLISH

    I’m walking through completely dark streets, moving almost blindly, finding my way by the few illuminated signs, which themselves offer only a faint, insufficient glow. I’m probably in Nancy. I’m going somewhere, but I no longer know where. Then at some point, I realize I’ve made a mistake; instead of being on the street I intended to go to, I’m facing a building surrounded by a small park. A school, a hospital, a nursing home, something like that.

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  • Bonne franquette / Laid-back

    FRANÇAIS

    Devant mon immeuble, rue Guerrier de Dumast. Un corbillard, ou des types qui transportent un cadavre sur une civière. C'est Thierry, l'ex de Diane, qui m'explique que le défunt est tombé d'un échafaudage alors qu'il travaillait au noir. Quelques badauds, des gens en pleurs. Je m'entends pleurer moi aussi.

    Ensuite je suis dans un bistrot, dans la même rue. Chaleureux, à la bonne franquette. Je suis assis à une table avec d'autres personnes – le bar est bondé – près de la porte, qui est entrouverte. Différents groupes de musique de la rue viennent jouer devant la porte ou dans l'entrée du bistrot, dont un groupe de mecs des îles qui jouent du zouk.

    ENGLISH

    In front of my building, on Guerrier de Dumast street. A hearse, or some guys carrying a corpse on a stretcher. It’s Thierry, Diane’s ex, who explains to me that the deceased fell from scaffolding while working under the table. A few onlookers, people crying. I hear myself crying too.

    Then I’m in a bistro on the same street. Warm, casual, laid-back. I’m sitting at a table with other people – the bar is packed – near the door, which is ajar. Different street music groups come to play in front of the door or inside the bistro entrance, including a group of island guys playing zouk.

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  • Malls & arcades

    FRANÇAIS

    Un correspondant allemand, récemment :

    Mon colocataire  est obsédé par les très vieux centres commerciaux que l'on appelle généralement « arcades » ici ; ils dégagent souvent un sentiment d'abandon, différent de n'importe quel autre type d'endroit. Walter Benjamin a tenté d'écrire un livre gigantesque à leur sujet, qu'il n'a jamais terminé. Le centre commercial moderne est une continuation de ces espaces, et ont été – si je ne me trompe pas – « inventés » dans leur forme moderne par un socialiste qui espérait créer de nouveaux espaces communautaires, des hyper-villes dans le sens positif du terme (je viens de le chercher, il s'appelait Victor Gruen) - la réalisation est allée à l'encontre de l'idéal, mais je crois que l'idéal résonne encore d'une certaine manière dans ces lieux. La fascination qu'ils exercent sur les gens (y compris sur moi) semble prépondérante, et même ceux qui les détestent vocalement me paraissent impressionnés par eux. Et les centres commerciaux qui disparaissent aujourd'hui sous la pression d'Internet ajoutent encore un autre angle - ce qui semblait être l'ultime corruption capitaliste de l'espace est aujourd'hui dévoré par la double transformation capitaliste de l'espace en non-espace : L'interaction devient virtuelle, les espaces où elle se produisait auparavant deviennent des Niemandsland.

    *

    Ma réponse :

    Il y a quelque chose qui me fascine et m'attire dans le fait de vivre entièrement « à l'intérieur », que ce soit dans un endroit délabré et sale comme Kowloon ou dans les luxueuses galeries marchandes des capitales européennes, ou dans les malls à l'américaine – peut-être parce que plus encore qu'une rue dans une ville, c'est un espace entièrement humain, au sens « entièrement artificiel », où la nature n'existe plus du tout, pas même sous la forme du ciel au dessus de nos têtes. Ce sont aussi des lieux clos, délimités, des microcosmes pour le dire autrement, et chaque microcosme est un lieu qui inspire immédiatement des récits possibles, un certain sentiment romanesque ; on se demande quelles histoires peuvent s'y dérouler, quelles relations entre les habitants / personnages, etc. Avec toute l'intensité que la notion de huis-clos apporte à une histoire. C'est ce qui est fascinant dans IGH. Le roman se déroule entièrement dans une tour résidentielle luxueuse et ultramoderne de la fin des années 70, avec des appartements, des magasins, des écoles, des espaces de loisirs, etc. Au début, l'immeuble semble être un microcosme d'une société idéale, mais au fil du temps, des tensions sociales et économiques commencent à apparaître entre les différents étages de l'immeuble, marqués par des classes sociales distinctes : les riches résident dans les étages supérieurs, tandis que les résidents les plus pauvres occupent les étages inférieurs. Au fur et à mesure que l'infrastructure de l'immeuble se détériore et que l'approvisionnement en nourriture et en services devient irrégulier, le chaos s'installe et les habitants, confrontés à l'isolement et à l'effondrement des normes sociales traditionnelles, sombrent dans la violence et la désintégration psychologique. À la fin du roman, ils ont plus ou moins dégénéré en un état préhistorique (perte du langage, cannibalisme, guerres tribales, lutte pour les « femelles », etc.), ce qui signifie que IGH n'est clairement pas un roman réaliste ou une étude sociologique déguisée en roman. Tout cela a bien sûr quelque chose de surréaliste (Ballard a été influencé par ce mouvement) et de métaphorique. Enfant, Ballard a été prisonnier dans un camp japonais, à Shangai, pendant la Seconde Guerre mondiale, et cette expérience (être un enfant seul au milieu d'adultes, dans un microcosme et dans des conditions totalement anormales) a influencé l'ensemble de son œuvre. Par ailleurs, il a également écrit un roman sur un centre commercial : Que notre règne arrive. Je le recommande également.

    *

    J'ai trouvé une version PDF de The Arcades Project de Walter Benjamin pour ceux que cela intéresse.

    *

    Le hasard et / ou la nécessité ont fait que je suis tombé quelques jours après cet échange sur la bande dessinée Revoir Paris de Schuiten et Petters. J'ai été ému aux larmes. Cela m'a rappelé mes propres fantasmes d'adolescence et mes lectures de jeunesse, comme Tardi, qui mettait en scène le vieux Paris, que tout le monde connaît même sans y avoir vécu, et qui est évidemment le seul Paris, le vrai Paris, plus vrai que le Paris d'avant Haussman ou d'après Jacques Chirac. Mais au-delà de ça le choc de cette histoire repose d'une part sur le fait que presque jusqu'à la fin de l'histoire, à chaque fois que l'héroïne s'approche de Paris, elle perd connaissance pour une raison ou une autre et se réveille à nouveau loin du centre. J'ai bien cru qu'elle n'y parviendrait jamais et que « revoir Paris » resterait un fantasme inatteignable, à la You can't go home again.

    D'autre part il y a quelque chose de plus informulable, que j’appellerais la poésie du Temps, à défaut d'un autre terme : cette impression si forte que produit le fait de revoir, dans une fiction ou dans un rêve, un lieu réel, dont le nom, le souvenir, l'identité, sont connues, intimement et collectivement, et qui pourtant se présente sous un visage complètement différent, du fait du passage du temps.

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    L'héroïne de la BD visite, entre autres choses, la galerie Vero-Dodat. Je l'ai visitée moi-même, ainsi que la galerie Colbert et d'autres, avec mes parents, quand ils nous ont emmenés, ma sœur et moi, à Paris, dans notre adolescence. J'avais été fasciné par la statue d'Eurydice au centre de la galerie Colbert, que j'avais prise en photo en me disant que cela ferait une jolie pochette pour une démo de post-punk (ma grande passion musicale alors) et par les vitrines des boutiques très chic, très bourgeoises, mais mystérieuses également, vieillottes, surannées, comme surgies du monde 1900 dont parle Walter Benjamin.

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    « La Galerie Véro-Dodat est un passage couvert historique à Paris, France. Elle est située dans le 1er arrondissement, reliant la rue de Jean-Jacques Rousseau et la rue de Croix-des-Petits-Champs. Il a été construit en 1826 1).

    La Galerie Véro-Dodat est construite par deux charcutiers entre la rue Bouloi et la rue de Jean-Jacques Rousseau, entre le Palais Royal et les Halles, en 1826. C'était pendant la dynastie de la restauration des Bourbons au début des années 1800, lorsque les passages couverts ou galeries à Paris étaient de plus en plus populaires. Ils offraient aux riches des endroits chauds et secs pour faire du shopping et dîner les jours de pluie et de boue. À une époque où les rues n'étaient pas encore pavées et où les égouts n'existaient pas, les billards, les bistrots et les bains publics des galeries servaient de terrain de jeu pour les adultes de la classe moyenne émergente. À l'apogée de leur popularité, au milieu du XIXe siècle, on comptait plus de 150 passages. Cependant, avec l'avènement du grand magasin vers 1850, les galeries commencent à décliner. Aujourd'hui, il ne reste que dix-huit passages 2).

    Le Véro-Dodat fut l'un des premiers passages de Paris à être éclairé au gaz en 1830, et l'un des derniers à tomber en décadence. Son déclin a commencé sous le Second Empire avec la disparition des Messageries Laffitte et Gaillard. Classé monument historique le 9 juin 1965, il a été restauré en 1997 pour retrouver sa splendeur néo-classique du XIXe siècle, avec ses élégantes boutiques d'antiquités, d'objets d'art, de livres d'art et d'accessoires de mode.  »

    https://www.altaplana.be/fr/dictionary/galerie-vero-dodat

    ENGLISH

    A German correspondent recently wrote:

    "My roommate is obsessed with very old shopping centers, which are generally called ‘arcades’ here; they often give off a sense of abandonment unlike any other type of place. Walter Benjamin attempted to write a massive book about them, which he never finished. The modern shopping mall is a continuation of these spaces, and was – if I’m not mistaken – 'invented' in its modern form by a socialist who hoped to create new communal spaces, hyper-cities in the positive sense (I just looked it up, his name was Victor Gruen). The result went against the ideal, but I believe the ideal still resonates in some way within these places. The fascination they exert on people (including me) seems pervasive, and even those who loudly claim to hate them still seem impressed by them. And the malls that are now disappearing under the pressure of the Internet add yet another layer – what seemed to be the ultimate capitalist corruption of space is now being devoured by the double capitalist transformation of space into non-space: interaction becomes virtual, and the places where it once occurred become no-man’s-lands."

    And I replied:

    "There’s something that fascinates and attracts me about the idea of living entirely indoors – whether in a decaying and dirty place like Kowloon, or in the luxurious shopping galleries of European capitals, or in American-style malls. Perhaps it’s because even more than a city street, this is an entirely human space, in the sense of being entirely artificial – where nature no longer exists at all, not even as the sky above our heads.

    They are also enclosed places, bounded, microcosms if you will – and every microcosm is a place that immediately inspires possible stories, a kind of romantic feeling; you begin to wonder what kind of stories might unfold there, what relationships between the inhabitants / characters, and so on. With all the intensity that the idea of a closed space brings to a narrative.

    That’s what’s so fascinating about High-Rise. The novel takes place entirely within a luxurious, ultra-modern residential tower from the late 1970s, with apartments, shops, schools, leisure spaces, etc. At first, the building seems like a microcosm of an ideal society, but over time, social and economic tensions start to emerge between the different floors, each marked by a distinct social class: the rich live on the upper floors, while the poorer residents occupy the lower ones. As the building’s infrastructure deteriorates and the supply of food and services becomes erratic, chaos sets in, and the inhabitants – faced with isolation and the breakdown of traditional social norms – descend into violence and psychological disintegration. By the end of the novel, they’ve more or less degenerated into a prehistoric state (loss of language, cannibalism, tribal warfare, struggle over 'females', etc.), which means that High-Rise is clearly not a realistic novel or a sociological study disguised as fiction. It’s something surreal (Ballard was influenced by that movement), and metaphorical.

    As a child, Ballard was imprisoned in a Japanese internment camp in Shanghai during WWII, and that experience – being a child alone among adults, inside a microcosm and in completely abnormal conditions – influenced all his work. He also wrote a novel about a shopping mall: Kingdom Come. I recommend it as well."

    I also found a PDF version of Walter Benjamin’s Arcades Project, for anyone interested.

    Then, by chance or necessity, just a few days after this exchange, I stumbled upon the graphic novel Revoir Paris by Schuiten and Peeters. I was moved to tears. It reminded me of my own teenage fantasies and youthful reading – like Tardi, who depicted the old Paris that everyone knows, even if they’ve never lived there, and which is obviously the only real Paris, the true Paris – truer than the Paris before Haussmann or after Jacques Chirac.

    But beyond that, the shock of this story lies, on one hand, in the fact that almost until the end, every time the heroine gets close to Paris, she loses consciousness for one reason or another, and wakes up far away again. I really thought she’d never make it there – that seeing Paris again would remain an unreachable fantasy, like in You Can’t Go Home Again.

    On the other hand, there’s something harder to put into words – what I would call the poetry of Time, for lack of a better term: that powerful feeling you get when, in fiction or in a dream, you see again a real place whose name, memory, and identity are known – intimately and collectively – and yet it appears in a completely different light, transformed by the passage of time.

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    The heroine of the graphic novel visits, among other places, the Galerie Véro-Dodat. I visited it myself, along with Galerie Colbert and others, with my parents when they took my sister and me to Paris during our teenage years. I had been fascinated by the statue of Eurydice at the center of Galerie Colbert – I even took a photo of it, thinking it would make a nice cover for a post-punk demo (my great musical passion at the time) – and by the display windows of the very chic, very bourgeois shops, which also felt mysterious, old-fashioned, anachronistic, as if they had emerged straight out of the Belle Époque world Walter Benjamin wrote about.

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    "Galerie Véro-Dodat is a historic covered passageway in Paris, France. It is located in the 1st arrondissement, connecting Rue Jean-Jacques Rousseau and Rue de Croix-des-Petits-Champs. It was built in 1826.

    The Galerie Véro-Dodat was constructed by two butchers between Rue du Bouloi and Rue Jean-Jacques Rousseau, between the Palais Royal and Les Halles, in 1826. It was during the Bourbon Restoration dynasty in the early 1800s, a time when covered passages or galleries in Paris were becoming increasingly popular. They offered the wealthy warm, dry places to shop and dine on rainy, muddy days. At a time when the streets were still unpaved and sewers did not yet exist, the billiard rooms, cafés, and public baths of the galleries served as playgrounds for the emerging middle class. At the height of their popularity, in the mid-19th century, there were more than 150 passages. However, with the rise of the department store around 1850, the galleries began to decline. Today, only eighteen remain.

    Véro-Dodat was one of the first passages in Paris to be lit by gas in 1830, and one of the last to fall into disuse. Its decline began under the Second Empire with the disappearance of the Laffitte and Gaillard coach services. Classified as a historical monument on June 9, 1965, it was restored in 1997 to regain its 19th-century neoclassical splendor, now housing elegant shops specializing in antiques, art objects, art books, and fashion accessories."

    https://www.altaplana.be/fr/dictionary/galerie-vero-dodat

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  • Rue de Metz (2015)

    FRANÇAIS

    Un homme attend quelque chose, un large sac de courses à la main, dos à un commerce abandonné. De larges cartons vert sombre cachent l'intérieur du magasin, mais évoquent bizarrement quelque chose de vivant, de gai, comme les couleurs violentes des bidonvilles.

    Je longe une « cordonnerie clé minute ». Dans une faible lueur bleutée de crépuscule, la lumière chaude, accueillante, qui vient du magasin, donne envie d'y entrer – peut-être même d'y travailler. J'aime l'odeur du caoutchouc, du métal qui chauffe ; l'odeur des garages, de la graisse, des moteurs, du béton froid et humide et des chauffages d'appoint.

    Une section de rue où il n'y a aucune autre lumière que celle, insuffisante et jaunâtre, d'un lampadaire au premier étage d'un immeuble. On se croirait, fugitivement, dans une ville abandonnée, une ville de fin du monde, inhabitée, silencieuse et noire.

    J'entre dans un couloir qui donne sur les cuisines et la cave d'un restaurant. Le long des murs courent des câbles, des tuyaux métalliques. C'est l'envers du décor, la remise, la marge, dans le noir et sans bruit ni discours, qui m'a toujours attiré plus que la vie. Un escalier monte vers une poche d'obscurité totale. Peut-être vers des logements. Je les imagine silencieux et noirs, inhabités – ou alors par une population marginale, qui ne sortirait jamais et vivrait là comme dans un monde parallèle.

    ENGLISH

    A man waits for something, a large shopping bag in hand, his back to an abandoned shop. Dark green cardboard sheets cover the interior of the store, but strangely evoke something alive, joyful – like the vivid colors of shantytowns.

    I walk past a "key-cutting cobbler". In the faint bluish light of dusk, the warm, welcoming glow spilling from the shop invites you in – perhaps even to work there. I love the smell of rubber, heating metal; the scent of garages, grease, engines, cold damp concrete, and space heaters.

    A stretch of street where there is no other light than the weak, yellowish glow of a streetlamp on the first floor of a building. For a fleeting moment, it feels like an abandoned city, an end-of-the-world town, uninhabited, silent, and dark.

    I enter a corridor opening onto the kitchens and cellar of a restaurant. Along the walls run cables, metal pipes. It’s the backstage, the storage, the margin – in darkness and without noise or conversation – that has always attracted me more than life itself. A staircase climbs into a pocket of total darkness. Perhaps leading to apartments. I imagine them silent and black, uninhabited – or inhabited by a marginalized population, who would never come out and live there as if in a parallel world.

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  • IUT / Institute of Technology (1993)

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    FRANÇAIS

    J'aimais les vieux couloirs de l'IUT ; et plus encore ses cages d'escalier qui, à partir d'une certaine hauteur, étaient constamment désertes et silencieuses. Elles étaient comme des zones de tranquillité ou d'anonymat où je passais de temps à autre, quitte à faire un détour, pour le plaisir d'entrer quelques secondes dans cet espace étrange à l'écart de la fourmilière. Il m'arrivait d'en rêver. Ou de fantasmer à leur sujet. Je ne saurais pas dire quoi exactement ; peut-être de gravir - ou descendre - les marches éternellement, ou alors de découvrir des étages inconnus, nouveaux, fascinants.

    Ai-je montré ces couloirs, ces cages d'escalier, à Laura, lorsqu'elle était venue me rendre visite à Nancy ? L'ai-je rêvé ? L'ai-je simplement imaginé puis intégré fallacieusement au récit de ma vie ?

    « Elle vous avait suivi docilement dans les couloirs infinis de l'Université, toujours plus sombres, plus silencieux, au fur et à mesure que vous y avanciez ; parfois vous croisiez de petits groupes d'étudiants, silencieux, semblant attendre quelque chose, ou assis à des pupitres, à même le couloir. Vous vous étiez ensuite perdus dans d'interminables cages d'escaliers, où de nombreux d'étages s'avéraient inaccessibles, à travers leurs portes vitrées verrouillées, que d'autres couloirs, d'autres escaliers. »

    Je rêve encore régulièrement, je rêve régulièrement depuis vingt ans des couloirs de la fac de Lettres et de l'IUT, et de ceux de mon lycée, de ceux du collège... Des couloirs où je me perds, où je cherche une salle que je ne trouve pas, des couloirs que je hante en sachant que je n'ai plus rien à y faire, ou bien, au contraire, où je reviens pour acquérir quelque chose que j'ai raté à l'époque et qui me manque. Parfois bondés, bruyants, pleins de vie. Parfois silencieux et obscurs. Ils sont le lieu, quoi qu'il en soit, où se rencontrent le destin individuel dans ses moments les plus décisifs - la formation, les choix faits pour l'avenir - et la découverte de la vie collective, l'appartenance heureuse ou pénible au troupeau.

    ENGLISH

    I loved the old corridors of the Institute of Technology; and even more so its stairwells which, from a certain height, were constantly deserted and silent. They were like zones of tranquility or anonymity where I would occasionally pass through, even if it meant taking a detour, just for the pleasure of spending a few seconds in this strange space, apart from the bustle. Sometimes I dreamed of them. Or fantasized about them. I couldn’t say exactly what; maybe endlessly climbing – or descending – the steps, or discovering unknown, new, fascinating floors.

    Did I show those corridors, those stairwells, to Laura when she came to visit me in Nancy? Did I dream it? Did I simply imagine it and then deceitfully incorporate it into the story of my life?

    "She had obediently followed you through the endless corridors of the University, growing darker, quieter the further you went; sometimes you crossed small groups of students, silent, seeming to wait for something, or sitting at desks right in the hallway. You then got lost in endless stairwells, where many floors proved inaccessible, behind their locked glass doors, leading to other corridors, other staircases."

    For twenty years now, I still regularly dream of the corridors of the Faculty of Letters and the Institute of Technology, and of those of my high school, of my middle school… Corridors where I get lost, where I search for a room I can’t find, corridors I haunt knowing I no longer belong there, or on the contrary, where I return to retrieve something I missed at the time and that I now lack. Sometimes crowded, noisy, full of life. Sometimes silent and dark. They are, in any case, the place where individual destiny meets its most decisive moments – education, choices made for the future – and the discovery of collective life, the happy or painful belonging to the herd.

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  • Mall miraculeux / Miraculous mall

    FRANÇAIS

    Je traverse un quartier de HLM similaire au quartier de l'Allmend et pénètre dans l’un d’eux pour le traverser. Les couloirs sont étroits, un peu bizarres architecturalement, sans que ça n’ait rien de sordide ou de dérangeant. Mais à un moment donné je rebrousse chemin pour me retrouver dans un immense hall, comme dans un centre commercial, similaire au Centre Saint-Sébastien, mais plus vaste encore, avec des commerces et des restaurants – notamment un, avec une terrasse, dont le décor et le mobilier, très boisé et chaleureux, me plaisent, et dont je m'approche pour prendre des photos. Un peu plus loin, près de l’entrée (ou de la sortie, c’est selon) je vois des guichets avec des gens qui se pressent pour payer leurs achats ou pour se faire servir. J’envisage de sortir et vois dans la rue, au loin, une église que j’aimerais visiter ; je l'identifie comme faisant partie de l'une de ces immenses zones de Nancy que je n'ai jamais pris la peine d'explorer mais que je compte désormais découvrir. Je reste néanmoins dans l’immeuble et y déambule, le visite, de plus en plus émerveillé par tout ce qu’il propose en terme de commerces et de services – incluant des logements. Tout le mobilier et la décoration relèvent de l’esthétique des années 70. On dirait que rien n’a changé ici depuis des décennies, et ce côté vieillot me bouleverse, me fait me sentir miraculeusement chez moi. Je rêve d’y emménager et de ne plus en sortir.

    ENGLISH

    I walk through a housing estate neighborhood similar to the Allmend hood and enter one of the buildings to cross it. The corridors are narrow, somewhat odd architecturally, without being sordid or disturbing. But at one point, I turn back and find myself in an immense hall, like a shopping mall, similar to the Centre Saint-Sébastien, but even larger, with shops and restaurants – notably one with a terrace, whose décor and furniture, very wooden and warm, appeal to me, and I approach it to take photos. A little further on, near the entrance (or exit, depending on how you look at it), I see counters with people crowding to pay for their purchases or be served. I consider going outside and spot a church far away in the street that I’d like to visit; I identify it as belonging to one of those vast areas of Nancy I have never bothered to explore but now intend to discover. Yet I remain inside the building and wander around, visiting, increasingly amazed by all it offers in terms of shops and services – including housing. All the furniture and decoration reflect a 1970s aesthetic. It looks like nothing has changed here for decades, and this old-fashioned feel overwhelms me, makes me feel miraculously at home. I dream of moving in and never leaving.

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  • Carnaval / Carnival

    FRANÇAIS

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    (Photos publiées sur le groupe Facebook « Nancy Retro »)

    Quel bonheur, ces façades noircies par la fumée et les bagnoles, ces crépis sales, ce ciel pâle et vide...

    *

    J'ai toujours aimé le carnaval ; pas pour la licence sexuelle ou alcoolique qu'il permet, mais pour les masques eux-mêmes, les déguisements, et je n'ai jamais vraiment compris pourquoi. Peut-être est-ce parce que je ne sais pas déchiffrer les émotions des autres sur leur visage, parce que je ne sais jamais qui exactement ils sont ; et parce que moi-même j'avance masqué, et ai plusieurs vies.

    Et que le carnaval explicite tout ça, qu'il rend impossible le mensonge de l'identité et de la connaissance.

    *

    Un rêve d'il y a un peu moins d'une dizaine d'années :

    Je suis dans une cage d'escalier d'immeuble, obscure sans être spécialement glauque (quelque chose comme l'immeuble où vivait Lætitia à Nancy, en plus vaste). Il y a plusieurs personnes présentes qui descendent les escaliers. Une femme me demande de l'aider car elle a du mal à marcher, à moins qu'elle n'y voie plus rien. Sortis de l'immeuble, nous marchons un peu dans les rues. Je lève les yeux et ai un léger moment d'étonnement en voyant passer dans le ciel un immense bonhomme monté sur des échasses ou des jambes artificielles ; un personnage de carnaval nordique, masqué ou doté d'un visage exagéré, caricatural, en bois et en tissu.

    *

    Le premier rêve que j'ai noté au réveil, dans ma vie – j'étais adolescent – était un rêve carnavalesque :

    Une ville médiévale, toute en ruelles, en passages tortueux. Un magasin de cartes postales. Un saltimbanque, mort, dans une ruelle ; il a été égorgé.

    J'écoutais beaucoup Dead Can Dance à cette époque, et les avais découverts à l'occasion de la sortie de Into the Labyrinth, qui comporte notamment ce morceau :

    In the park we would play when the circus came to town.
    Look! Over here.
    Outside
    The circus gathering
    Moved silently along the rainswept boulevard.
    The procession moves on the shouting is over
    The fabulous freaks are leaving town.
    They are driven by a strange desire
    Unseen by the human eye.
    The carnival is over

    *

    Autant j'ai toujours détesté me déguiser, même enfant, autant le Carnaval a toujours exercé une fascination sur moi ; non pas le Carnaval prosaïque, vulgaire, populaire dans le mauvais sens du terme, qui avait et a toujours cours dans ma ville natale, avec ses beuveries et ses saucisses grillées sur fond de mauvaise variété et les mêmes plaisanteries lourdes sur Sarkozy, Hollande, Macron et le prochain, mais le Carnaval mythique, celui de la littérature, des films, des tableaux et même du jeu vidéo.

    Mon adolescence a été marquée par le jeu de rôle et rapidement les jeux et les scénarios disponibles dans le commerce ou dans Casus Belli ne m'ont plus suffi ; il me fallait inventer mes propres mondes, mes propres histoires, mes propres règles.

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    Et dans mes mondes intérieurs, le Carnaval, les masques, les parades et les défilés, l'aspect cérémoniel et farceur à la fois de tout cela, a toujours tenu une place importante.

    ENGLISH

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    (Photos published on the Facebook group "Nancy Retro")

    What a joy, these smoke-blackened façades and the cars, these grimy stuccos, that pale and empty sky...

    I’ve always loved carnival; not for the sexual or alcoholic license it allows, but for the masks themselves, the costumes, and I’ve never really understood why. Perhaps it’s because I can’t read other people’s emotions on their faces, because I never really know who exactly they are; and because I myself move masked, and lead several lives.

    And carnival makes all that explicit, making impossible the lie of identity and knowledge.

    A dream from a little less than ten years ago:

    I’m in the stairwell of an apartment building, dark without being especially grim (something like the building where Lætitia lived in Nancy, but larger). There are several people present, going down the stairs. A woman asks me to help her because she has trouble walking, or maybe she can’t see well anymore. Once outside the building, we walk a bit through the streets. I look up and have a slight moment of surprise seeing a huge man passing in the sky, mounted on stilts or artificial legs; a character from a northern carnival, masked or with an exaggerated, caricatural face, made of wood and fabric.

    The first dream I ever recorded upon waking, when I was a teenager, was a carnival dream:

    A medieval town, all alleys and winding passages. A postcard shop. A street performer, dead, in an alley; he had been slit throat.

    I listened to a lot of Dead Can Dance back then, and discovered them around the release of Into the Labyrinth, which includes notably this piece:

    In the park we would play when the circus came to town.
    Look! Over here.
    Outside
    The circus gathering
    Moved silently along the rainswept boulevard.
    The procession moves on the shouting is over
    The fabulous freaks are leaving town.
    They are driven by a strange desire
    Unseen by the human eye.
    The carnival is over

    *

    As much as I have always hated dressing up, even as a child, the Carnival has always held a fascination for me; not the prosaic, vulgar, popular Carnival in the worst sense of the word, which took place and still takes place in my hometown, with its binge drinking and grilled sausages set to the backdrop of bad pop music and the same heavy jokes about Sarkozy, Hollande, Macron, and the next one – but the mythical Carnival, the one of literature, films, paintings, and even video games.

    My adolescence was marked by role-playing games, and soon the commercially available games and scenarios in magazines like Casus Belli no longer sufficed; I needed to invent my own worlds, my own stories, my own rules.

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    And in my inner worlds, Carnival, masks, parades and processions, the ceremonial yet mischievous aspect of it all, have always held an important place.

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  • Le Bon Temps / Good times

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    Vague souvenir d'être entré ici avec Sandra, il y a quelques milliers d'années, pour déposer des flyers. Malgré les baies vitrées il y faisait sombre.

    Vague memory of entering here with Sandra, a few thousand years ago, to drop off flyers. Despite the bay windows, it was dark.

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  • Saltimbanque / Street performer

    FRANÇAIS

    Une ville médiévale, toute en ruelles, en passages tortueux. Un magasin de cartes postales. Un saltimbanque, mort, dans une ruelle ; il a été égorgé.

    *

    Première occurrence de la « ville médiévale » (et touristique) qui sera le théâtre de nombreux rêves dans les vingt années suivantes. À l'époque, je n'avais encore visité aucune ville de ce type, à part Strasbourg. Je n'ai visité Sarlat que trois ou quatre ans plus tard. Je suppose que la bande dessinée, les films, les jeux vidéos, m'avaient déjà donné suffisamment de matière.

    Ce rêve était aussi lié à Dead Can Dance ; je les écoutais quotidiennement à l'époque, et l'album Within the Realm of a Dying Sun m'avait donné plusieurs cauchemars. La première chanson avait un effet malsain et voluptueux à la fois sur moi.

    Le magasin de cartes postales me fait penser à SRAM 2. Il y en a un aux abords du château, entre les douves et l'ascenseur qui mène au promontoire d'où l'on peut regarder la campagne, dans toutes les directions.

    Les ruelles tortueuses me font penser à Sarlat. Je n'y avais pas encore été, à l'époque où j'ai fait ce rêve, ni dans aucune ville ressemblante, il me semble, mais il existe de toutes façons (ne serait-ce que par les romans, les BD, les films) un archétype de la vieille ville médiévale rempli de venelles serpentines, qui existe dans la tête de chacun.

    Pourquoi le saltimbanque, je n'en sais rien. Il est vrai que cela fait partie du champ lexical du moyen-âge et de tout ce vieux monde européen.

    ENGLISH

    A medieval town, all narrow alleys and winding passages. A postcard shop. A street performer, dead, in an alley; he has been slashed.

    *

    This is the first occurrence of the "medieval" (and touristic) town that would become the setting of many dreams over the following twenty years. At the time, I had not yet visited any town of this kind, except Strasbourg. I only visited Sarlat three or four years later. I suppose comics, films, and video games had already given me enough material.

    This dream was also linked to Dead Can Dance; I was listening to them daily back then, and the album Within the Realm of a Dying Sun had given me several nightmares. The opening track had an effect that was both unsettling and voluptuous on me.

    The postcard shop reminds me of SRAM 2. There’s one near the castle, between the moats and the elevator that leads to the viewpoint from which you can see the countryside in all directions.

    The winding alleys remind me of Sarlat. I hadn’t been there yet, at the time I had this dream, nor to any similar town, I believe, but there is in any case (whether through novels, comics, or films) an archetype of the old medieval town filled with serpentine lanes that exists in everyone’s mind.

    Why the street performer? I don’t know. It’s true that he belongs to the medieval lexicon and to that whole old European world.

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  • France réelle / Real France

    FRANÇAIS

    La laideur, la vétusté, la grisaille, la rouille, les jardinets à l'agonie, les voitures et la fumée, les bistrots miteux, autant de choses qui constituent le réel, la France qui n'existe quasiment plus que dans les archives de l'INA et qui me hante, entièrement remplacée par un décor touristique qui la parodie et en fait un parc d'attractions, même pour ses habitants. Si la laideur et la tristesse sont le prix à payer pour le réel alors il faut les aimer.

    ENGLISH

    The ugliness, the dilapidation, the greyness, the rust, the dying gardens, the cars and the smoke, the dingy bistros, all these things make up the real, the France that now exists almost exclusively in the INA archives and haunts me, entirely replaced by a tourist décor that parodies it and turns it into an amusement park, even for its inhabitants. If ugliness and sadness are the price to pay for reality, then you have to love them.

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  • Nancy

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  • Match

    FRANÇAIS

    J'entre dans un supermarché (quelque chose de petite taille il me semble, comme le Match autrefois) et vois Catherine, de dos, qui fait ses courses avec un caddie. Elle est toujours aussi belle, avec ses longs cheveux noirs, ébouriffés, sa silhouette attirante. Elle porte une robe sombre, assez moulante, courte. J'ai une bouffée de désir pour elle mais je sais que rien n'arrivera plus jamais entre nous et reste à distance. Le supermarché est vieillot, avec du carrelage blanc, un éclairage au néon, un peu faiblard, tout ça évoque les années 70-80.

    ENGLISH

    I walk into a supermarket (something small, I think, like Match in the old days) and see Catherine, from behind, shopping with a cart. She's as beautiful as ever, with her long, tousled black hair and attractive figure. She's wearing a dark, tight, short dress. I get a whiff of desire for her, but I know that nothing will ever happen between us again, so I keep my distance. The supermarket is old-fashioned, with white tiled floors and dim neon lighting, reminiscent of the 70s and 80s.

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  • Ville intérieure / Inner city

    FRANÇAIS

    Je flirte dans une cage d'escalier avec N. et nous descendons dans un bar / boîte de nuit au sous-sol de l'immeuble dans lequel nous nous trouvons. Il fait agréablement sombre, avec des éclairages artificiels, une ambiance élégante, urbaine. Je réalise ensuite que cet immeuble contient d'autres lieux publics, des commerces, etc. Il est une véritable ville intérieure.

    ENGLISH

    I flirt in a stairwell with N. and we go down to a bar/nightclub in the basement of the building we're in. It's pleasantly dark, with artificial lighting, an elegant, urban ambience. Then I realize that this building contains other public places, shops and so on. It's a veritable inner city.

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  • GPE '94

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  • Quartiers perdus / Lost neighborhoods

    FRANÇAIS

    En voiture (même s'il me semble ne pas voir la voiture elle-même ; fondamentalement je ne suis qu'un regard caméra) seul et/ou avec F. et peut-être encore d'autres personnes, à travers des quartiers de Nancy que je connais mal mais que je me suis décidé à visiter. J'avance vite travers de longues rues en pente, des rues superbes d'immeubles bourgeois, de commerces, d'hôtels, d'administrations, de tout ce qui fait une ville ; c'est vivant, plein de monde, sans être oppressant. À cette vitesse je devine plus que je ne contemple les choses, mais c'est très agréable d'être au cœur du monde et de découvrir de nouvelles rues, de nouvelles choses.

    ENGLISH

    By car (though I don’t seem to actually see the car itself; basically I’m just a camera’s gaze), alone and/or with F. and maybe others, I drive through parts of Nancy I barely know but have decided to explore. I move fast along long sloping streets, streets lined with elegant bourgeois buildings, shops, hotels, administrative offices – everything that makes a city; it’s lively, full of people, without feeling oppressive. At this speed I guess more than I truly take in the details, but it’s very pleasant to be at the heart of the world and to discover new streets, new things.

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  • Coulisses (2006) / Backstage (2006)

    FRANÇAIS

    Je n'ai qu'une envie, me perdre. Un pont métallique anonyme m'amène vers des rues inconnues, banales et presque vides, où je longe des arrières d'immeubles et d'administrations, les coulisses de la ville en quelque sorte ; des lieux qui ne sont appelées à jouer aucun rôle dans ma vie et qui m’attirent pour cette raison. Plus loin : des immeubles bourgeois cachés derrière de hauts arbres. Une petite rue ombragée, discrète ; pendant une seconde je crois être à nouveau à Paris, dans les rues qui bordaient notre appartement de la rue Auguste Laurent, et sans raison compréhensible à moi-même, soudain je me sens bien, totalement perméable, traversé en permanence, au moindre stimulus visuel, sonore, olfactif, par des émotions, des souvenirs, des visions paisibles et heureuses, sur lesquelles je n'ai aucun contrôle, et qui semblent n'avoir aucune cohérence, ne dessiner aucun moi, et cela me libère. Je vois une fille sortir d'un immeuble, marcher vers sa propre vie.

    ENGLISH

    I have only one desire: to get lost. An anonymous metal bridge leads me toward unfamiliar, ordinary, almost empty streets, where I pass along the backs of apartment buildings and government offices – the city’s backstage, so to speak; places destined to play no role in my life, and for that reason they draw me in. Further on: bourgeois buildings hidden behind tall trees. A small, shaded, discreet street; for a second, I think I’m back in Paris, on the streets near our apartment on rue Auguste Laurent, and without any reason I can understand, suddenly I feel good, completely permeable, continuously flooded – at the slightest visual, auditory, or olfactory stimulus – by emotions, memories, peaceful and happy visions over which I have no control and which seem to have no coherence, to sketch no self, and that frees me. I see a girl come out of a building, walking toward her own life.

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  • Somnambule en larmes / Sleepwalker in tears (2005)

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    FRANÇAIS

    Elle est à Nancy et nous repassons devant le 29 rue de la Source. J'émets l'idée de sonner chez quelqu'un, au hasard, et de faire des photos dans la cour intérieure, où aucun de nous deux n'est entré depuis des années. C'est excitant comme une plaisanterie de gosses : faire toutes les sonnettes et attendre qu'on nous ouvre. Après plusieurs essais infructueux, nous obtenons enfin une réponse et entrons. Dès le sombre couloir du premier corps de bâtiment, elle passe des rires aux sanglots ; derrière l'aspect anodin de cette petite excursion se joue quelque chose de beaucoup plus profond et douloureux, et je lui suis presque reconnaissant de verser ces larmes. Moi je n'y arrive pas, ou alors à des moments incongrus, inopportuns. Les murs étaient blancs à l’époque – ils ont été repeints. Les volets de son ancien appartement sont fermés. Nous sonnons mais personne n'ouvre. La cage d'escalier est déserte, il n'y a aucun bruit, aucune odeur. C'est un moment curieusement douloureux et excitant à la fois ; je prends des photos sans arrêt, des lieux et d'elle qui y avance comme une somnambule en larmes, et je me sens extérieur à tout cela, pur voyeur de sa tristesse, protégé par l'écran que forme l'objectif entre le monde et moi.

    ENGLISH

    She is in Nancy, and we pass again by 29 rue de la Source. I suggest ringing someone’s doorbell at random, and taking photos in the inner courtyard, where neither of us has set foot for years. It feels like a childish prank: ringing all the bells and waiting for someone to answer. After several unsuccessful attempts, we finally get a response and enter. From the dim hallway of the first building, her laughter turns into sobs; beneath the seemingly innocent nature of this little outing lies something much deeper and more painful, and I am almost grateful to her for shedding these tears. I can’t manage it, or only at awkward, inconvenient moments. The walls had been white back then – they’ve been repainted now. The shutters of her old apartment are closed. We ring the bell but no one opens. The stairwell is empty, silent, scentless. It’s a strangely painful yet thrilling moment; I keep taking photos, of the place and of her moving like a sleepwalker in tears, feeling completely outside it all – a pure voyeur of her sadness, protected by the screen the camera lens forms between the world and me.

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  • Voies rapides (2004) / Highways (2004)

    FRANÇAIS

    Je roule sur les voies rapides qui enserrent la ville, trop vite sans doute, avec la sensation d'être sur l'un de ces manèges à sensation de la foire attractive ; le sentiment à la fois oppressant et grisant d'être toujours à deux doigts de me retrouver broyé dans un choc terrible de métal et de verre. À la lumière jaunâtre, malade, du crépuscule, dans les ombres qui s'étirent, les perspectives sont aberrantes. Les maisons, les entrepôts, les jardins ouvriers ont l'air posés au hasard dans le paysage. Tout semble chaotique, invraisemblable et mystérieux comme dans les rêves, et je ne désire rien d'autre.

    ENGLISH

    I’m driving on the highways that encircle the city, probably too fast, with the feeling of being on one of those thrill rides at a fair; the simultaneously oppressive and exhilarating sensation of being always just a hair’s breadth away from being crushed in a terrible collision of metal and glass. In the sickly, yellowish light of dusk, with shadows stretching out, the perspectives are distorted. The houses, warehouses, and allotment gardens look as if they’ve been randomly placed in the landscape. Everything seems chaotic, improbable, and mysterious – like in dreams – and I want nothing else.

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