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inner courtyard

  • La fatigue et la vieillesse (non-daté) / Old age and fatigue (undated)

    FRANÇAIS

    J'entre dans des cours intérieures, des résidences muettes et qui semblent inhabitées. L'humidité et la moisissure mangent le crépi gris, contaminent tout de leur noirceur puante, qui vide le cœur de tout courage. Combien d'étudiants, de jeunes hommes et de jeunes femmes, dans ces murs qui étaient vieux avant même d'avoir été achevés ? Je les imagine au début de leur vie adulte, avec quelque chose sur le visage qui trahit déjà la fatigue et la vieillesse, une  fatigue qui émane des murs et les irradie jusqu'au plus profond de leurs cellules. Eux aussi, vieux avant d'avoir été construits.

    ENGLISH

    I enter inner courtyards, silent residences that seem uninhabited. Dampness and mold eat away at the gray plaster, contaminating everything with their foul blackness, which empties the heart of all courage. How many students, young men and women, within these walls, that were old even before they were finished? I picture them at the beginning of their adult lives, with something on their faces already betraying fatigue and old age, a fatigue that emanates from the walls and irradiates them down to the deepest part of their cells. They too, old before they were built.

    Lien permanent Catégories : Explorations, Nancy, Souvenirs / Memories 0 commentaire Pin it!
  • Jeunesse / Youth

    FRANÇAIS

    Je suis seul dans un couloir d'immeuble, ouvert d'un côté sur une vaste cour intérieure, qui donne sur d'autres couloirs, d'autres logements ouverts, des terrasses, etc. Je regarde particulièrement un minuscule appartement au dernier étage, qui n'est séparé du ciel que par une bâche en plastique. Je me demande comment la personne qui y vit fait quand il pleut, ou en hiver. Peut-être est-ce l'appartement d'une fille que j'ai connue, ou le mien quand j'étais jeune, ou les deux à la fois. Ce décor me renvoie à ma jeunesse, à la notion de solitude, d'inconfort, de pauvreté, de vulnérabilité que j'associe à la jeunesse, à la première expérience de la vie seul, que j'essaie généralement d'oublier, et j'entends mentalement une musique étrange, mélange de bruits parasitaires et d'une voix de cantatrice déformée et dissonante, que j'identifie comme une musique que j'aurais soit écoutée, soit composée, autrefois ; et cette musique m'angoisse, elle est oppressante et malsaine, et elle me renvoie à un dernier souvenir. Le souvenir d'instants de terreur, à la fin de mon adolescence et au début de mes études, où dans un demi-sommeil je sentais une présence mauvaise autour de moi, dans ma chambre, dans mon studio, une présence maléfique que j'oubliais et voulais oublier la plupart du temps, mais dont la conscience me revenait dans l'assoupissement ou au réveil, et c'était alors tout le reste de ma vie qui n'était qu'un rêve.

    ENGLISH

    I am alone in an apartment building hallway, open on one side to a vast inner courtyard, which connects to other hallways, other exposed apartments, terraces, and so on. My gaze is drawn in particular to a tiny apartment on the top floor, separated from the sky only by a plastic tarp. I wonder how the person living there manages when it rains, or in winter. Maybe it's the apartment of a girl I once knew, or mine when I was young – or both at once. This setting brings me back to my youth, to the notion of solitude, discomfort, poverty, vulnerability – things I associate with being young, with the first experience of life alone, something I usually try to forget. And in my mind, I hear a strange kind of music, a mix of static noise and a distorted, dissonant opera singer’s voice. I recognize it as music I once either listened to or composed – and it unsettles me. It’s oppressive and unhealthy, and it brings back one final memory. A memory of moments of terror, at the end of my adolescence and the beginning of my student years, when in a half-sleep I would feel a malevolent presence around me – in my bedroom, in my studio – a dark presence that I would mostly forget, or want to forget, but whose awareness would return to me in drowsiness or upon waking. And then it would seem as if the rest of my life was nothing but a dream.

    Lien permanent Catégories : Récits de rêve / Dreams 0 commentaire Pin it!