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psychogeography

  • Un monde de ruelles / A world of backstreets (2011)

    exploration psychogéographique,être perdu,hébétude,larmes,hortensias

    exploration psychogéographique,être perdu,hébétude,larmes,hortensias

    FRANÇAIS

    Des après-midi entières j'avance hébété dans les rues de quartiers qui me sont inconnus. Le sentiment d'être perdu, de me perdre volontairement, mêlé au choc de la vision de certains immeubles, de certaines ruelles, de certains détails comme des volets rouillés ou des hortensias morts dans un jardinet, me mènent au bord des larmes. Je parle seul avec la conscience que les passants, les automobilistes me voient, mais je crois en leur réalité encore moins qu'en la mienne.

    Je m'enfonce de plus en plus dans un monde toujours plus éloignée du centre et des lieux de vie, un monde de ruelles et d'arrière-cours, d'entrées d'immeuble sordides, de fenêtres opacifiées, de rideaux vieillots et sales, de rouille et d'odeurs de cave, où je peux enfin trouver le repos.

    ENGLISH

    Entire afternoons I wander dazed through the streets of neighborhoods unknown to me. The feeling of being lost – of deliberately losing myself – mixed with the shock of seeing certain buildings, certain alleyways, certain details like rusted shutters or dead hydrangeas in a tiny garden, brings me to the verge of tears. I talk to myself, fully aware that passersby and drivers can see me, but I believe in their reality even less than in my own.

    I sink deeper and deeper into a world ever more removed from the center and from places where life happens  – a world of alleyways and backyards, of sordid building entrances, of clouded windows, faded and dirty curtains, rust and the smell of damp cellars, where I can finally find rest.

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  • Exactement nulle part / Exactly nowhere

    FRANÇAIS

    J'ai récemment été avec France à la fête médiévale qui se tient tous les ans à quelques kilomètres de chez elle. Nous sommes passés en voiture (c'est moi qui conduisais) à travers plusieurs villages sur le trajet, où je n'avais pas remis les pieds depuis cette journée à vider la maison de la grand-mère de L. et dont je n'avais aucun souvenir.

    Il faisait incroyablement beau et France elle-même a fait la réflexion que ça sentait les vacances ; le ciel bleu, la végétation luxuriante, le fait même de rouler en voiture... Je n'avais jamais roulé dans ces communes qui bordent la grande ville, et cela me mettait dans un état mental assez étrange ; c'était comme me retrouver « pour de vrai » dans ces rêves où je marche ou  bien roule seul dans la ville, mais dans une version étrangère, parallèle, inconnue.

    C'était aussi comme revenir dans certains souvenirs, ou revoir une photo ancienne, oubliée, de ma jeunesse, mais en élargissant son cadre aux paysages environnants, et en ayant une chance d'y entrer, de les explorer. Un voyage dans le temps, l'espace, la mémoire.

    Ces villages font partie de ces zones étranges comme il y en a beaucoup autour de la ville, ou plus exactement des non-zones, des non-lieux, juxtapositions incohérentes, comme dans les rêves, de fermes ancestrales bordées par un magasin ACTION ou une pizzéria, et où l'on passe en quelques dizaines de mètres de jardins ouvriers à des tours d'habitation, des maisons Phoenix, des entrepôts, des terrains en friches. On est ni en ville, ni à la campagne, ni dans une zone commerciale ou industrielle. On est précisément, exactement nulle part.

    ENGLISH

    I recently went with France to the medieval fair that takes place every year a few kilometers from her home. We drove there (I was the one driving), passing through several villages along the way – places I hadn't set foot in since that day we emptied L.'s grandmother’s house, and of which I had no memory.

    The weather was unbelievably beautiful, and France herself remarked that it smelled like vacation – the blue sky, the lush vegetation, even just the act of driving... I had never driven through these towns that line the outskirts of the big city, and it put me in a rather strange state of mind. It was like finding myself for real inside those dreams where I’m walking or driving alone through a city – but in a foreign, parallel, unknown version of it.

    It also felt like returning to certain memories, or like seeing an old, long-forgotten photo from my youth – but with the frame widened to include the surrounding landscapes, and the chance to step into them, to explore them. A journey through time, space, and memory.

    These villages are part of those strange zones you find often around the city – or more precisely, non-zones, non-places. Incoherent juxtapositions, like in dreams: ancestral farms next to an ACTION store or a pizza place, where you pass in a matter of meters from community gardens to apartment blocks, prefab houses, warehouses, and overgrown vacant lots. It’s not the city, not the countryside, not a commercial or industrial zone. It’s exactly, precisely nowhere.

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  • Passage Marceau (2012)

    FRANÇAIS

    Je m'enfonce, seul, sous le passage Marceau, à la recherche de ces fameux bains que vantent des enseignes de bois effacées par le temps. Ils ont disparu depuis longtemps, mais je trouve avec soulagement ce que ce genre de passages offre toujours : la semi-pénombre, le silence, et cette odeur d'urine immémoriale qui me transporte immédiatement vers ma plus petite enfance, dans les WC de l'école primaire où je me cachais et attendais que le temps passe. Cette atmosphère unique, inimitable, de pisse et de détergent, est pour moi le symbole même du passé, du froid, de la solitude, d'une tristesse vague mais lancinante, et plus voluptueuse que n'importe quoi d'autre.

    ENGLISH

    I wait for someone to enter or leave, and slip in as soon as possible between two ageless, indifferent students. No guard, no cleaning lady stops me or demands, every few steps, that I justify my presence here. But all the way through, I walk these corridors with the feeling of being a gatecrasher, a stowaway doomed to expulsion and the harshest consequences. A smell of fresh paint still lingers in the silent hallways, as if someone had tried, before I arrived, to cover up what needed hiding, to erase even the most miserable traces left by a few people I once loved. I come across no one. I’ve forgotten the room numbers. I can’t find the kitchen. I’m not even sure which floor I’m on. It’s like in those dreams where I return to the building I grew up in, but everything has changed – the stairwell, the layout of the walls, everything except the silence and the absence of life.

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  • Projet / Project

    FRANÇAIS

    Quel est mon projet dans le cadre ce blog ?

    • Donner une seconde vie – puisque la psychogéographie est très à la mode depuis quelques années et qu'il y a donc un lectorat potentiel – aux humbles notes que j'ai prises tout au long de ma vie au sujet des lieux qu'il m'a été donné de visiter, ponctuellement ou au quotidien, et au sujet des effets que ces lieux ont eu sur mes émotions et mon imaginaire. Le tout éventuellement agrémenté de photographies. Ces lieux sont essentiellement urbains. Je rejette entièrement cette mode néo-primitiviste de la psychogéographie à l'anglaise, obsédée par les pierres et la campagne et tout ce fatras néopaïen à la The Wicker Man recyclé encore et encore depuis les années 70.

    • Utiliser le stock assez important également de récits de rêves que j'ai accumulés en vingt ans, mettant en scène, plus ou moins fidèles, plus ou moins déformés, les lieux de ma vie, les lieux qui me hantent, m'angoissent, me manquent... et qui ont leur place ici.

    • Ce blog ne sera pas un espace où la psychogéographie prétend analyser les racines urbanistiques du mal, ni faire des préconisations, et encore moins dresser le portrait de la société et de la vie telles qu'elles devraient être.

    ENGLISH

    What is my project within the framework of this blog?

    • To give a second life – since psychogeography has been very trendy for a few years now, and there is therefore a potential readership – to the humble notes I have taken throughout my life about the places I have had the chance to visit, whether occasionally or daily, and about the effects those places had on my emotions and imagination. These places are essentially urban. I entirely reject this neo-primitivist fashion of English-style psychogeography, obsessed with stones and the countryside and all that neo-pagan nonsense à la The Wicker Man, recycled over and over since the 1970s.

    • To use the fairly large stock of dream narratives I have accumulated over twenty years, featuring, more or less faithfully, more or less distorted, the places of my life – the places that haunt me, cause me anxiety, that I miss... and which have their place here.

    • This blog will not be a space where psychogeography claims to analyze the urban roots of evil, nor to make recommendations, and even less to portray society and life as they should be.

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