Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Blog

  • Malls & arcades

    FRANÇAIS

    Un correspondant allemand, récemment :

    Mon colocataire  est obsédé par les très vieux centres commerciaux que l'on appelle généralement « arcades » ici ; ils dégagent souvent un sentiment d'abandon, différent de n'importe quel autre type d'endroit. Walter Benjamin a tenté d'écrire un livre gigantesque à leur sujet, qu'il n'a jamais terminé. Le centre commercial moderne est une continuation de ces espaces, et ont été – si je ne me trompe pas – « inventés » dans leur forme moderne par un socialiste qui espérait créer de nouveaux espaces communautaires, des hyper-villes dans le sens positif du terme (je viens de le chercher, il s'appelait Victor Gruen) - la réalisation est allée à l'encontre de l'idéal, mais je crois que l'idéal résonne encore d'une certaine manière dans ces lieux. La fascination qu'ils exercent sur les gens (y compris sur moi) semble prépondérante, et même ceux qui les détestent vocalement me paraissent impressionnés par eux. Et les centres commerciaux qui disparaissent aujourd'hui sous la pression d'Internet ajoutent encore un autre angle - ce qui semblait être l'ultime corruption capitaliste de l'espace est aujourd'hui dévoré par la double transformation capitaliste de l'espace en non-espace : L'interaction devient virtuelle, les espaces où elle se produisait auparavant deviennent des Niemandsland.

    *

    Ma réponse :

    Il y a quelque chose qui me fascine et m'attire dans le fait de vivre entièrement « à l'intérieur », que ce soit dans un endroit délabré et sale comme Kowloon ou dans les luxueuses galeries marchandes des capitales européennes, ou dans les malls à l'américaine – peut-être parce que plus encore qu'une rue dans une ville, c'est un espace entièrement humain, au sens « entièrement artificiel », où la nature n'existe plus du tout, pas même sous la forme du ciel au dessus de nos têtes. Ce sont aussi des lieux clos, délimités, des microcosmes pour le dire autrement, et chaque microcosme est un lieu qui inspire immédiatement des récits possibles, un certain sentiment romanesque ; on se demande quelles histoires peuvent s'y dérouler, quelles relations entre les habitants / personnages, etc. Avec toute l'intensité que la notion de huis-clos apporte à une histoire. C'est ce qui est fascinant dans IGH. Le roman se déroule entièrement dans une tour résidentielle luxueuse et ultramoderne de la fin des années 70, avec des appartements, des magasins, des écoles, des espaces de loisirs, etc. Au début, l'immeuble semble être un microcosme d'une société idéale, mais au fil du temps, des tensions sociales et économiques commencent à apparaître entre les différents étages de l'immeuble, marqués par des classes sociales distinctes : les riches résident dans les étages supérieurs, tandis que les résidents les plus pauvres occupent les étages inférieurs. Au fur et à mesure que l'infrastructure de l'immeuble se détériore et que l'approvisionnement en nourriture et en services devient irrégulier, le chaos s'installe et les habitants, confrontés à l'isolement et à l'effondrement des normes sociales traditionnelles, sombrent dans la violence et la désintégration psychologique. À la fin du roman, ils ont plus ou moins dégénéré en un état préhistorique (perte du langage, cannibalisme, guerres tribales, lutte pour les « femelles », etc.), ce qui signifie que IGH n'est clairement pas un roman réaliste ou une étude sociologique déguisée en roman. Tout cela a bien sûr quelque chose de surréaliste (Ballard a été influencé par ce mouvement) et de métaphorique. Enfant, Ballard a été prisonnier dans un camp japonais, à Shangai, pendant la Seconde Guerre mondiale, et cette expérience (être un enfant seul au milieu d'adultes, dans un microcosme et dans des conditions totalement anormales) a influencé l'ensemble de son œuvre. Par ailleurs, il a également écrit un roman sur un centre commercial : Que notre règne arrive. Je le recommande également.

    *

    J'ai trouvé une version PDF de The Arcades Project de Walter Benjamin pour ceux que cela intéresse.

    *

    Le hasard et / ou la nécessité ont fait que je suis tombé quelques jours après cet échange sur la bande dessinée Revoir Paris de Schuiten et Petters. J'ai été ému aux larmes. Cela m'a rappelé mes propres fantasmes d'adolescence et mes lectures de jeunesse, comme Tardi, qui mettait en scène le vieux Paris, que tout le monde connaît même sans y avoir vécu, et qui est évidemment le seul Paris, le vrai Paris, plus vrai que le Paris d'avant Haussman ou d'après Jacques Chirac. Mais au-delà de ça le choc de cette histoire repose d'une part sur le fait que presque jusqu'à la fin de l'histoire, à chaque fois que l'héroïne s'approche de Paris, elle perd connaissance pour une raison ou une autre et se réveille à nouveau loin du centre. J'ai bien cru qu'elle n'y parviendrait jamais et que « revoir Paris » resterait un fantasme inatteignable, à la You can't go home again.

    D'autre part il y a quelque chose de plus informulable, que j’appellerais la poésie du Temps, à défaut d'un autre terme : cette impression si forte que produit le fait de revoir, dans une fiction ou dans un rêve, un lieu réel, dont le nom, le souvenir, l'identité, sont connues, intimement et collectivement, et qui pourtant se présente sous un visage complètement différent, du fait du passage du temps.

    galerie-vero-dodat.jpg

    L'héroïne de la BD visite, entre autres choses, la galerie Vero-Dodat. Je l'ai visitée moi-même, ainsi que la galerie Colbert et d'autres, avec mes parents, quand ils nous ont emmenés, ma sœur et moi, à Paris, dans notre adolescence. J'avais été fasciné par la statue d'Eurydice au centre de la galerie Colbert, que j'avais prise en photo en me disant que cela ferait une jolie pochette pour une démo de post-punk (ma grande passion musicale alors) et par les vitrines des boutiques très chic, très bourgeoises, mais mystérieuses également, vieillottes, surannées, comme surgies du monde 1900 dont parle Walter Benjamin.

    galerie.jpg

    « La Galerie Véro-Dodat est un passage couvert historique à Paris, France. Elle est située dans le 1er arrondissement, reliant la rue de Jean-Jacques Rousseau et la rue de Croix-des-Petits-Champs. Il a été construit en 1826 1).

    La Galerie Véro-Dodat est construite par deux charcutiers entre la rue Bouloi et la rue de Jean-Jacques Rousseau, entre le Palais Royal et les Halles, en 1826. C'était pendant la dynastie de la restauration des Bourbons au début des années 1800, lorsque les passages couverts ou galeries à Paris étaient de plus en plus populaires. Ils offraient aux riches des endroits chauds et secs pour faire du shopping et dîner les jours de pluie et de boue. À une époque où les rues n'étaient pas encore pavées et où les égouts n'existaient pas, les billards, les bistrots et les bains publics des galeries servaient de terrain de jeu pour les adultes de la classe moyenne émergente. À l'apogée de leur popularité, au milieu du XIXe siècle, on comptait plus de 150 passages. Cependant, avec l'avènement du grand magasin vers 1850, les galeries commencent à décliner. Aujourd'hui, il ne reste que dix-huit passages 2).

    Le Véro-Dodat fut l'un des premiers passages de Paris à être éclairé au gaz en 1830, et l'un des derniers à tomber en décadence. Son déclin a commencé sous le Second Empire avec la disparition des Messageries Laffitte et Gaillard. Classé monument historique le 9 juin 1965, il a été restauré en 1997 pour retrouver sa splendeur néo-classique du XIXe siècle, avec ses élégantes boutiques d'antiquités, d'objets d'art, de livres d'art et d'accessoires de mode.  »

    https://www.altaplana.be/fr/dictionary/galerie-vero-dodat

    ENGLISH

    A German correspondent recently wrote:

    "My roommate is obsessed with very old shopping centers, which are generally called ‘arcades’ here; they often give off a sense of abandonment unlike any other type of place. Walter Benjamin attempted to write a massive book about them, which he never finished. The modern shopping mall is a continuation of these spaces, and was – if I’m not mistaken – 'invented' in its modern form by a socialist who hoped to create new communal spaces, hyper-cities in the positive sense (I just looked it up, his name was Victor Gruen). The result went against the ideal, but I believe the ideal still resonates in some way within these places. The fascination they exert on people (including me) seems pervasive, and even those who loudly claim to hate them still seem impressed by them. And the malls that are now disappearing under the pressure of the Internet add yet another layer – what seemed to be the ultimate capitalist corruption of space is now being devoured by the double capitalist transformation of space into non-space: interaction becomes virtual, and the places where it once occurred become no-man’s-lands."

    And I replied:

    "There’s something that fascinates and attracts me about the idea of living entirely indoors – whether in a decaying and dirty place like Kowloon, or in the luxurious shopping galleries of European capitals, or in American-style malls. Perhaps it’s because even more than a city street, this is an entirely human space, in the sense of being entirely artificial – where nature no longer exists at all, not even as the sky above our heads.

    They are also enclosed places, bounded, microcosms if you will – and every microcosm is a place that immediately inspires possible stories, a kind of romantic feeling; you begin to wonder what kind of stories might unfold there, what relationships between the inhabitants / characters, and so on. With all the intensity that the idea of a closed space brings to a narrative.

    That’s what’s so fascinating about High-Rise. The novel takes place entirely within a luxurious, ultra-modern residential tower from the late 1970s, with apartments, shops, schools, leisure spaces, etc. At first, the building seems like a microcosm of an ideal society, but over time, social and economic tensions start to emerge between the different floors, each marked by a distinct social class: the rich live on the upper floors, while the poorer residents occupy the lower ones. As the building’s infrastructure deteriorates and the supply of food and services becomes erratic, chaos sets in, and the inhabitants – faced with isolation and the breakdown of traditional social norms – descend into violence and psychological disintegration. By the end of the novel, they’ve more or less degenerated into a prehistoric state (loss of language, cannibalism, tribal warfare, struggle over 'females', etc.), which means that High-Rise is clearly not a realistic novel or a sociological study disguised as fiction. It’s something surreal (Ballard was influenced by that movement), and metaphorical.

    As a child, Ballard was imprisoned in a Japanese internment camp in Shanghai during WWII, and that experience – being a child alone among adults, inside a microcosm and in completely abnormal conditions – influenced all his work. He also wrote a novel about a shopping mall: Kingdom Come. I recommend it as well."

    I also found a PDF version of Walter Benjamin’s Arcades Project, for anyone interested.

    Then, by chance or necessity, just a few days after this exchange, I stumbled upon the graphic novel Revoir Paris by Schuiten and Peeters. I was moved to tears. It reminded me of my own teenage fantasies and youthful reading – like Tardi, who depicted the old Paris that everyone knows, even if they’ve never lived there, and which is obviously the only real Paris, the true Paris – truer than the Paris before Haussmann or after Jacques Chirac.

    But beyond that, the shock of this story lies, on one hand, in the fact that almost until the end, every time the heroine gets close to Paris, she loses consciousness for one reason or another, and wakes up far away again. I really thought she’d never make it there – that seeing Paris again would remain an unreachable fantasy, like in You Can’t Go Home Again.

    On the other hand, there’s something harder to put into words – what I would call the poetry of Time, for lack of a better term: that powerful feeling you get when, in fiction or in a dream, you see again a real place whose name, memory, and identity are known – intimately and collectively – and yet it appears in a completely different light, transformed by the passage of time.

    galerie-vero-dodat.jpg

    The heroine of the graphic novel visits, among other places, the Galerie Véro-Dodat. I visited it myself, along with Galerie Colbert and others, with my parents when they took my sister and me to Paris during our teenage years. I had been fascinated by the statue of Eurydice at the center of Galerie Colbert – I even took a photo of it, thinking it would make a nice cover for a post-punk demo (my great musical passion at the time) – and by the display windows of the very chic, very bourgeois shops, which also felt mysterious, old-fashioned, anachronistic, as if they had emerged straight out of the Belle Époque world Walter Benjamin wrote about.

    galerie.jpg

    "Galerie Véro-Dodat is a historic covered passageway in Paris, France. It is located in the 1st arrondissement, connecting Rue Jean-Jacques Rousseau and Rue de Croix-des-Petits-Champs. It was built in 1826.

    The Galerie Véro-Dodat was constructed by two butchers between Rue du Bouloi and Rue Jean-Jacques Rousseau, between the Palais Royal and Les Halles, in 1826. It was during the Bourbon Restoration dynasty in the early 1800s, a time when covered passages or galleries in Paris were becoming increasingly popular. They offered the wealthy warm, dry places to shop and dine on rainy, muddy days. At a time when the streets were still unpaved and sewers did not yet exist, the billiard rooms, cafés, and public baths of the galleries served as playgrounds for the emerging middle class. At the height of their popularity, in the mid-19th century, there were more than 150 passages. However, with the rise of the department store around 1850, the galleries began to decline. Today, only eighteen remain.

    Véro-Dodat was one of the first passages in Paris to be lit by gas in 1830, and one of the last to fall into disuse. Its decline began under the Second Empire with the disappearance of the Laffitte and Gaillard coach services. Classified as a historical monument on June 9, 1965, it was restored in 1997 to regain its 19th-century neoclassical splendor, now housing elegant shops specializing in antiques, art objects, art books, and fashion accessories."

    https://www.altaplana.be/fr/dictionary/galerie-vero-dodat

    Lien permanent Catégories : Blog, Livres et BD / Books and comics, Souvenirs / Memories 0 commentaire Pin it!
  • Carnaval / Carnival

    FRANÇAIS

    Carnaval (1).jpg

    Carnaval (2).jpg

    Carnaval (3).jpg

    Carnaval (4).jpg

    Carnaval (5).jpg

    Carnaval (6).jpg

    (Photos publiées sur le groupe Facebook « Nancy Retro »)

    Quel bonheur, ces façades noircies par la fumée et les bagnoles, ces crépis sales, ce ciel pâle et vide...

    *

    J'ai toujours aimé le carnaval ; pas pour la licence sexuelle ou alcoolique qu'il permet, mais pour les masques eux-mêmes, les déguisements, et je n'ai jamais vraiment compris pourquoi. Peut-être est-ce parce que je ne sais pas déchiffrer les émotions des autres sur leur visage, parce que je ne sais jamais qui exactement ils sont ; et parce que moi-même j'avance masqué, et ai plusieurs vies.

    Et que le carnaval explicite tout ça, qu'il rend impossible le mensonge de l'identité et de la connaissance.

    *

    Un rêve d'il y a un peu moins d'une dizaine d'années :

    Je suis dans une cage d'escalier d'immeuble, obscure sans être spécialement glauque (quelque chose comme l'immeuble où vivait Lætitia à Nancy, en plus vaste). Il y a plusieurs personnes présentes qui descendent les escaliers. Une femme me demande de l'aider car elle a du mal à marcher, à moins qu'elle n'y voie plus rien. Sortis de l'immeuble, nous marchons un peu dans les rues. Je lève les yeux et ai un léger moment d'étonnement en voyant passer dans le ciel un immense bonhomme monté sur des échasses ou des jambes artificielles ; un personnage de carnaval nordique, masqué ou doté d'un visage exagéré, caricatural, en bois et en tissu.

    *

    Le premier rêve que j'ai noté au réveil, dans ma vie – j'étais adolescent – était un rêve carnavalesque :

    Une ville médiévale, toute en ruelles, en passages tortueux. Un magasin de cartes postales. Un saltimbanque, mort, dans une ruelle ; il a été égorgé.

    J'écoutais beaucoup Dead Can Dance à cette époque, et les avais découverts à l'occasion de la sortie de Into the Labyrinth, qui comporte notamment ce morceau :

    In the park we would play when the circus came to town.
    Look! Over here.
    Outside
    The circus gathering
    Moved silently along the rainswept boulevard.
    The procession moves on the shouting is over
    The fabulous freaks are leaving town.
    They are driven by a strange desire
    Unseen by the human eye.
    The carnival is over

    *

    Autant j'ai toujours détesté me déguiser, même enfant, autant le Carnaval a toujours exercé une fascination sur moi ; non pas le Carnaval prosaïque, vulgaire, populaire dans le mauvais sens du terme, qui avait et a toujours cours dans ma ville natale, avec ses beuveries et ses saucisses grillées sur fond de mauvaise variété et les mêmes plaisanteries lourdes sur Sarkozy, Hollande, Macron et le prochain, mais le Carnaval mythique, celui de la littérature, des films, des tableaux et même du jeu vidéo.

    Mon adolescence a été marquée par le jeu de rôle et rapidement les jeux et les scénarios disponibles dans le commerce ou dans Casus Belli ne m'ont plus suffi ; il me fallait inventer mes propres mondes, mes propres histoires, mes propres règles.

    La Ville (10).jpg

    La Ville (30).jpg

    Et dans mes mondes intérieurs, le Carnaval, les masques, les parades et les défilés, l'aspect cérémoniel et farceur à la fois de tout cela, a toujours tenu une place importante.

    ENGLISH

    Carnaval (1).jpg

    Carnaval (2).jpg

    Carnaval (3).jpg

    Carnaval (4).jpg

    Carnaval (5).jpg

    Carnaval (6).jpg

    (Photos published on the Facebook group "Nancy Retro")

    What a joy, these smoke-blackened façades and the cars, these grimy stuccos, that pale and empty sky...

    I’ve always loved carnival; not for the sexual or alcoholic license it allows, but for the masks themselves, the costumes, and I’ve never really understood why. Perhaps it’s because I can’t read other people’s emotions on their faces, because I never really know who exactly they are; and because I myself move masked, and lead several lives.

    And carnival makes all that explicit, making impossible the lie of identity and knowledge.

    A dream from a little less than ten years ago:

    I’m in the stairwell of an apartment building, dark without being especially grim (something like the building where Lætitia lived in Nancy, but larger). There are several people present, going down the stairs. A woman asks me to help her because she has trouble walking, or maybe she can’t see well anymore. Once outside the building, we walk a bit through the streets. I look up and have a slight moment of surprise seeing a huge man passing in the sky, mounted on stilts or artificial legs; a character from a northern carnival, masked or with an exaggerated, caricatural face, made of wood and fabric.

    The first dream I ever recorded upon waking, when I was a teenager, was a carnival dream:

    A medieval town, all alleys and winding passages. A postcard shop. A street performer, dead, in an alley; he had been slit throat.

    I listened to a lot of Dead Can Dance back then, and discovered them around the release of Into the Labyrinth, which includes notably this piece:

    In the park we would play when the circus came to town.
    Look! Over here.
    Outside
    The circus gathering
    Moved silently along the rainswept boulevard.
    The procession moves on the shouting is over
    The fabulous freaks are leaving town.
    They are driven by a strange desire
    Unseen by the human eye.
    The carnival is over

    *

    As much as I have always hated dressing up, even as a child, the Carnival has always held a fascination for me; not the prosaic, vulgar, popular Carnival in the worst sense of the word, which took place and still takes place in my hometown, with its binge drinking and grilled sausages set to the backdrop of bad pop music and the same heavy jokes about Sarkozy, Hollande, Macron, and the next one – but the mythical Carnival, the one of literature, films, paintings, and even video games.

    My adolescence was marked by role-playing games, and soon the commercially available games and scenarios in magazines like Casus Belli no longer sufficed; I needed to invent my own worlds, my own stories, my own rules.

    La Ville (10).jpg

    La Ville (30).jpg

    And in my inner worlds, Carnival, masks, parades and processions, the ceremonial yet mischievous aspect of it all, have always held an important place.

    Lien permanent Catégories : Blog, Carnaval, Récits de rêve / Dreams, Sarreguemines, Souvenirs / Memories 0 commentaire Pin it!
  • France réelle / Real France

    FRANÇAIS

    La laideur, la vétusté, la grisaille, la rouille, les jardinets à l'agonie, les voitures et la fumée, les bistrots miteux, autant de choses qui constituent le réel, la France qui n'existe quasiment plus que dans les archives de l'INA et qui me hante, entièrement remplacée par un décor touristique qui la parodie et en fait un parc d'attractions, même pour ses habitants. Si la laideur et la tristesse sont le prix à payer pour le réel alors il faut les aimer.

    ENGLISH

    The ugliness, the dilapidation, the greyness, the rust, the dying gardens, the cars and the smoke, the dingy bistros, all these things make up the real, the France that now exists almost exclusively in the INA archives and haunts me, entirely replaced by a tourist décor that parodies it and turns it into an amusement park, even for its inhabitants. If ugliness and sadness are the price to pay for reality, then you have to love them.

    Lien permanent Catégories : Blog 0 commentaire Pin it!
  • Limbes / Limbo

    FRANÇAIS

    J'ai commencé hier soir à scanner les négatifs de P. après avoir terminé les diapos. Impression désagréable, en voyant ces vieilles photos des rues de Nancy, ou de mon appartement ou de celui de P. constamment sous-exposées, ne montrant quasiment que des ombres, de retrouver l'ambiance de ces innombrables rêves où je suis seul dans mon studio, dans un ni-jour-ni-nuit où le temps ne passe pas, où il n'y a rien à faire, personne à voir ; des limbes.

    (ces limbes obscures où rien n'arrive jamais sont-elles une image, exagérée à fins pédagogiques par mon esprit, de mon existence ?)

    ENGLISH

    Last night I started scanning P.'s negatives after finishing the slides. I had the unpleasant impression, seeing these old photos of the streets of Nancy, or of my apartment, or of P.'s apartment, constantly underexposed, showing almost nothing but shadows, of rediscovering the atmosphere of those countless dreams in which I'm alone in my studio, in a ni-day-ni-night where time doesn't pass, where there's nothing to do, no one to see; limbo.

    (Is this dark limbo, where nothing ever happens, a pedagogically exaggerated image of my existence?)

    Lien permanent Catégories : Blog, Nancy 0 commentaire Pin it!
  • Retourner dans les villes grises / Returning to the grey cities

    FRANÇAIS

    Quelques précisions et rectifications suite à l'article du site Pays Fantôme au sujet du GPE :

    • L’appellation Groupement Psychogéographique de l'Est n'avait RIEN d'une plaisanterie.

    • Le GPE était largement plus politisé que ne le prétend le "membre" interviewé – que je ne nommerai pas, car balancer n'a jamais été une vertu à mes yeux, mais dont je me permettrai simplement d'affirmer que son implication était très superficielle comparée à d'autres contributeurs qu'il ne daigne même pas évoquer, ni eux, ni leurs activités spécifiques.

    • Je n'ai rien à redire quant à la vision très personnelle du membre M. (appelons-le ainsi par commodité) quant à l'idée de "ville grise". J'aimerais simplement signaler qu'il n'est pas l'auteur de cette expression, qui circulait largement entre nous à l'époque, et qui ne servait qu'à désigner la désolation urbaine qui marquait très largement l'Est, paupérisé et en voie de désindustrialisation, de la France.

    • Je ne nie pas la "démarche viscérale et intimiste" du groupe ou d'une bonne partie de ses membres, me reconnaissant moi-même dans cette description. Néanmoins, encore une fois, pour une partie d'entre nous, la nécessité de comprendre pourquoi les paysages urbains où nous évoluions avaient sur nous un tel effet, en n'esquivant pas les questions politiques et ce que nos villes disent de la volonté de nos maîtres ; le membre M. semble aborder la ville comme un paysage naturel, ou issu du hasard, ou comme dans une pure hallucination dans laquelle se promener en analysant ses propres sentiments. C'est un peu court. 

    • Il est faux d'affirmer que les membres du GPE vivaient essentielles dans des petites et moyennes villes. Encore plus faux d'affirmer que les petites villes et les villages (?) constituaient l'essentiel des explorations.

    • Il est exact que dans ses dernières années, le GPE s'est ouvert à des pratiques comme le jeu vidéo ou le jeu de rôle et que quelques articles ont été rédigés sur, pour ainsi dire, la psychogéographie des mondes imaginaires. Je ne nie pas l'intérêt que cela peut présenter. Mais une phrase comme "explorer le réel était devenu une sorte de jeu en lui-même, une extension de ce que nous vivions dans les jeux vidéo – et vice versa" relève au mieux de la bouffonnerie.

    • Je n'ai jamais eu connaissance à l'époque de ce jeu programmé sur Amstrad CPC (dans les années 90 ?) et je n'exclue pas qu'il puisse s'agir d'un pur canular de la part du membre M.

    • Je n'ai pas d'objection ou de précision à apporter quant à ce qui est dit au sujet du groupe, dont je n'ai pas fait partie mais aux répétitions duquel j'ai assez fréquemment assisté. J'ai la quasi-certitude qu'il existe une deuxième démo, si ce n'est sortie officiellement, au moins enregistrée et distribuée aux membres du groupe ; malheureusement cela fait longtemps que ma collection de cassettes est passée par pertes et profits.

    • J'abonde dans le sens du membre M. lorsqu'il critique la mode actuelle de la psychogéographie anglaise, "marqué par un néo-paganisme un peu grotesque et par la recherche d'un pays de Cocagne auquel se reconnecter". Cet effondrement de la gauche dans les pires régressions infantiles magico-primitivistes est navrant au possible.

    • Je reconnais l'intérêt, au bout du compte, de cette intervention du membre M. mais je tenais à écrire ces quelques lignes pour qu'il soit dit au moins une fois que la description du GPE faite dans cet article est extrêmement subjective, partielle, et doit être lue comme telle. Le membre M. y fait essentiellement son propre portrait.

    ENGLISH

    Some clarifications and corrections following the article on the Pays Fantôme website about the GPE:

    • The name Groupement Psychogéographique de l'Est was in NO WAY a joke.

    • The GPE was far more politicized than the "member" interviewed claims – whom I will not name, since snitching has never been a virtue in my eyes, but I will simply state that his involvement was very superficial compared to other contributors he doesn’t even bother to mention, neither them nor their specific activities.

    • I have no objection to the very personal vision of member M. (let’s call him that for convenience) regarding the idea of a "grey city". I would just like to point out that he is not the originator of this expression, which circulated widely among us at the time, and only served to designate the urban desolation that largely marked the East of France, impoverished and undergoing deindustrialization.

    • I do not deny the "visceral and intimate approach" of the group or a good part of its members, seeing myself reflected in that description. Nevertheless, again, for some of us, the necessity was to understand why the urban landscapes where we evolved had such an effect on us, without evading political questions and what our cities say about the will of our rulers; member M. seems to approach the city as a natural landscape, or a product of chance, or as if in a pure hallucination in which one walks while analyzing one’s own feelings. That is rather shallow.

    • It is false to claim that the members of the GPE essentially lived in small and medium-sized towns. Even more false to claim that small towns and villages (?) formed the bulk of the explorations.

    • It is true that in its later years, the GPE opened up to practices such as video games or role-playing games and that a few articles were written on, so to speak, the psychogeography of imaginary worlds. I do not deny the interest this may hold. But a sentence like "exploring the real had become a kind of game in itself, an extension of what we experienced in video games – and vice versa" is at best buffoonery.

    • I never knew of this game programmed on the Amstrad CPC (in the 90s?) at the time, and I do not exclude that it might be a pure prank by member M.

    • I have no objection or corrections to add about what is said regarding the group, which I was not part of but whose rehearsals I quite frequently attended. I am almost certain there exists a second demo, if not officially released, at least recorded and distributed to the group members; unfortunately my cassette collection has long since been lost or discarded.

    • I agree with member M. when he criticizes the current trend in English psychogeography, "marked by a somewhat grotesque neo-paganism and the search for a land of Cockaigne to reconnect with". This collapse of the left into the worst infantile magico-primitivist regressions is as distressing as it gets.

    • Ultimately, I recognize the interest of member M.’s intervention, but I wanted to write these few lines so that it is said at least once that the description of the GPE made in this article is extremely subjective, partial, and must be read as such. Member M. is essentially painting his own portrait there.

    Lien permanent Catégories : Blog, Liens / Links 0 commentaire Pin it!
  • Marges / Margins (2008)

    nancy (1).JPG

    nancy (2).JPG

    nancy (4).JPG

    FRANÇAIS

    J'ai rendez-vous avec elle ; avec son corps, avec son lit, avec sa chambre obscure, sans fenêtre si ce n'est une verrière étrange au plafond qui laisse filtrer une faible luminescence laiteuse, et les ombres d'innombrables plantes. Quand j'arrive elle n'est pas encore seule et me le fait savoir d'une voix terne, impersonnelle, au téléphone. Alors je tue le temps. Sur l'avenue Leclerc, au crépuscule, déserte, pluvieuse et bleutée, je passe en revue les articles misérables du Diabolino – « tout pour la fête et la jonglerie » – dont l'enseigne lumineuse fatiguée, est presque la seule source de lumière dans la rue. Elle montre un visage de femme, stylisé, qui porte un loup.

    J'avance au hasard, débouche dans de petites rues anonymes ou qui mériteraient de l'être – vagues juxtapositions de HLM et d'immeubles de bureaux, au travers des fenêtres desquels on devine des salles de travail, de réunion, de conférence. Une vie intellectuelle, administrative, scientifique, se joue-là, collectivement, à laquelle je ne prends aucune part, ce qui m'inspire un vague regret. Je photographie des cages d'escaliers, des entrées d'immeubles illuminées. Je ne suis jamais rassasié de portes entrouvertes et de fenêtres sur la vie des autres, sur les détails les plus concrets et les plus banals de leurs vies, auxquels ils ne prêtent aucune attention, mais qui me hantent.

    D'épais nuages métalliques s'amoncellent au-dessus de la ville et cachent le crépuscule rose ; ils ont quelque chose d'indéfinissablement attirant, pourtant, loin de toute menace. L'idée de la pluie apparaît presque voluptueuse.

    Je rejoins le boulevard Jean Jaurès, l'une des voies d'entrée de la ville. Ravivant mon fantasme ancien d'y prendre une chambre d'hôtel, là précisément, à la marge de la ville, où rien ne se passe et où personne ne s'arrête. Certain d'y vivre aussi anonyme et introuvable qu'à l'autre bout du monde.

    Enfin nous nous retrouvons et sortons, quelques heures plus tard, pour marcher alors qu'il pleuviote. La tristesse de ces rues ouvrières étroites et grises, de ces maisons mitoyennes, basses, étroites et grises, et des vies étroites, basses et grises, et révoltantes, qui ne peuvent que s'y dérouler. Le corps se révolte contre cette laideur, cette grisaille dans laquelle on est enfermé comme dans une prison, mais cette révolte avant que d'avoir pu produire de la colère, s'échoue en tristesse. Nous croisons des prostituées à un carrefour. Nous les dépassons pour explorer le quartier de Saurupt. Je la prends en photo sous la pluie et nous rentrons faire l'amour.

    ENGLISH

    I have a rendezvous with her; with her body, with her bed, with her dark room, windowless except for a strange glass canopy in the ceiling that lets in a faint, milky luminescence, and the shadows of countless plants. When I arrive, she’s not yet alone and lets me know in a dull, impersonal voice, over the phone. So I kill time. On Avenue Leclerc, at dusk – deserted, rainy, and bluish – I browse the miserable items of a shop called Diabolino – "everything for parties and juggling" – whose tired neon sign is nearly the only source of light on the street. It shows a stylized woman’s face wearing a mask.

    I wander aimlessly, ending up in small anonymous streets, that deserve to be anonymous – vague juxtapositions of housing projects and office buildings, behind whose windows one can glimpse meeting rooms, workspaces, conference halls. An intellectual, administrative, scientific life plays out there, collectively, one I take no part in, which fills me with a vague regret. I photograph stairwells, the lit-up entrances of apartment blocks. I am never sated with half-open doors and windows into other people’s lives, into the most concrete and banal details of their existence, which they pay no attention to, but which haunt me.

    Heavy metallic clouds gather above the city, hiding the pink dusk; yet they are somehow indescribably alluring, far from threatening. The idea of rain feels almost voluptuous.

    I reach Boulevard Jean Jaurès, one of the main ways into the city. It revives an old fantasy of mine: to take a hotel room there, precisely there, at the city's margins, where nothing happens and no one stops. To live there as anonymously and untraceably as at the far end of the world.

    Finally, we meet up and go out a few hours later to walk in the drizzle. The sadness of these narrow, gray working-class streets, these low, narrow, gray terraced houses, and the narrow, low, gray, revolting lives that can only be lived there. The body rebels against this ugliness, this grayness in which we are locked up like in a prison, but this rebellion, before it can produce anger, ends in sadness. We see prostitutes at a crossroads. We walk past them to explore the Saurupt neighborhood. I take a picture of her in the rain and we go home to make love.

    Lien permanent Catégories : Blog, Explorations, Nancy 0 commentaire Pin it!
  • Rue de Maréville

    FRANÇAIS

    J'ai réalisé quelque chose cette semaine : le rêve est plus réel que la veille. La vie diurne, la vie quotidienne, la vie réputée réelle, est qui objectivement est évidemment réelle, ne paraît pourtant pas réelle ; elle a l'air d'un rêve cotonneux, répétitif, grisâtre, où rien n'a vraiment d'importance ou de poids, tant nous sommes pris dans des habitudes, des automatismes, des situations stéréotypées qui ne demandent aucune attention véritable ; dans une pauvreté d'existence ; et nous nous perdons dans des rêveries, des fantasmes, des projets, des fictions, du matin au soir, pour échapper à cela.

    À l'inverse, dans les rêves, on ne rêvasse pas : on est bien là, on est attentif, on expérimente le monde dans toute sa réalité, toute son intensité. Les décors, les objets, les gens, les situations. On vit l'instant en pleine conscience.

    Cela m'a fait penser à cette expérience récente alors que j'étais en voiture avec France vers ce bar où avait lieu une soirée. Nous étions passés, juste après la tombée de la nuit, dans cette longue rue de Maréville, discrète, paisible, qui va de Laxou à Nancy, et où l'on ne s'arrête pas si l'on a rien à y faire ; un pur lieu de passage auquel on ne prête habituellement pas attention. Elle était peu éclairée et j'avais eu l'impression d'être entré dans une zone étrange, délabrée, désertée, anarchique, une bulle de calme entourée de larges boulevards et de voies rapides.

    Les maisons de ville aux crépis sales, noircis par le temps et la fumée, ou aux couleurs brunâtres, terreuses, m'avaient rappelé la campagne et évoqué, comme toujours, les photos sépia, le passé, la terre meuble d'une tombe. Ces maisons étaient parfois à moitié cachées au fond de petits jardins, ou derrière des murets de béton comme chez mes grands-parents quand j'étais enfant.

    Des parkings sauvages et des terrains vagues, herbeux, abandonnés, entre des maisons de ville – un gâchis d'espace proprement miraculeux à notre époque d'optimisation forcenée.

    Même les résidences neuves, modernes, au sens hideux du terme, avaient quelque chose de confortable, bordélique, accueillant, comme le reste de la rue. Les balcons étaient encombrés de plantes vertes, de parasols, de mobilier de jardins, j'avais eu l'impression de retrouver le bric à brac de mon enfance, chez mes parents ou ma grand-mère maternelle.

    La dernière chose qui m'avait marqué était ce vieil homme assis en train de lire, parfaitement visible à travers une baie vitrée, à un quelconque étage d'un immeuble moderne – peut-être un EHPAD, d'ailleurs. Le contraste entre l'obscurité presque totale de la rue où nous passions en voiture et la chaleur, la lumière, la paix qui régnait derrière cette vitre, m'avait saisi.

    Il faudrait réussir à reproduire à volonté cette expérience mentale d'attention aiguë, de sensibilité exacerbée à l'environnement, cette impression de réel.

    ENGLISH

    I realised something this week: dream is more real than being awake. Day‑time life, everyday life – the life we agree is "real" and which, objectively, obviously is real – doesn’t feel real; it resembles a fuzzy, repetitive, greyish dream in which nothing truly matters or carries weight, because we’re trapped in habits, automatisms, stereotyped situations that demand no genuine attention, trapped in the poverty of mere existence. From morning till night we lose ourselves in daydreams, fantasies, plans, fictions, just to escape it.

    By contrast, in dreams we don’t drift – we are fully present, alert, experiencing the world in all its reality and intensity: the settings, the objects, the people, the situations. We live the moment in complete awareness.

    It reminded me of a recent moment when I was in the car with France heading to a bar for an evening out. Just after nightfall we drove down that long Rue de Maréville – quiet, discreet, running from Laxou to Nancy – where you never stop unless you have business there, a pure passageway that usually draws no notice. Dimly lit, it felt as though I had entered a strange, dilapidated, deserted, anarchic zone, a bubble of calm surrounded by wide boulevards and expressways.

    The townhouses, their stucco façades grimy, blackened by time and smoke, or painted in brownish, earthy tones, reminded me of the countryside and evoked, as always, sepia photographs, the past, the loose soil of a grave. Some houses were half‑hidden at the back of small gardens or behind concrete walls like the ones at my grandparents’ when I was a child.

    There were informal parking lots and grassy, abandoned vacant lots between the houses – a positively miraculous waste of space in our age of relentless optimisation.

    Even the new, "modern" apartment blocks – in the ugliest sense of the word – had something comfortable, messy, welcoming about them, like the rest of the street. Balconies were heaped with green plants, parasols, garden furniture; I felt I had recovered the jumble of my childhood, at my parents’ place or my maternal grandmother’s.

    The last thing that struck me was an old man sitting and reading, perfectly visible through a picture window on one of the upper floors of a modern building – perhaps a care home. The contrast between the almost total darkness of the street we were driving along and the warmth, the light, the peace that reigned behind that pane shook me.

    If only one could summon at will that mental state of keen attention, of heightened sensitivity to one’s surroundings, that impression of the real.

    Lien permanent Catégories : Blog, Explorations, Nancy, Trajets en voiture / Car rides 0 commentaire Pin it!
  • Projet / Project

    FRANÇAIS

    Quel est mon projet dans le cadre ce blog ?

    • Donner une seconde vie – puisque la psychogéographie est très à la mode depuis quelques années et qu'il y a donc un lectorat potentiel – aux humbles notes que j'ai prises tout au long de ma vie au sujet des lieux qu'il m'a été donné de visiter, ponctuellement ou au quotidien, et au sujet des effets que ces lieux ont eu sur mes émotions et mon imaginaire. Le tout éventuellement agrémenté de photographies. Ces lieux sont essentiellement urbains. Je rejette entièrement cette mode néo-primitiviste de la psychogéographie à l'anglaise, obsédée par les pierres et la campagne et tout ce fatras néopaïen à la The Wicker Man recyclé encore et encore depuis les années 70.

    • Utiliser le stock assez important également de récits de rêves que j'ai accumulés en vingt ans, mettant en scène, plus ou moins fidèles, plus ou moins déformés, les lieux de ma vie, les lieux qui me hantent, m'angoissent, me manquent... et qui ont leur place ici.

    • Ce blog ne sera pas un espace où la psychogéographie prétend analyser les racines urbanistiques du mal, ni faire des préconisations, et encore moins dresser le portrait de la société et de la vie telles qu'elles devraient être.

    ENGLISH

    What is my project within the framework of this blog?

    • To give a second life – since psychogeography has been very trendy for a few years now, and there is therefore a potential readership – to the humble notes I have taken throughout my life about the places I have had the chance to visit, whether occasionally or daily, and about the effects those places had on my emotions and imagination. These places are essentially urban. I entirely reject this neo-primitivist fashion of English-style psychogeography, obsessed with stones and the countryside and all that neo-pagan nonsense à la The Wicker Man, recycled over and over since the 1970s.

    • To use the fairly large stock of dream narratives I have accumulated over twenty years, featuring, more or less faithfully, more or less distorted, the places of my life – the places that haunt me, cause me anxiety, that I miss... and which have their place here.

    • This blog will not be a space where psychogeography claims to analyze the urban roots of evil, nor to make recommendations, and even less to portray society and life as they should be.

    Lien permanent Catégories : Blog 0 commentaire Pin it!