FRANÇAIS
Quelques précisions et rectifications suite à l'article du site Pays Fantôme au sujet du GPE :
• L’appellation Groupement Psychogéographique de l'Est n'avait RIEN d'une plaisanterie.
• Le GPE était largement plus politisé que ne le prétend le "membre" interviewé – que je ne nommerai pas, car balancer n'a jamais été une vertu à mes yeux, mais dont je me permettrai simplement d'affirmer que son implication était très superficielle comparée à d'autres contributeurs qu'il ne daigne même pas évoquer, ni eux, ni leurs activités spécifiques.
• Je n'ai rien à redire quant à la vision très personnelle du membre M. (appelons-le ainsi par commodité) quant à l'idée de "ville grise". J'aimerais simplement signaler qu'il n'est pas l'auteur de cette expression, qui circulait largement entre nous à l'époque, et qui ne servait qu'à désigner la désolation urbaine qui marquait très largement l'Est, paupérisé et en voie de désindustrialisation, de la France.
• Je ne nie pas la "démarche viscérale et intimiste" du groupe ou d'une bonne partie de ses membres, me reconnaissant moi-même dans cette description. Néanmoins, encore une fois, pour une partie d'entre nous, la nécessité de comprendre pourquoi les paysages urbains où nous évoluions avaient sur nous un tel effet, en n'esquivant pas les questions politiques et ce que nos villes disent de la volonté de nos maîtres ; le membre M. semble aborder la ville comme un paysage naturel, ou issu du hasard, ou comme dans une pure hallucination dans laquelle se promener en analysant ses propres sentiments. C'est un peu court.
• Il est faux d'affirmer que les membres du GPE vivaient essentielles dans des petites et moyennes villes. Encore plus faux d'affirmer que les petites villes et les villages (?) constituaient l'essentiel des explorations.
• Il est exact que dans ses dernières années, le GPE s'est ouvert à des pratiques comme le jeu vidéo ou le jeu de rôle et que quelques articles ont été rédigés sur, pour ainsi dire, la psychogéographie des mondes imaginaires. Je ne nie pas l'intérêt que cela peut présenter. Mais une phrase comme "explorer le réel était devenu une sorte de jeu en lui-même, une extension de ce que nous vivions dans les jeux vidéo – et vice versa" relève au mieux de la bouffonnerie.
• Je n'ai jamais eu connaissance à l'époque de ce jeu programmé sur Amstrad CPC (dans les années 90 ?) et je n'exclue pas qu'il puisse s'agir d'un pur canular de la part du membre M.
• Je n'ai pas d'objection ou de précision à apporter quant à ce qui est dit au sujet du groupe, dont je n'ai pas fait partie mais aux répétitions duquel j'ai assez fréquemment assisté. J'ai la quasi-certitude qu'il existe une deuxième démo, si ce n'est sortie officiellement, au moins enregistrée et distribuée aux membres du groupe ; malheureusement cela fait longtemps que ma collection de cassettes est passée par pertes et profits.
• J'abonde dans le sens du membre M. lorsqu'il critique la mode actuelle de la psychogéographie anglaise, "marqué par un néo-paganisme un peu grotesque et par la recherche d'un pays de Cocagne auquel se reconnecter". Cet effondrement de la gauche dans les pires régressions infantiles magico-primitivistes est navrant au possible.
• Je reconnais l'intérêt, au bout du compte, de cette intervention du membre M. mais je tenais à écrire ces quelques lignes pour qu'il soit dit au moins une fois que la description du GPE faite dans cet article est extrêmement subjective, partielle, et doit être lue comme telle. Le membre M. y fait essentiellement son propre portrait.
ENGLISH
Some clarifications and corrections following the article on the Pays Fantôme website about the GPE:
• The name Groupement Psychogéographique de l'Est was in NO WAY a joke.
• The GPE was far more politicized than the "member" interviewed claims – whom I will not name, since snitching has never been a virtue in my eyes, but I will simply state that his involvement was very superficial compared to other contributors he doesn’t even bother to mention, neither them nor their specific activities.
• I have no objection to the very personal vision of member M. (let’s call him that for convenience) regarding the idea of a "grey city". I would just like to point out that he is not the originator of this expression, which circulated widely among us at the time, and only served to designate the urban desolation that largely marked the East of France, impoverished and undergoing deindustrialization.
• I do not deny the "visceral and intimate approach" of the group or a good part of its members, seeing myself reflected in that description. Nevertheless, again, for some of us, the necessity was to understand why the urban landscapes where we evolved had such an effect on us, without evading political questions and what our cities say about the will of our rulers; member M. seems to approach the city as a natural landscape, or a product of chance, or as if in a pure hallucination in which one walks while analyzing one’s own feelings. That is rather shallow.
• It is false to claim that the members of the GPE essentially lived in small and medium-sized towns. Even more false to claim that small towns and villages (?) formed the bulk of the explorations.
• It is true that in its later years, the GPE opened up to practices such as video games or role-playing games and that a few articles were written on, so to speak, the psychogeography of imaginary worlds. I do not deny the interest this may hold. But a sentence like "exploring the real had become a kind of game in itself, an extension of what we experienced in video games – and vice versa" is at best buffoonery.
• I never knew of this game programmed on the Amstrad CPC (in the 90s?) at the time, and I do not exclude that it might be a pure prank by member M.
• I have no objection or corrections to add about what is said regarding the group, which I was not part of but whose rehearsals I quite frequently attended. I am almost certain there exists a second demo, if not officially released, at least recorded and distributed to the group members; unfortunately my cassette collection has long since been lost or discarded.
• I agree with member M. when he criticizes the current trend in English psychogeography, "marked by a somewhat grotesque neo-paganism and the search for a land of Cockaigne to reconnect with". This collapse of the left into the worst infantile magico-primitivist regressions is as distressing as it gets.
• Ultimately, I recognize the interest of member M.’s intervention, but I wanted to write these few lines so that it is said at least once that the description of the GPE made in this article is extremely subjective, partial, and must be read as such. Member M. is essentially painting his own portrait there.