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pauvreté

  • Poulbots / Street urchins

    FRANÇAIS

    Je feuillette un classeur aux pages vieilles et un peu gondolées par l'humidité, dans lequel j'ai envie de me remettre à écrire, comme quand j'étais adolescent. Je me rends compte au bout d'un moment qu'il contient, en plus des feuilles vierges, des pochettes plastiques contenant des pages déjà écrites ; notes pour des jeux de rôles datant du collège, dessins, ébauches de cartes du Tarot que j'avais inventées – notamment une carte montrant un décor de quartier misérable et sordide, où des visages d'enfants, poulbots des rues, en plus dangereux, plus sombres, s'affichent dans le ciel.

    ENGLISH

    I’m flipping through a binder with old, slightly warped pages from the humidity – something I feel like writing in again, like I used to when I was a teenager. After a while, I realize that, in addition to the blank sheets, it also holds plastic sleeves containing pages I had already filled: notes for role-playing games from middle school, drawings, rough drafts of Tarot cards I had invented – one of them depicting a bleak, run-down neighborhood, with the faces of children hovering in the sky: street urchins, like darker, more menacing versions of Montmartre’s poulbots.

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  • Jeunesse / Youth

    FRANÇAIS

    Je suis seul dans un couloir d'immeuble, ouvert d'un côté sur une vaste cour intérieure, qui donne sur d'autres couloirs, d'autres logements ouverts, des terrasses, etc. Je regarde particulièrement un minuscule appartement au dernier étage, qui n'est séparé du ciel que par une bâche en plastique. Je me demande comment la personne qui y vit fait quand il pleut, ou en hiver. Peut-être est-ce l'appartement d'une fille que j'ai connue, ou le mien quand j'étais jeune, ou les deux à la fois. Ce décor me renvoie à ma jeunesse, à la notion de solitude, d'inconfort, de pauvreté, de vulnérabilité que j'associe à la jeunesse, à la première expérience de la vie seul, que j'essaie généralement d'oublier, et j'entends mentalement une musique étrange, mélange de bruits parasitaires et d'une voix de cantatrice déformée et dissonante, que j'identifie comme une musique que j'aurais soit écoutée, soit composée, autrefois ; et cette musique m'angoisse, elle est oppressante et malsaine, et elle me renvoie à un dernier souvenir. Le souvenir d'instants de terreur, à la fin de mon adolescence et au début de mes études, où dans un demi-sommeil je sentais une présence mauvaise autour de moi, dans ma chambre, dans mon studio, une présence maléfique que j'oubliais et voulais oublier la plupart du temps, mais dont la conscience me revenait dans l'assoupissement ou au réveil, et c'était alors tout le reste de ma vie qui n'était qu'un rêve.

    ENGLISH

    I am alone in an apartment building hallway, open on one side to a vast inner courtyard, which connects to other hallways, other exposed apartments, terraces, and so on. My gaze is drawn in particular to a tiny apartment on the top floor, separated from the sky only by a plastic tarp. I wonder how the person living there manages when it rains, or in winter. Maybe it's the apartment of a girl I once knew, or mine when I was young – or both at once. This setting brings me back to my youth, to the notion of solitude, discomfort, poverty, vulnerability – things I associate with being young, with the first experience of life alone, something I usually try to forget. And in my mind, I hear a strange kind of music, a mix of static noise and a distorted, dissonant opera singer’s voice. I recognize it as music I once either listened to or composed – and it unsettles me. It’s oppressive and unhealthy, and it brings back one final memory. A memory of moments of terror, at the end of my adolescence and the beginning of my student years, when in a half-sleep I would feel a malevolent presence around me – in my bedroom, in my studio – a dark presence that I would mostly forget, or want to forget, but whose awareness would return to me in drowsiness or upon waking. And then it would seem as if the rest of my life was nothing but a dream.

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