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Dans les villes grises / In the grey cities - Page 4

  • Bistrot


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  • Passé Présent

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  • Baies vitrées / Large windows

    FRANÇAIS

    J’emménage dans un appartement minuscule et vieillot, entièrement fait de baies vitrées, en haut d’un petit escalier, le tout en façade d’immeuble dans une grande rue, comme la rue Saint Jean à Nancy. On entre pas avec une clé mais avec une carte magnétique qu’on passe dans un lecteur, comme à l’hôtel. Ce système me laisse un peu perplexe et m’inquiète vaguement, ne me semblant pas très fiable. Je découvre les lieux avec la femme de l’agence immobilière, comme pour la première fois, alors que ce n’est pas une visite ; je vais bel et bien y habiter. Ensuite je parle avec une ancienne locataire, essayant de lui poser des questions sur ce système de carte magnétique, mais ses réponses sont vagues, évasives voire sans rapport avec ce que je lui demande, comme si elle était trop perturbée par quelque chose pour se concentrer sur le sujet. Un peu plus tard encore je vois une petite fête, ou un genre de cocktail, devant mon appartement, sur une plateforme de béton – comme si mon appartement n’était plus au même endroit qu’avant, mais installé maintenant sur un grand escalier de béton avec des rambardes métalliques, comme une loge de concierge, entre deux étages et en extérieur, ou avant d’arriver à l’entrée d’un immeuble.

    Je déambule un peu dans mon nouvel appartement, qui est maintenant meublé, sans qu’il soit très clairement défini si ce sont mes meubles, ou des meubles qui étaient déjà là – en tous cas ils sont vieillots, type buffet massif en bois sombre, comme chez mes grands parents, enfant, et encore une fois c’est un décor dans lequel je me sens bien et me réjouis de vivre désormais. L’appartement est petit mais tout est beau et semble à sa place. La lumière est celle d’un beau coucher de soleil. Je vois dans la cuisine (la seule pièce séparée du reste par des cloisons, et où sont installées des tables qui ressemblent à celles de la cafétéria du CORA) les restes de repas et de vaisselle sale des occupants précédents, comme s’ils venaient de partir, mais cela ne me choque pas.

    ENGLISH

    I move into a tiny, old-fashioned apartment, whose walls are made entirely of large glass panels, at the top of a small staircase, all facing the front of a building on a busy street – something like Rue Saint Jean in Nancy. You don’t enter with a key but with a magnetic card that you swipe through a reader, like in a hotel. This system leaves me a bit perplexed and vaguely uneasy, as it doesn’t seem very reliable. I explore the place with the woman from the real estate agency, as if for the first time, even though it’s not a visit – I’m really going to live there. Then I talk to a former tenant, trying to ask her questions about the magnetic card system, but her answers are vague, evasive, or even unrelated to what I’m asking, as if she’s too disturbed by something to focus on the topic.

    A little later, I see a small party, or some kind of cocktail event, in front of my apartment, on a concrete platform – as if my apartment had moved from its original place and was now set on a large concrete staircase with metal railings, like a concierge’s lodge, between two floors and outside, or just before entering a building.

    I wander a bit in my new apartment, which is now furnished, though it’s not clear whether the furniture is mine or was already there – in any case, it’s old-fashioned, like a massive dark wooden sideboard, reminiscent of my grandparents’ house when I was a child. Once again, it’s a setting where I feel comfortable and happy to live. The apartment is small but everything is beautiful and seems to be in its place. The light is that of a beautiful sunset. I see in the kitchen (the only room separated from the rest by walls, and where tables that look like those from the CORA cafeteria are installed) leftovers and dirty dishes from previous occupants, as if they had just left – but this doesn’t bother me.

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  • Travaux / Works


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  • La rentrée / Back to school (1992)

    FRANÇAIS

    J'ai toujours aimé l'ambiance de la Rentrée, quand j'étais au lycée. La grisaille et la nuit qui tombe vite, le traditionnel rendez-vous pneumologique à Forbach, le petit tour au ALDI, l'achat de fournitures, mais aussi de sucreries de Noël (déjà) et de cette boisson maltée allemande que j'adorais. J’ai un certain nombre de souvenirs comme ça, seul avec ma mère, dans des supermarchés aux alentours de Forbach, Saint-Avold, etc, où nous n’allions jamais le reste du temps.

    ENGLISH

    I've always loved the back-to-school atmosphere when I was in high school. The greyness and the fast-falling night, the traditional pneumological appointment in Forbach, the little trip to ALDI, buying supplies, but also Christmas sweets (already) and that German malt drink I loved. I have a number of memories like that, alone with my mother, in supermarkets around Forbach, Saint-Avold, etc., where we never went the rest of the time.

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  • Exil / Exile (2012)

    FRANÇAIS

    Une rue sinistre, qu'on dirait abandonnée et inhabitée depuis une quelconque guerre. Partout, de vieux volets métalliques perpétuellement fermés. Les barreaux aux fenêtres des rez-de-chaussée évoquent des images de prisons, d'internats vieillots et humides, de jeunesse inconfortable et triste.

    Sigrid vivait là, et c'était le décor parfait pour son exil intérieur dans la pauvreté et l'humiliation, dont je me demandais à quel degré il était volontaire. Pour arriver à son appartement il fallait emprunter, à travers des couloirs étroits et mal éclairés, un trajet tortueux qui donnait l'impression de s'enfoncer dans des bas-fonds secrets ; un labyrinthe invisible depuis la rue, menant à des enfers privés, insoupçonnables.

    J'ai gardé, au fil des années, ses adresses successives dans un répertoire. Elles forment un pauvre itinéraire, peu parlant, mais qui comme les numéros de téléphone ou les bribes de conversation dans un dossier d'archives, sont les seules choses tangibles auxquelles je puisse me raccrocher.

    ENGLISH

    A grim street, seemingly abandoned and uninhabited since some forgotten war. Everywhere, old metal shutters permanently closed. The bars on the ground-floor windows evoked images of prisons, of damp, outdated boarding schools, of an uncomfortable and sorrowful youth.

    Sigrid lived there, and it was the perfect setting for his inner exile into poverty and humiliation, the degree to which it was voluntary I often wondered. To reach his apartment, you had to follow a tortuous path through narrow, poorly lit corridors, giving the impression of descending into hidden depths; an invisible labyrinth from the street, leading to private, unsuspected hells.

    Over the years, I kept his successive addresses in a notebook. They form a poor itinerary, scarcely meaningful, but like old phone numbers or scraps of conversation in an archive file, they are the only tangible things I have left to hold on to.

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  • Rue de Maréville

    FRANÇAIS

    J'ai réalisé quelque chose cette semaine : le rêve est plus réel que la veille. La vie diurne, la vie quotidienne, la vie réputée réelle, est qui objectivement est évidemment réelle, ne paraît pourtant pas réelle ; elle a l'air d'un rêve cotonneux, répétitif, grisâtre, où rien n'a vraiment d'importance ou de poids, tant nous sommes pris dans des habitudes, des automatismes, des situations stéréotypées qui ne demandent aucune attention véritable ; dans une pauvreté d'existence ; et nous nous perdons dans des rêveries, des fantasmes, des projets, des fictions, du matin au soir, pour échapper à cela.

    À l'inverse, dans les rêves, on ne rêvasse pas : on est bien là, on est attentif, on expérimente le monde dans toute sa réalité, toute son intensité. Les décors, les objets, les gens, les situations. On vit l'instant en pleine conscience.

    Cela m'a fait penser à cette expérience récente alors que j'étais en voiture avec France vers ce bar où avait lieu une soirée. Nous étions passés, juste après la tombée de la nuit, dans cette longue rue de Maréville, discrète, paisible, qui va de Laxou à Nancy, et où l'on ne s'arrête pas si l'on a rien à y faire ; un pur lieu de passage auquel on ne prête habituellement pas attention. Elle était peu éclairée et j'avais eu l'impression d'être entré dans une zone étrange, délabrée, désertée, anarchique, une bulle de calme entourée de larges boulevards et de voies rapides.

    Les maisons de ville aux crépis sales, noircis par le temps et la fumée, ou aux couleurs brunâtres, terreuses, m'avaient rappelé la campagne et évoqué, comme toujours, les photos sépia, le passé, la terre meuble d'une tombe. Ces maisons étaient parfois à moitié cachées au fond de petits jardins, ou derrière des murets de béton comme chez mes grands-parents quand j'étais enfant.

    Des parkings sauvages et des terrains vagues, herbeux, abandonnés, entre des maisons de ville – un gâchis d'espace proprement miraculeux à notre époque d'optimisation forcenée.

    Même les résidences neuves, modernes, au sens hideux du terme, avaient quelque chose de confortable, bordélique, accueillant, comme le reste de la rue. Les balcons étaient encombrés de plantes vertes, de parasols, de mobilier de jardins, j'avais eu l'impression de retrouver le bric à brac de mon enfance, chez mes parents ou ma grand-mère maternelle.

    La dernière chose qui m'avait marqué était ce vieil homme assis en train de lire, parfaitement visible à travers une baie vitrée, à un quelconque étage d'un immeuble moderne – peut-être un EHPAD, d'ailleurs. Le contraste entre l'obscurité presque totale de la rue où nous passions en voiture et la chaleur, la lumière, la paix qui régnait derrière cette vitre, m'avait saisi.

    Il faudrait réussir à reproduire à volonté cette expérience mentale d'attention aiguë, de sensibilité exacerbée à l'environnement, cette impression de réel.

    ENGLISH

    I realised something this week: dream is more real than being awake. Day‑time life, everyday life – the life we agree is "real" and which, objectively, obviously is real – doesn’t feel real; it resembles a fuzzy, repetitive, greyish dream in which nothing truly matters or carries weight, because we’re trapped in habits, automatisms, stereotyped situations that demand no genuine attention, trapped in the poverty of mere existence. From morning till night we lose ourselves in daydreams, fantasies, plans, fictions, just to escape it.

    By contrast, in dreams we don’t drift – we are fully present, alert, experiencing the world in all its reality and intensity: the settings, the objects, the people, the situations. We live the moment in complete awareness.

    It reminded me of a recent moment when I was in the car with France heading to a bar for an evening out. Just after nightfall we drove down that long Rue de Maréville – quiet, discreet, running from Laxou to Nancy – where you never stop unless you have business there, a pure passageway that usually draws no notice. Dimly lit, it felt as though I had entered a strange, dilapidated, deserted, anarchic zone, a bubble of calm surrounded by wide boulevards and expressways.

    The townhouses, their stucco façades grimy, blackened by time and smoke, or painted in brownish, earthy tones, reminded me of the countryside and evoked, as always, sepia photographs, the past, the loose soil of a grave. Some houses were half‑hidden at the back of small gardens or behind concrete walls like the ones at my grandparents’ when I was a child.

    There were informal parking lots and grassy, abandoned vacant lots between the houses – a positively miraculous waste of space in our age of relentless optimisation.

    Even the new, "modern" apartment blocks – in the ugliest sense of the word – had something comfortable, messy, welcoming about them, like the rest of the street. Balconies were heaped with green plants, parasols, garden furniture; I felt I had recovered the jumble of my childhood, at my parents’ place or my maternal grandmother’s.

    The last thing that struck me was an old man sitting and reading, perfectly visible through a picture window on one of the upper floors of a modern building – perhaps a care home. The contrast between the almost total darkness of the street we were driving along and the warmth, the light, the peace that reigned behind that pane shook me.

    If only one could summon at will that mental state of keen attention, of heightened sensitivity to one’s surroundings, that impression of the real.

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  • Jardin d'enfants


    podcast

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  • Hall

    FRANÇAIS

    Je me fais menacer ou harceler par je ne sais qui, à la fac ou dans ma cité U. Quoi qu'il en soit, c'est un immense bâtiment avec un très large hall, qui fait penser à un hall d'hôtel. Il y a beaucoup de monde. Il fait sombre, tout semble gris, poussiéreux, vieux. J'envisage d'aller demander de l'aide à l'appariteur. Je m'approche de sa loge, qui est en fait un comptoir, comme un comptoir d'hôtel, dans le hall de l'immeuble. Un vieux comptoir en bois, assez vieillot, décrépi, même. Il donne, à l'arrière, sur ce qui semble être un bar ou un restaurant, un lieu convivial en tous cas. J'entends parler ou peut-être lis quelque chose au sujet d'une soirée qui aurait bientôt lieu là. J'ai envie d'y aller et d'avoir une vie sociale ici, dans ce lieu grisâtre et délabré.

    ENGLISH

    I get threatened or harassed by I don't know who, at college or in my cité U. Anyway, it's a huge building with a very wide hall, reminiscent of a hotel lobby. It's very crowded. It's dark, everything looks gray, dusty and old. I'm thinking of asking the usher for help. I approach his lodge, which is actually a counter, like a hotel counter, in the lobby of the building. An old wooden counter, rather old-fashioned, even decrepit. At the back, it opens onto what appears to be a bar or restaurant, a convivial place in any case. I hear or maybe read about a party that's going to take place there soon. I want to go there and have a social life here, in this grayish, dilapidated place.

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  • Foyer Sonacotra / Sonacotra hostel (1996)

    FRANÇAIS

    Il vivait dans l'un de ces quartiers ouvriers sordides et décrépis qui bordent le canal, aux abords d'une boulangerie industrielle. Je serais incapable de retrouver les lieux. Je me souviens de l'énorme cour intérieure où il disait faire du taï-chi très tôt le matin. Dans mon souvenir, elle était moins une cour qu'un terrain vague, offrant depuis l'appartement, dans les étages, une vue imprenable sur le désastre urbanistique, économique et humain qu'était ce quartier, et que j'aimais précisément pour cette raison. Je me souviens avoir exploré l'appartement en-dessous du sien, abandonné depuis l'incarcération de son locataire. Je lui avais volé deux pellicules, que je n'avais finalement jamais fait développer. Il y avait un foyer Sonacotra non loin, dont il m'avait raconté que des pensionnaires en avaient défenestré un autre. Je n'avais pas jugé bon de lui dire qu'une de mes tantes, alcoolique et schizophrène, avait passé une partie de sa vie dans des foyers de ce genre. Pas plus que je n'avais osé lui dire – mais peut-être aussi n'en avais-je pas encore vraiment conscience à l'époque – que ce monde-là m'attirait, que je sentais obscurément qu'un jour je finirais dans une semi-prison, un purgatoire de ce genre, et que c'était une idée effrayante mais attirante aussi, comme l'entrée au monastère ou l'abandon voluptueux  à l'irresponsabilité.

    ENGLISH

    He lived in one of those squalid, decaying working-class neighborhoods lining the canal, near an industrial bakery. I wouldn't be able to find the place again. I remember the enormous inner courtyard where he claimed to practice tai chi very early in the morning. In my memory, it was less a courtyard than a wasteland, offering from the apartment above an unobstructed view of the urban, economic, and human disaster that was this neighborhood – and which I loved precisely for that reason.

    I remember exploring the apartment below his, abandoned since its tenant had been incarcerated. I stole two rolls of film from it, which I ultimately never had developed. There was a Sonacotra hostel nearby, and he told me that some of its residents had once thrown another out the window. I didn’t think it necessary to tell him that one of my aunts – an alcoholic and schizophrenic – had spent part of her life in places like that. Nor did I dare tell him – or perhaps I wasn’t even fully aware of it myself at the time – that I was drawn to that world, that I had a vague sense I would one day end up in a semi-prison, some kind of purgatory like that, and that it was a frightening idea, but also an alluring one, like entering a monastery or surrendering completely, voluptuously, to irresponsibility.

    He lived in one of those squalid, decaying working-class neighborhoods lining the canal, near an industrial bakery. I wouldn't be able to find the place again. I remember the enormous inner courtyard where he claimed to practice tai chi very early in the morning. In my memory, it was less a courtyard than a wasteland, offering from the apartment above an unobstructed view of the urban, economic, and human disaster that was this neighborhood – and which I loved precisely for that reason.

    I remember exploring the apartment below his, abandoned since its tenant had been incarcerated. I stole two rolls of film from it, which I ultimately never had developed. There was a Sonacotra hostel nearby, and he told me that some of its residents had once thrown another out the window. I didn’t think it necessary to tell him that one of my aunts – an alcoholic and schizophrenic – had spent part of her life in places like that. Nor did I dare tell him – or perhaps I wasn’t even fully aware of it myself at the time – that I was drawn to that world, that I had a vague sense I would one day end up in a semi-prison, some kind of purgatory like that, and that it was a frightening idea, but also an alluring one, like entering a monastery or surrendering completely, voluptuously, to irresponsibility.

    Note:

    "Sonacotra hostels" were residential facilities originally established in France in the 1950s to house immigrant workers, particularly from former French colonies in North and West Africa. Managed by the state-owned company SONACOTRA (Société nationale de construction pour les travailleurs), these hostels were intended as temporary housing but often became long-term residences. Over time, many became associated with overcrowding, social isolation, and marginalization, reflecting broader issues of immigration and urban poverty in postcolonial France.

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  • Préville (1996)

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  • Façades noircies (2013) / Black walls (2013)

    FRANÇAIS

    Une chaise est posée contre un mur, incongrue, au fond d'une ruelle crasseuse. Comme une invitation à s'arrêter là, à trouver son repos dans une éternité de décrépitude miséricordieuse.

    Des fenêtres fermées, noires. Que cachent-elles ? Quels labyrinthes, quels taudis, quelles puanteurs, quelles poches de ténèbres merveilleuses cachent-elles ?

    ENGLISH

    A chair is placed against a wall, incongruous, at the end of a filthy alley. Like an invitation to stop there, to find rest in an eternity of merciful decay.

    Closed, black windows. What do they hide? What labyrinths, what slums, what stench, what pockets of marvelous darkness do they conceal?

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  • Cyprès / Cypresses (2005)

    FRANÇAIS

    Je marche dans les rues. La pluie, l'ennui. Moins de souvenirs et d'émotion à chaque nouvelle visite. Pour ainsi dire : plus rien. La ville que j'ai connue dix ans auparavant n'est plus qu'un paysage imaginaire dont je dois me contenter. La fac de Lettres, ses Che Guevara crasseux qui vendent des légumes dans des cageots devant le grand amphi. Les murs taggés, partout, de slogans puérils. Je repars en revoyant des images de promenade nocturne sur le campus, avec Lydie ; le ciel étoilé, l'herbe sous nos pieds, de hauts cyprès, les barrières au loin. Mais je n'arrive pas à me souvenir si nous l'avons vraiment fait un jour, ou si c'était en rêve.

    ENGLISH

    I walk through the streets. Rain, boredom. Fewer memories, fewer feelings with each new visit. Soon, nothing at all. The city I once knew ten years ago is now just an imaginary landscape I have to make do with. The Humanities faculty, those grimy Che Guevaras selling vegetables from crates in front of the main lecture hall. The walls, covered everywhere in childish slogans. I leave again, recalling fragments of a nighttime walk on campus with Lydie – the starry sky, the grass beneath our feet, tall cypresses, fences in the distance. But I can’t quite remember if it really happened one day, or if it was only a dream.

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  • Raz de marée / Flood

    FRANÇAIS

    Je suis dans une ville ; une version alternative de Nancy, comme souvent en rêve. Quelque chose de plus sale, et moite, dans ce que ça a d'agréable et presque d'érotique. Comme dans certaines villes du Sud. Je suis censé y habiter, ou peut-être y loger pour quelques temps ; j'ai ma soirée de libre, et je pense à Laurence en me disant qu'il ne faudrait pas que je reste trop de temps sans lui donner de nouvelles, mais je passe une bonne soirée. Il y a une sorte de fête dehors, quelque chose comme un concert devant un bar, avec beaucoup de monde sans que ça fasse mouvement de foule ; une notion d'ivresse, de soirée d'été. Ensuite je suis sur une plage, avec d'autres types. Peut-être qu'on y travaille, ou qu'on explore quelque chose. Une étendue de sable, de roche, pentue, peut-être, et désolée. L'eau commence à monter ; je me retourne. Un raz de marée arrive et envahit tout.

    ENGLISH

    I'm in a city – an alternate version of Nancy, as often happens in dreams. Something dirtier, and humid, in a way that’s pleasant and almost erotic. Like certain cities in the South. I'm supposed to be living here, or maybe just staying for a while; I have the evening free, and I think about Laurence, telling myself I shouldn't go too long without reaching out to him – but I'm having a good evening. There's some kind of party outside, something like a concert in front of a bar, with a lot of people, though not quite a crowd; a sense of intoxication, of a summer night. Then I'm on a beach, with other guys. Maybe we're working there, or exploring something. A stretch of sand, and rock, sloping perhaps, and desolate. The water starts to rise; I turn around. A tidal wave is coming and floods everything.

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  • Exactement nulle part / Exactly nowhere

    FRANÇAIS

    J'ai récemment été avec France à la fête médiévale qui se tient tous les ans à quelques kilomètres de chez elle. Nous sommes passés en voiture (c'est moi qui conduisais) à travers plusieurs villages sur le trajet, où je n'avais pas remis les pieds depuis cette journée à vider la maison de la grand-mère de L. et dont je n'avais aucun souvenir.

    Il faisait incroyablement beau et France elle-même a fait la réflexion que ça sentait les vacances ; le ciel bleu, la végétation luxuriante, le fait même de rouler en voiture... Je n'avais jamais roulé dans ces communes qui bordent la grande ville, et cela me mettait dans un état mental assez étrange ; c'était comme me retrouver « pour de vrai » dans ces rêves où je marche ou  bien roule seul dans la ville, mais dans une version étrangère, parallèle, inconnue.

    C'était aussi comme revenir dans certains souvenirs, ou revoir une photo ancienne, oubliée, de ma jeunesse, mais en élargissant son cadre aux paysages environnants, et en ayant une chance d'y entrer, de les explorer. Un voyage dans le temps, l'espace, la mémoire.

    Ces villages font partie de ces zones étranges comme il y en a beaucoup autour de la ville, ou plus exactement des non-zones, des non-lieux, juxtapositions incohérentes, comme dans les rêves, de fermes ancestrales bordées par un magasin ACTION ou une pizzéria, et où l'on passe en quelques dizaines de mètres de jardins ouvriers à des tours d'habitation, des maisons Phoenix, des entrepôts, des terrains en friches. On est ni en ville, ni à la campagne, ni dans une zone commerciale ou industrielle. On est précisément, exactement nulle part.

    ENGLISH

    I recently went with France to the medieval fair that takes place every year a few kilometers from her home. We drove there (I was the one driving), passing through several villages along the way – places I hadn't set foot in since that day we emptied L.'s grandmother’s house, and of which I had no memory.

    The weather was unbelievably beautiful, and France herself remarked that it smelled like vacation – the blue sky, the lush vegetation, even just the act of driving... I had never driven through these towns that line the outskirts of the big city, and it put me in a rather strange state of mind. It was like finding myself for real inside those dreams where I’m walking or driving alone through a city – but in a foreign, parallel, unknown version of it.

    It also felt like returning to certain memories, or like seeing an old, long-forgotten photo from my youth – but with the frame widened to include the surrounding landscapes, and the chance to step into them, to explore them. A journey through time, space, and memory.

    These villages are part of those strange zones you find often around the city – or more precisely, non-zones, non-places. Incoherent juxtapositions, like in dreams: ancestral farms next to an ACTION store or a pizza place, where you pass in a matter of meters from community gardens to apartment blocks, prefab houses, warehouses, and overgrown vacant lots. It’s not the city, not the countryside, not a commercial or industrial zone. It’s exactly, precisely nowhere.

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  • Le corps de mon ennemi

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  • Cité administrative / Administrative Complex (1998)

    FRANÇAIS

    J'avais accompagné Lydie, un jour, à la Cité Administrative. Un lieu en retrait, presque indevinable depuis la rue, dont j'ai un souvenir labyrinthique et qui m'évoque une fourmilière grouillante. C'est du reste l'impression que me donnent les bureaux en général ; des dédales coupés du monde par des stores à demi-baissés, aux moquettes et au mobilier vieillot qui vous font vous sentir comme perdu dans quelque zone oubliée de l'espace-temps.

    J'aimais cette ambiance d'oubli dans le travail, d'uniformité, de silence concentré, de lumière artificielle. J'aimais ne pas savoir, ne pas comprendre ce que les gens ici faisaient exactement. L'opacité du fonctionnement du monde a quelque chose de rassurant et de confortable ; on a conscience qu'on ne sait pas, qu'on ne comprend pas, et qu'on en a pas besoin ; on se sent extérieur, libre, contingent, détaché, désengagé, comme un enfant.

    ENGLISH

    One day, I accompanied Lydie to the Administrative Complex. A secluded place, almost impossible to guess from the street, which I remember as a labyrinth – evoking a swarming anthill. That’s the impression offices tend to give me in general: mazes cut off from the world by half-lowered blinds, with old carpets and outdated furniture that make you feel lost in some forgotten pocket of space-time.

    I liked that atmosphere of work-induced oblivion, of sameness, of concentrated silence, of artificial light. I liked not knowing, not understanding what exactly people were doing there. The opacity of how the world functions has something reassuring, something comforting about it – you’re aware that you don’t know, that you don’t understand, and that you don’t need to. You feel outside it all, free, contingent, detached, disengaged – like a child.

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  • Rue Jeanne d'Arc

    FRANÇAIS

    Façades grises, sans ornement. Portes métalliques laissant deviner, à travers leurs vitres opaques, des couloirs d'entrée plongés dans une demi-pénombre. Certains numéros de rue sont grossièrement peints à même les murs. Gouttières rouillées. D'autres portes, encore, en bois, à la peinture écaillée et aux vitres minces, recouvertes de poussière. Sur la façade d’un immeuble, une verrière laisse voir un genre de salon au premier étage, aux couleurs absurdement vives, vulgaires, surgies des années 70. Des placards fermés par de long rideaux oranges et mauves. Des plantes artificielles.

    (Tout n'est que syphilis)

    ENGLISH

    Gray, unadorned facades. Metal doors hinting, through their frosted glass, at entrance hallways bathed in semi-darkness. Some street numbers are roughly painted directly onto the walls. Rusty gutters. Other doors, made of wood, with peeling paint and thin, dust-covered panes. On the facade of one building, a glass canopy reveals a kind of living room on the first floor, with absurdly bright, vulgar colors reminiscent of the 70s. Cabinets closed with long orange and mauve curtains. Artificial plants.

    (Everything is syphilis)

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  • Parking couvert / Overground parking

    FRANÇAIS

    Je suis dehors au crépuscule, avec mon appareil photo. Je veux photographier le parking couvert, que la lumière rend si particulier à cette heure ; une lumière d'orage qui rend tout surnaturel. Je photographie l'extérieur du parking puis j'y entre. Des gens vont et viennent, certains me jettent des coups d’œil intrigués ou méfiants, vaguement hostiles, d'autres m'ignorent. Je prends des gens de loin, des angles serrés comme au téléobjectif, avec derrière eux le ciel d'orage aux nuages qui se détachent étrangement, à travers les ouvertures du parking. Quand je ressors, par une autre extrémité du bâtiment, je longe une petite rue, et continue à photographier le parking sous les angles les plus bizarres et les plus esthétiques possibles. Des centaines, voire des milliers d'oiseaux passent dans le ciel, comme si quelque chose allait se produire.

    ENGLISH

    I'm outside at dusk, with my camera. I want to photograph the covered parking lot, which the light makes so special at this hour; a stormy light that makes everything seem supernatural. I photograph the outside of the parking lot, then enter. People come and go, some giving me intrigued or suspicious, vaguely hostile glances, others ignoring me. I shoot people from a distance, from tight angles as if with a telephoto lens, with the stormy sky behind them, with clouds that stand out strangely, through the openings in the parking lot. When I emerge, through another end of the building, I walk along a small street, and continue to photograph the parking lot from the most bizarre and aesthetically pleasing angles possible. Hundreds if not thousands of birds fly overhead, as if something is about to happen.

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  • Mondes noirs / Black worlds

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    FRANÇAIS

    « À force de ne vouloir voir que les restes, ton territoire se rétrécit, et un jour tu te rends compte que tu ne te promènes plus que dans les allées horribles qui séparent les arrières des petits immeubles du port intérieur. Tu ne vas plus dans les ruelles, ou plutôt tu les parcours comme un simple début prometteur de chemin, jusqu'au moment où tu peux t'enfoncer entre les murs, dans des canyons répugnants, surchargés de climatiseurs rouillés, de tuyaux infâmes et de déchets. [...] Tu es à présent une forme animale qui marche sans but dans un paysage de couloirs sales. [...] Tu avances lentement entre deux parois rapprochées, verdies ici et là par des reliquats de peinture ou de moisissure, et à mi-hauteur comme enduites d'une crasse graisseuse. Les fenêtres sont inexistantes, ou alors il s'agit d'anciennes fenêtres, grillagées, condamnées, n'ouvrant sur aucun espace habitable, fermées de briques sales, ou ouvrant sur des taudis improbables que protègent une deuxième couche, une troisième couche de grillage. Des mondes noirs. »

    (Antoine Volodine, Macau)

    ENGLISH

    « By insisting on seeing only the remnants, your territory shrinks, and one day you realize you’re walking only through the dreadful alleys that run behind the small buildings of the inner harbor. You no longer go into the narrow streets – or rather, you move through them as if they were just the promising beginning of a path, until you can slip between walls, into repugnant canyons crammed with rusted air conditioners, vile pipes, and trash. [...] You are now an animal form, wandering aimlessly through a landscape of filthy corridors. [...] You move slowly between two narrow walls, green in places with remnants of paint or mold, and at mid-height, coated in a greasy grime. There are no windows – or if there are, they’re old ones: barred, sealed off, opening onto no livable space, bricked up with filthy stone, or leading into improbable hovels protected by a second, a third layer of mesh. Black worlds. »

    (Antoine Volodine, Macau - personal translation)

    Lien permanent Catégories : Nancy, Photos 0 commentaire Pin it!
  • Cocon triste / Sad cocoon (2002)

    FRANÇAIS

    J'aimais la résidence étudiante où vivait J. dans une petite rue endormie perpendiculaire à l'avenue Leclerc. Elle me rappelait – en plus silencieuse, en plus obscure et déserte, comme dans mes rêves – la cité universitaire où j'avais passé tant d'heures à errer de couloir en couloir et de chambre en chambre, auprès de quiconque serait là et voudrait bien de moi. Elle me faisait, pourtant, moins l'effet d'une résidence étudiante que d'un foyer de jeunes travailleurs ; il y avait dans l'air une ambiance, peut-être entièrement imaginaire, d'échec, d'errance dans la vie et de solitude. Un soir, j'avais croisé au rez-de-chaussée, ou dans une salle commune à un étage quelconque, quelques résidents silencieux, rassemblés dans la pénombre devant une télévision. J'avais envié cette atmosphère de cocon triste. Je ne savais pas encore que des années plus tard, je fréquenterais une fille vivotant dans une telle structure, loin de sa famille, incommensurablement seule, incomplète et avide d'une présence à accueillir chez elle et en elle. Je n'avais pas osé lui dire que j'aimais la savoir dans un tel environnement, que je la voulais justement triste et vulnérable, mendiant la moindre preuve d'amour que je pourrais lui donner, et qu'encore au-delà de tout cela, dans un recoin encore plus sombre de mes désirs, tout ce qu'il y avait de masochiste et de mort en moi, inexplicablement, l'enviait, elle aussi.

    ENGLISH

    I liked the student residence where J. lived, tucked away on a sleepy little street off Avenue Leclerc. It reminded me – quieter, darker, more deserted, like in my dreams – of the university housing where I had spent so many hours wandering from corridor to corridor, room to room, lingering near anyone who happened to be there and might accept me. Yet it felt less like a student residence than a shelter for young workers; there was, in the air – perhaps entirely imagined – a sense of failure, of drifting through life, and of solitude. One evening, I passed by a few silent residents, either on the ground floor or in a common room somewhere, huddled together in the dim light in front of a television. I envied that cocoon of quiet sadness. I didn’t yet know that, years later, I would be involved with a girl barely scraping by in a place like that, far from her family, immeasurably alone, incomplete, and craving a presence to welcome into her home and into herself. I hadn’t dared to tell her that I liked knowing she lived in such a place – that I wanted her precisely like that: sad and vulnerable, begging for the smallest sign of love I could offer her. And beyond all that, in a still darker corner of my desire, everything within me that was masochistic and death-bound envied her too, inexplicably.

    Lien permanent Catégories : Nancy, Souvenirs / Memories 0 commentaire Pin it!