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Décor à l'abandon / Abandoned scenery (2000)

FRANÇAIS

En me promenant, un dimanche, et en passant par le parc Sainte-Marie puis dans la rue où habitait Laetitia je réalise que je ne vis plus réellement dans la même ville. Tant de choses et de lieux qui ont été oubliés, désertés. Les quartiers environnants où je passais mon temps, près de la Taverne Flamande, à la cité Médreville, et aux abords du parc Sainte-Marie, tout cela a été oublié, relégué. La vieille ville. Les jardins d'ouvriers et les entrepôts déserts à l'entrée de Maxéville – aujourd'hui si lointains, inatteignables ; qu'irais-je bien y faire ? Et avec qui y aller ?

J'aurais voulu retourner à la cité universitaire et et marcher seul dans les couloirs, que j'imaginais toujours vides ; repasser devant les portes désormais closes des chambres où il y a des millions d'années, quelqu'un qui portait mon nom dormait dans des lits appartenant à d'autres, lisait, se cachait. J'aurais voulu rester un peu dans les douches et les cuisines collectives, respirer leur silence et la légère odeur d'humidité, de vétusté qui devait y régner. C'est dans ces lieux où je n'avais rien à faire que j'avais appris ce qu'est la fraternisation avec des inconnus et des étrangers, quand on se sent un inconnu et un étranger soi-même. Où j'avais appris le va et vient des gens, l'imprévu, le sommeil au milieu des autres. Les rares fois où j'y étais effectivement retourné par la suite, mon fantasme s'était réalisé, comme par un cadeau de la vie, cadeau empoisonné probablement ; je m'y étais trouvé à peu près seul, comme si tout le monde avait quitté les lieux ; un décor laissé à l'abandon après la pièce.

ENGLISH

While walking one Sunday, passing through Sainte-Marie Park and then down the street where Laetitia  used to live, I realized that I no longer truly live in the same city. So many things and places have been forgotten, deserted. The surrounding neighborhoods where I used to spend my time – near the Taverne Flamande, the Médreville student residence, and around Sainte-Marie Park – all of that has been forgotten, relegated. The old town. The community gardens and abandoned warehouses at the entrance to Maxéville – now so distant, unreachable; what would I even go there for? And with whom?

I had wanted to return to the university residence, to walk alone down its corridors, which I always imagined empty; to pass once more by the now-closed doors of rooms where, millions of years ago, someone bearing my name slept in beds that belonged to others, read, hid away. I wanted to linger for a while in the communal showers and kitchens, to breathe in their silence and the faint scent of dampness, of age, that must have lingered there.

It was in those places where I had no reason to be that I learned what it meant to bond with strangers and foreigners, when you yourself feel like a stranger and a foreigner. Where I learned about people coming and going, the unexpected, sleeping among others. The few times I did return later on, my fantasy came true – as if life had granted me a gift, perhaps a poisoned one; I found myself more or less alone there, as if everyone had left the premises – like a set abandoned after the play.

Lien permanent Catégories : Nancy, Souvenirs / Memories 0 commentaire Pin it!

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