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Dans les villes grises / In the grey cities

  • Dive - First album

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  • Polaris (2003)

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  • Grisaille

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    « Tout n'est que syphilis. »

    « All is syphilis. »

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  • Attention

    FRANÇAIS

    Hier soir, dîner chez C. et E. Je suis passé non pas par la voie rapide habituelle mais par la route de Dieuze que j'avais déjà prise il y a quelques mois pour aller explorer Château-Salins. Elle a l’avantage de ne passer par rien d’autre que des bleds et des départementales, en contournant entièrement Nancy, pour la même durée de trajet. Je suis passé par Moyen-Vic, qui m'a plongé dans un état d'extase esthétique incrédule tant son état de délabrement et l'architecture « dans son jus » de certaines maisons (de vieux immeubles et des maisons de ville mitoyens sur des dizaines de mètres, mais aussi de pseudo-chalets en bois sortis des années 70) me paraissaient une sorte de cauchemar merveilleusement attirant, comme dans certains rêves que j’ai fait ces dernières années.

    J'ai eu une expérience similaire dans Nancy, après que France ait garé sa voiture dans une rue perpendiculaire à la rue Anatole France – cette rue qui monte vers un bâtiment qui ressemble à un vieil hôpital et où l'on s'était déjà promené en 2022 ou je ne sais quand, avec les garçons, justement. Il faisait déjà nuit, il n’y avait pas de passants, pas de voiture, tout était agréable et paisible ; les réverbères baignaient la rue de leur lumière artificielle, qui rend tout un peu étrange. C’était une rue ou les immeubles Art Déco, les maisons de ville, les hôtels particuliers et les énormes immeubles HLM brutalistes cohabitaient, se jouxtaient, sans logique, sans cohérence. Il y avait des vélos garés, des bulles à verre, des fenêtres illuminées à travers lesquelles on pouvait voir des gens dans leur salon ou leur cuisine. C’était incroyablement réel. C’était un moment de vie réelle, un morceau du monde réel. Je me suis dit « Je suis à Nancy » comme si ce n’était pas une évidence ou quelque chose de banal. Comme on se le dirait dans un rêve, en réalisant où l’on se trouve, avec la même sensation de réel et de totale étrangeté à la fois, avec ce mélange d’attention décuplée et d’impression de rêver. Parce que c’est ça la question majeure : l’attention.

    ENGLISH

    Last night, dinner at C. and E.’s. Instead of taking the usual expressway, I went by the Dieuze road – the one I had already taken a few months ago to explore Château-Salins. The advantage is that it doesn’t pass through anything but small towns and departmental roads, bypassing Nancy entirely, while taking the same amount of time. I went through Moyen-Vic, which sent me into a state of incredulous aesthetic ecstasy: the level of dilapidation and the “untouched” architecture of certain houses (old apartment blocks and rows of adjoining townhouses stretching for dozens of meters, but also pseudo-wooden chalets straight out of the 1970s) struck me as a kind of nightmare wonderfully full of allure, like in some of the dreams I’ve had in recent years.

    I had a similar experience in Nancy, after France had parked her car in a street perpendicular to Rue Anatole France – that street that climbs toward a building that looks like an old hospital, where we had already walked in 2022 or whenever it was, with the boys, in fact. It was already dark; there were no passersby, no cars, everything felt pleasant and peaceful. The streetlamps bathed the street in their artificial glow, which makes everything look slightly strange. It was a street where Art Deco buildings, townhouses, private mansions, and massive brutalist housing blocks coexisted, side by side, without logic, without coherence. There were bicycles parked, recycling bins, illuminated windows through which one could glimpse people in their living rooms or kitchens. It was incredibly real. It was a moment of real life, a fragment of the real world. I thought to myself, "I am in Nancy" – as though it weren’t obvious or banal. As though one might say it in a dream, upon realizing where one is, with that same sense of reality and total strangeness all at once, with that blend of heightened attention and the feeling of dreaming. Because that’s the central question: attention.

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  • Silhouettes indistinctes / Indistinct figures (2006)

    FRANÇAIS

    Elle vivait dans un immeuble étroit, avenue de la Libération, qui jouxtait un squat et des maisons bourgeoises terrées au fond de parcs impénétrables. Une zone floue, accablée de voitures jour et nuit. La cage d'escalier était déserte à toute heure. Ses portes auraient tout aussi bien pu n'ouvrir que sur des logements déserts, des tombeaux. Des photos d'elle, nue, en noir et blanc, décoraient le couloir d'entrée. Je me souviens de sa chambre plongée dans le noir, et de l'immense miroir qui couvrait toute la penderie, auquel nous faisions face et où nous regardions nos silhouettes indistinctes faire l'amour sur le lit. Une petite radio diffusait du Chopin en sourdine, dans la salle de bain vieillotte et mal éclairée, avec son carrelage douteux et sa baignoire d'un autre siècle. Il y planait une odeur d'humidité et de vieux murs, mélangée à celle de l'encens et des bougies. C'était l'odeur de Nancy, une odeur de vieillesse immémoriale de solitude, d'inconfort, c'était celle de ma jeunesse, et je l'aimais.

    ENGLISH

    She lived in a narrow apartment building on Avenue de la Libération, nestled between a squat and bourgeois houses hidden deep within impenetrable gardens. A blurry zone, choked with cars day and night. The stairwell was deserted at all hours. Its doors might as well have opened onto empty apartments or tombs. Black-and-white nude photos of her adorned the entrance hallway. I remember her room plunged in darkness, and the huge mirror that covered the wardrobe, which we faced, watching our indistinct silhouettes making love on the bed. A small radio played Chopin softly in the background, in the old, dimly lit bathroom, with its dubious tiles and a bathtub from another century. There was a scent of damp and old walls hanging in the air, mixed with incense and candle wax. It was the smell of Nancy – a scent of ancient age, solitude, discomfort – it was the scent of my youth, and I loved it.

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  • Batumambe

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  • Pièces vides

    FRANÇAIS

    J'ai emménagé dans un appartement tout en haut d'un immeuble. Je monte les escaliers étroits, juste derrière deux jeunes filles, basanées (gitanes peut-être) et portant des robes très moulantes, très courtes. Leurs peaux sont recouvertes d'une fine pellicule de sueur, très érotique. Elles pouffent un peu. Arrivés en haut, les filles s'installent dans ce qui semble être leur logement mais qui est en quelque sorte ouvert, sans séparation avec les escaliers. Je cherche mon propre appartement, que je ne connais pas encore, en ouvrant des portes au hasard (des portes comme celles qui séparent les pièces dans une maison, et non pas des portes d'entrée de logement) et en traversant des pièces vides pour la plupart.

    ENGLISH

    I moved into an apartment at the very top of a building. I climb the narrow stairs, just behind two young dark-skinned girls (perhaps gypsies) wearing very tight, very short dresses. Their skin is covered with a thin film of sweat, very erotic. They giggle a little. Upon reaching the top, the girls settle into what seems to be their place but is somehow open, with no separation from the stairs. I look for my own apartment, which I don’t know yet, opening doors at random (doors like those that separate rooms in a house, not entrance doors to apartments) and passing through mostly empty rooms.

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  • Spotlights

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    FRANÇAIS

    L'odeur d'humidité et de cave, mêlée à celle de la machine à fumer ; l'odeur magique, disparue, des cigarettes, mêlée à celle de la bière qui flotte dans l'air ; la chaleur des corps et des spotlights ; Joy Division, The Cure, Dead Can Dance, Cocteau Twins, à un volume assourdissant.

    ENGLISH

    The smell of dampness and cellar, mixed with that of the smoke machine; the magical, vanished scent of cigarettes, mingled with the beer floating in the air; the warmth of bodies and spotlights; Joy Division, The Cure, Dead Can Dance, Cocteau Twins, at a deafening volume.

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  • Meyerbach (2005)

    FRANÇAIS

    Vers l'âge de trente ans, assez peu de temps avant de perdre ma mère, j'avais entrepris avec ma sœur et elle une visite des lieux d'où est originaire notre famille, de son côté. Une ferme, un village sans intérêt au bord de la route...

    Mais il y eut aussi une journée dans cette ville près de Paris où elle nous a amené jusqu'à une grande maison blanche, assez décrépite, qui me faisait penser aux quelques maisons appartenant à l'armée, et plus ou moins abandonnées, de l'avenue Joffre, dans ma propre ville – héritage de l'occupation allemande après 1871. Elle nous expliqua que la maison s’appelait « Meyerbach ».

    C'était devenu un genre d'orphelinat ou de foyer pour adolescents et jeunes adultes en difficulté. Nous avions un ancêtre qui y avait vécu, quand c'était une maison de maître. Était-il le maître en question ou un employé, je ne le saurai jamais. Le moment était assez émouvant ; j'avais très envie d'entrer dans ce bâtiment pour l'explorer, le découvrir – alors que je ne m'étais jamais interrogé sur l'existence même d'une telle maison, et que je serais passé à côté sans y accorder la moindre attention si ma mère ne nous l'avait pas signalée, j'éprouvais maintenant le besoin de l'intégrer à ma vie, de la faire mienne ou de m'intégrer à elle, à son histoire, même à sa vie actuelle, m'apprêtant après tout moi aussi à devenir orphelin, sous peu, et errant dans la vie au même titre que les jeunes personnes qui y vivaient.

    ENGLISH

    Around the age of thirty, not long before losing my mother, my sister, she, and I undertook a visit to the places where our family comes from, on her side. A farm, a village of little interest by the roadside...

    But there was also a day in that town near Paris where she took us to a large white house, quite run-down, which reminded me of the few houses belonging to the army, more or less abandoned, on Avenue Joffre, in my own town – a legacy of the German occupation after 1871. She explained to us that the house was called “Meyerbach”.

    It had become a kind of orphanage or a home for troubled teenagers and young adults. We had an ancestor who had lived there, when it was a manor house. Whether he was the master in question or an employee, I will never know. The moment was quite moving; I really wanted to enter that building to explore it, to discover it – whereas I had never even wondered about the very existence of such a house, and would have passed it by without paying it the slightest attention if my mother hadn’t pointed it out to us, I now felt the need to integrate it into my life, to make it mine or to integrate myself into it, into its history, even into its current life, preparing, after all, to become an orphan myself soon, and wandering through life just like the young people who lived there.

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  • Rentrée 1999

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    FRANÇAIS

    Je scanne pour la première fois les négatifs de ma jeunesse, ces jours-ci, et non seulement je découvre des photos que je n'avais jamais fait développer mais je redécouvre, et c'est presque tout aussi frappant, des photos que jusqu'ici je ne voyais plus que via des scans d'assez mauvaise qualité faits au début des années 2000 et dont je m'étais contenté jusque là.

    Le passage du temps équivaut normalement à la perte d'information, que ce soit en perte de qualité, ou par la perte, au sens propre, du document lui-même. Ici, curieusement, j'ai à quarante-cinq ans le privilège de voir pour la première fois des traces en haute définition de mon propre passé – de la même manière qu'après toute une vie de visionnages à la télé, sur VHS ou sur des DVD mal encodés, je découvre aujourd'hui certains vieux films qui ont compté pour moi avec une image absolument parfaite, comme s'ils venaient de sortir au cinéma.

    Et que dire des archives filmiques du début du XXè siècle auxquels l'IA donne une nouvelle propreté, une fluidité de mouvement qui ressuscite tout ce qu'elles montrent ? 

    Cette rentrée 99 avait commencé très studieusement par un après-midi à fumer des joints dans cet immeuble délabré de la rue du Placieux, où il ne fallait pas s'appuyer à la rambarde, dans l'escalier, car elle était sur le point de se détacher ; j'en avais le vertige et j'en ai rêvé un certain nombre de fois, sous diverses formes.

    1) Avec David et sa copine, et plein de goths devant un immeuble banal. On attend le début d'une soirée. Les portes finissent par s'ouvrir et tout le gens s'en vont, d'un coup. Je les sens partir plus que je ne les vois : j'ai les yeux rivés sur la cage d'escalier de l'immeuble, qui tangue comme s'il y avait un tremblement de terre.

    2)  Je dois aller dans un appartement HLM avec un orchestre classique pour animer une soirée chez un particulier. J'ai du mal à trouver l'appartement, les numéros ne correspondent pas, les HLM sont d'horribles cages d'escaliers sales au-delà des mots, vieilles, taguées, pas éclairées... Nous finissons par nous retrouver dans un appartement mais je réalise que ce n'est pas le bon. Il n'y a personne dedans. Pendant que l'orchestre joue, je ressors à la recherche du bon numéro. C'est encore pire qu'avant, il y a des parties en ruines où l'on ne peut plus monter, des bouts de rambarde manquants, et toujours personne.

    3) Je descends un escalier, probablement à la fac ou dans un endroit du genre. La cage d'escalier en elle-même est immense, et les escaliers, qui longent les quatre murs, sont étroits. Les murs sont nus. Aucun décor ni portes, on est comme dans un silo rectangulaire. À un moment donné, en plein milieu d'un « étage », les marches s'arrêtent, donnant sur le vide. Cette seule vision me donne le vertige et m'emplit d'une angoisse autant morale que physique. Avec difficulté, au ralenti, je rebrousse chemin, pour constater que derrière moi, l'escalier a changé ; il est encore plus étroit et semble effondré, voire fondu, formant par moment une simple plateforme de métal et de pierre mêlées, sur lequel je dois ramper pour remonter.

    J'avais sympathisé avec Laetitia je ne sais plus comment, par un autre après-midi à errer en suivant plus ou moins passivement d'autres étudiants affairés à quelque chose (des courses ? un travail pour la fac ?) dans le quartier où elle vivait, aux abords du Monoprix de Villers-lès-Nancy, ce cube de béton, soviétoïde, posé là comme un vaisseau extraterrestre ou une Kaaba dédiée au dieu de la consommation. Tout le quartier était gris, bétonné, adorable.

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    Elle vivait dans un chaos indescriptible, le contenu de ses armoires et de ses tiroirs presque constamment vidé au sol ou sur le lit, comme si après un cambriolage elle avait décidé d'en rester là.

    ENGLISH

    These days, I’m scanning the negatives from my youth for the first time. Not only am I discovering photos I never had developed, but I’m also rediscovering – almost just as strikingly – photos I had only seen through low-quality scans made in the early 2000s, which I had been content with until now.

    Normally, the passage of time means the loss of information – whether in terms of image quality or through the actual loss of the document itself. But here, curiously, at forty-five years old, I have the privilege of seeing high-definition traces of my own past for the first time – just like when, after a lifetime of watching movies on TV, on VHS, or poorly encoded DVDs, I now discover some of the old films that mattered to me with a flawless image, as if they had just premiered in cinemas.

    And what can be said about early 20th-century film archives, now given new clarity and fluid motion by AI – resurrecting everything they depict?

    That fall of ’99 began very studiously with an afternoon spent smoking joints in that dilapidated building on rue du Placieux, where you couldn’t lean on the stair railing – it was about to come loose. I felt dizzy just looking at it, and I’ve dreamed of that staircase many times since, in various forms:

    1) With David and his girlfriend, and a bunch of goths standing in front of an ordinary apartment building. We're waiting for a party to start. Eventually, the doors open and everyone suddenly leaves. I feel their departure more than I see it: my eyes are fixed on the building’s staircase, which sways as if in an earthquake.

    2) I’m supposed to go to a housing project apartment with a classical orchestra to play at someone’s private party. I struggle to find the right apartment – none of the numbers match. The buildings are horrid: stairwells beyond filthy, ancient, graffitied, dark... We end up in one apartment, but I realize it’s the wrong one. No one’s inside. While the orchestra plays, I head back out in search of the right place. It’s even worse than before – some areas are in ruins, inaccessible, sections of railing missing, and still no one around.

    3) I’m descending a staircase – probably at the university or somewhere similar. The stairwell itself is enormous, with narrow stairs running along the four walls. The walls are bare. No decoration, no doors – we’re inside something like a rectangular silo. At some point, halfway through a « floor » the stairs just stop, giving way to empty space. The sight alone fills me with vertigo and a dread that’s both moral and physical. Slowly, with difficulty, I try to go back, only to find the stairs behind me have changed: they’re even narrower and seem to have collapsed – or melted – forming, at times, just a platform of mixed stone and metal I have to crawl across to get back up.

    I became friends with Laetitia – I no longer remember how – during another afternoon spent wandering, more or less passively following some other students who were busy with something (shopping? a university project?) in the neighborhood where she lived, near the Monoprix in Villers-lès-Nancy: that brutalist concrete cube, Soviet-esque, dropped there like an alien spaceship or a Kaaba devoted to the god of consumerism. The whole neighborhood was grey, full of concrete – and utterly charming.

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    She lived in indescribable chaos: the contents of her drawers and cupboards were almost always strewn across the floor or the bed, as if, after a burglary, she’d simply decided to leave things that way.

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  • Appartement secret / Secret appartment

    FRANÇAIS

    Une fête foraine, un soir d'été. Je m'y balade, accompagné, avec mon appareil photo. Ensuite, je suis avec ma collègue Éliane, à qui je dis que j'ai un appartement secondaire et secret, dans un village à la campagne, quelque part en Lorraine – peut-être sur la route entre Nancy et Blâmont. Sensation de nuit, de protection, de sérénité, lié à cet appartement secret où je peux me cacher et me ressourcer si j'ai besoin de m'y rendre, en pleine nuit.

    ENGLISH

    A funfair on a summer evening. I'm walking around with my camera, accompanied by someone. Then I'm with my colleague, to whom I say that I have a secret second home in a village in the countryside, somewhere in Lorraine – perhaps on the road between Nancy and Blâmont. A feeling of night, of protection, of serenity, linked to this secret home where I can hide and recharge my batteries if I need to go there in the middle of the night.

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  • Nathalie

    FRANÇAIS

    C'est ma première soirée seul à Nancy. J'ai dix-huit ans. Il fait une chaleur insoutenable, et depuis la veille j'évolue dans une hébétude alcoolique entrecoupée de retraites, torse nu, dans la cage d'escalier de mon immeuble où l'obscurité et le silence sont complets. Je marche au hasard dans la ville. J'ai vaguement conscience de descendre vers le grand parc de la Pépinière, découvert la veille. Une femme en robe noire, au regard vide, me croise, au carrefour d'une rue dont je retiens le nom : Damerval. Je l'entends s'effondrer, derrière moi, à quelques mètres. Je l'aide à se relever et fais signe à un type qui approche, que je vais m'en occuper. Elle est complètement confuse, me tutoyant d'emblée. Elle me dit qu'elle habite rue de la Source et je décide de la ramener chez elle, même si je n'ai aucune idée d'où cela se trouve. Elle m'attire énormément et je me fais des films mentaux pendant qu'elle divague. Elle finit par me parler de sa dépendance au Subutex, de son fils mort, de son père qui s'est tiré une balle dans la bouche. Elle s'appelle Nathalie. Elle me dit qu'elle vit avec un certain Hassan ou Hassen, qu'elle décrit comme obèse et ayant « le coeur sur la main ». Arrivés chez elle, elle trouve porte close et agonit d'injures le Hassan ou Hassen en question, manifestement absent, puis nous redescendons. Elle me dit qu'elle comptait travailler ce soir et je finis par comprendre.

    Quand nous ressortons Hassan ou Hassen arrive, obèse au-delà de toute mesure, des bagues aux doigts, un mauvais sourire. La fille essaie de marcher toute seule, trébuche. Elle finit assise à même le sol, dos au mur, dans la ruelle, les cuisses écartées, défaite. Sa culotte noire, transparente, ne cache rien. Je vais pour l'aider à se relever mais Hassan ou Hassen me dit « Laisse. Il va falloir qu'elle se lève toute seule, il faudra bien qu'elle y arrive », sur un ton serein, dénué de toute compassion comme de toute méchanceté, et avec, à mon égard, une curieuse complicité, ou quelque chose qui relève d'une initiation. Elle parvient à se relever au bout d'un petit moment puis ils rentrent chez eux. Elle me dit, avant de nous quitter, que c'est bon pour le plan à trois, qu'untel est au courant, et je ne sais pas si dans son état elle me confond avec un autre, ou si elle joue la comédie devant son lui pour une raison quelconque. Mais elle m'embrasse sur la bouche avant de disparaître. Pendant des années qui suivent, je reviens sans arrêt dans cette rue. Et jamais je ne la revois, ni rue de la Source, ni ailleurs.

    Je ne me souviens plus de son visage. Elle est devenue un fantôme comme tant d'autres. J'ai souvent croisé, rue de la Source, une prostituée âgée, perpétuellement debout, parfois assise sur une chaise de bois. Elle se tenait à l'angle avec la rue Saint-Michel, et quasiment devant l'immeuble où Nathalie m'avait fait entrer – au numéro 20, probablement. J'aurais pu l'interroger ; je ne l'ai jamais fait.

    ENGLISH

    It's my first evening alone in Nancy. I'm eighteen. The heat is unbearable, and since the day before I’ve been drifting in an alcoholic stupor, broken up by shirtless retreats into the stairwell of my building, where darkness and silence are absolute. I wander through the city without direction. I’m vaguely aware I’m heading toward the big park, the Pépinière park, which I discovered the day before. A woman in a black dress, with a vacant look in her eyes, crosses my path at the corner of a street whose name I remember: Damerval. I hear her collapse behind me, just a few meters away. I help her up and wave off a man who’s approaching, signaling that I’ll take care of it. She’s completely disoriented, addressing me informally right away. She says she lives on Rue de la Source, and I decide to walk her home, though I have no idea where that is. I’m incredibly drawn to her and start playing out mental fantasies while she rambles. Eventually she tells me about her Subutex addiction, her dead son, her father who shot himself in the mouth. Her name is Nathalie. She says she lives with someone named Hassan or Hassen, whom she describes as obese and "with a heart of gold". When we arrive, the door is locked. She curses out the absent Hassan or Hassen, then we go back down. She tells me she was supposed to be working tonight, and I finally understand.

    As we step outside again, Hassan or Hassen shows up – grotesquely obese, rings on every finger, wearing a sly, unpleasant smile. The woman tries to walk on her own but stumbles. She ends up sitting on the ground, back against the wall, legs spread, undone. Her black, transparent underwear hides nothing. I go to help her up, but Hassan or Hassen stops me: "Leave her. She’s going to have to get up on her own, sooner or later", he says calmly, without either cruelty or compassion, and with, toward me, a strange sort of complicity – or something that felt like an initiation. She manages to get up after a while, and they go inside. Before leaving, she tells me the threesome is on, that someone’s been informed, and I can't tell if in her state she’s mistaking me for someone else, or if she’s putting on an act for him for some reason. But she kisses me on the mouth before vanishing. For years afterward, I keep returning to that street. I never see her again – not on Rue de la Source, not anywhere.

    I no longer remember her face. She’s become a ghost, like so many others. I often came across an older prostitute on Rue de la Source, always standing, sometimes sitting on a wooden chair. She stood on the corner with Rue Saint-Michel, almost in front of the building where Nathalie had taken me in – number 20, probably. I could have asked her about Nathalie. I never did.

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  • Fontaine

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  • Matin gris / Grey morning

    FRANÇAIS

    Je marche dans ce qui semble être une grande ville, sur une chaussée qui borde un immense espace ouvert (cerné de rues où circulent les voitures) faisant penser au cours Léopold à Nancy, en bien plus grand. Je ne crois pas être accompagné mais je marche à côté d'un groupe d'autres personnes. Le temps est sombre, gris, pluvieux, mais d'une façon agréable, réconfortante comme un temps de rentrée des classes. Le sol est trempé et j'avance en glissant sur l'eau, comme si je faisais du ski. Je parle à quelqu'un, peut-être mentalement, de bâtiments ou de choses que je veux voir à quelques dizaines de mètres, sur le même vaste plan que nous sommes en train de  traverser. Je sais que je suis déjà venu ici mais sans vraiment prendre mon temps. À un croisement, je passe au passage piéton mais m'arrête au milieu pour une raison que j'ai oubliée. Je me retourne et vois derrière moi un élément de décor que je n'avais pas remarqué – je ne sais plus quoi. Je le prends en photo, plusieurs fois, découpé sur les immeubles bourgeois et le ciel pluvieux, sombre, à la fois menaçant et réconfortant.

    récits de rêves,rêves,rêve

    Mon esprit semble avoir fait un amalgame entre la pochette de ce disque que j'ai écouté ces jours-ci et le cours Léopold et ses abords – Dieu sait pourquoi.

    ENGLISH

    I'm walking through what seems to be a large city, along a pavement bordering a vast open space (surrounded by streets where cars pass), reminiscent of the Cours Léopold in Nancy – only much larger. I don't think I'm accompanied, but I'm walking alongside a group of other people. The weather is dark, grey, rainy, but in a pleasant, comforting way – like the weather at the start of a new school year. The ground is soaked, and I glide forward over the water, as if skiing. I'm talking to someone – maybe only in my head – about buildings or places I want to see a few dozen meters away, on the same vast plane we're now crossing. I know I've been here before, but never really took the time. At an intersection, I cross at the pedestrian light but stop halfway through for a reason I've forgotten. I turn around and see behind me something in the scenery I hadn't noticed before – I no longer know what it was. I take a photo of it, several times, silhouetted against the bourgeois buildings and the rainy, dark sky – both threatening and strangely comforting.

    récits de rêves,rêves,rêve

    My mind seems to have conflated the cover of this record I’ve been listening to lately with the Cours Léopold and its surroundings – God knows why.

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  • Haguenau (2013)

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  • Pension de famille / Boarding house (1996)

    FRANÇAIS

    Je suis seul et arrive dans une espèce de pension de famille, en région parisienne. J'ai réservé pour trois jours. Il n'y a personne à part le propriétaire. L'établissement est minuscule, mais avec un nombre invraisemblable de pièces, de petits couloirs, d'escaliers. Tout est chaleureux, boisé, avec d'innombrables petits bibelots. Une vraie maison de poupées, et une maison de famille en même temps – une maison de famille telle que je n'en ai jamais connue dans ma vie et n'en connaîtrai probablement jamais. Cette idée me frappe. Une fois dans la chambre, je me mets à pleurer, sans savoir vraiment pourquoi ; à la fois de tristesse et de soulagement d'être enfin dans un tel endroit.

    ENGLISH

    I am alone and arrive at a sort of boarding house in the Paris region. I’ve booked for three days. There is no one there except the owner. The place is tiny, but with an unbelievable number of rooms, small corridors, and staircases. Everything is warm and wooden, filled with countless little knickknacks. A real dollhouse, and a family home at the same time – a family home unlike any I’ve ever known in my life and probably never will. This idea strikes me. Once in the room, I start to cry, without really knowing why; both from sadness and from relief at finally being in such a place.

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  • Campus (2015)

    FRANÇAIS

    J’erre dans les couloirs de la fac de lettres, exceptionnellement vides, repeints de frais, comme un cadeau que me ferait le destin ; me laisser déambuler ici, enfin seul, comme dans un rêve ou dans mes souvenirs matérialisés – car tous mes souvenirs ou presque sont des souvenirs solitaires.

    Des rideaux opaques, grisâtres, comme teintés par des siècles de poussière et de pénombre, cachent l'intérieur de certains bureaux, comme des maisonnettes au milieu des couloirs. Des mondes imbriqués, cachés. Certains sont manifestement occupés ; on devine des lampes allumées à travers le tissu. Aucun bruit ne s'en échappe. Qui est là ?

    Un peu plus loin, des portes en verre armé laissent filtrer des lumières rouges, ou bleues, intense et étranges, comme si l’on avait installé dans les salles qu’elles cachent des projecteurs de couleurs. Et la lueur verdâtre qui s’échappe des toilettes publiques. Entre tout cela, des poches d’ombres, des couloirs déserts aux ombres interminables. On a l'impression d'avancer dans un espace qui pour toujours existe dans un temps qui n'est ni le jour, ni la nuit.

    L'architecture brutaliste, uniformément grise des bâtiments, lorsqu'on les entrevoit par une fenêtre, ne laisse rien deviner du monde chaud, intime, d'ombres et de poches de couleurs qu'ils recèlent.

    ENGLISH

    I wander through the halls of the humanities building, exceptionally empty, freshly repainted, like a gift from fate; letting me roam here, finally alone, as if in a dream or in my memories made tangible – for all my memories, or almost all, are solitary ones.

    Opaque, grayish curtains, as if stained by centuries of dust and gloom, hide the interiors of certain offices, like little houses nestled within the corridors. Interlocking, hidden worlds. Some are clearly occupied; you can make out the glow of lamps behind the fabric. No sound escapes. Who’s in there?

    A bit further on, doors of reinforced glass let through red or blue light, intense and strange, as if colored spotlights had been installed in the rooms beyond. And the greenish glow leaking from the public restrooms. Between all this, pockets of shadow, deserted corridors with endless silhouettes. It feels like moving through a space that forever exists in a time that is neither day nor night.

    The brutalist architecture, uniformly gray, glimpsed through a window, gives no hint of the warm, intimate world inside—a world of shadows and pockets of color it secretly holds.

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  • Un monde de ruelles / A world of backstreets (2011)

    exploration psychogéographique,être perdu,hébétude,larmes,hortensias

    exploration psychogéographique,être perdu,hébétude,larmes,hortensias

    FRANÇAIS

    Des après-midi entières j'avance hébété dans les rues de quartiers qui me sont inconnus. Le sentiment d'être perdu, de me perdre volontairement, mêlé au choc de la vision de certains immeubles, de certaines ruelles, de certains détails comme des volets rouillés ou des hortensias morts dans un jardinet, me mènent au bord des larmes. Je parle seul avec la conscience que les passants, les automobilistes me voient, mais je crois en leur réalité encore moins qu'en la mienne.

    Je m'enfonce de plus en plus dans un monde toujours plus éloignée du centre et des lieux de vie, un monde de ruelles et d'arrière-cours, d'entrées d'immeuble sordides, de fenêtres opacifiées, de rideaux vieillots et sales, de rouille et d'odeurs de cave, où je peux enfin trouver le repos.

    ENGLISH

    Entire afternoons I wander dazed through the streets of neighborhoods unknown to me. The feeling of being lost – of deliberately losing myself – mixed with the shock of seeing certain buildings, certain alleyways, certain details like rusted shutters or dead hydrangeas in a tiny garden, brings me to the verge of tears. I talk to myself, fully aware that passersby and drivers can see me, but I believe in their reality even less than in my own.

    I sink deeper and deeper into a world ever more removed from the center and from places where life happens  – a world of alleyways and backyards, of sordid building entrances, of clouded windows, faded and dirty curtains, rust and the smell of damp cellars, where I can finally find rest.

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  • Belle époque

    FRANÇAIS

    Un réseau de rues d'une vieille ville (arcades, ruelles, escaliers). Quelqu'un est là que je connais. Un peu plus tard c'est Eugénie et moi qui visitons un immeuble désaffecté. Il y fait sombre, des murs sont effondrés et se répandent en gravas sur le sol. Des escaliers à moitié détruits. Nous arrivons dans un appartement luxueux, Belle Époque. Il appartient à une femme que nous connaissons. Plus tard j'y retourne mais il fait de plus en plus noir et l'immeuble est de plus en plus délabré. Je ne retrouve plus l'appartement.

    ENGLISH

    A network of streets in an old town (arcades, alleyways, staircases). Someone I know is there. A bit later, Eugénie and I are visiting an abandoned building. It’s dark inside, some walls have collapsed and rubble is scattered across the floor. Half-destroyed staircases. We arrive in a luxurious Belle Époque apartment. It belongs to a woman we know. Later, I return there, but it’s getting darker and the building is becoming more and more dilapidated. I can’t find the apartment anymore.

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  • La fatigue et la vieillesse (non-daté) / Old age and fatigue (undated)

    FRANÇAIS

    J'entre dans des cours intérieures, des résidences muettes et qui semblent inhabitées. L'humidité et la moisissure mangent le crépi gris, contaminent tout de leur noirceur puante, qui vide le cœur de tout courage. Combien d'étudiants, de jeunes hommes et de jeunes femmes, dans ces murs qui étaient vieux avant même d'avoir été achevés ? Je les imagine au début de leur vie adulte, avec quelque chose sur le visage qui trahit déjà la fatigue et la vieillesse, une  fatigue qui émane des murs et les irradie jusqu'au plus profond de leurs cellules. Eux aussi, vieux avant d'avoir été construits.

    ENGLISH

    I enter inner courtyards, silent residences that seem uninhabited. Dampness and mold eat away at the gray plaster, contaminating everything with their foul blackness, which empties the heart of all courage. How many students, young men and women, within these walls, that were old even before they were finished? I picture them at the beginning of their adult lives, with something on their faces already betraying fatigue and old age, a fatigue that emanates from the walls and irradiates them down to the deepest part of their cells. They too, old before they were built.

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  • Attentat / Attack

    FRANÇAIS

    Je suis dans une galerie commerciale type centre Saint-Sébastien, en plus obscur, plus « renfermé », vieillot et qui dégage une impression de saleté, de vétusté. Je passe en revue plusieurs boutiques, je ne sais plus de quoi – peut-être d'informatique ou de téléphonie. J'entre dans un kebab, pas pour consommer, mais pour une autre raison ; attendre quelqu'un ou peut-être accéder à une autre partie du centre commercial, car il est labyrinthique et la notion d'intérieur et d'extérieur y est très floue. J'assiste à une scène dans une arrière-boutique, avec le ou les patrons, et peut-être une femme ; la préparation d'un attentat ? Des objets louches stockés là-dedans ? Je décide de m'éclipser, et ressors par une porte qui mène à la cage d'escalier (très 70's, en marbre et rambardes de bois) d'un immeuble d'habitation. Je descends au rez-de-chaussée où se trouvent de très larges portes vitrées, qui font toute la façade. Je suis enfermé à l'intérieur.

    *

    J'ai toujours aimé les galeries commerciales, qu'elles soient sur le modèle des grands magasins parisiens, où tous les articles sont présentés ensemble, au sein d'un seul immense espace – ou bien selon le modèle plus récent de la division en cellules, qui chacune contient une enseigne précise.

    J'aime le Karstadt à Sarrebrück.

    J'aime le centre Saint-Sébastien à Nancy.

    J'y ai d'innombrables souvenirs d'enfance ou de mes années d'étudiant. J'aime les lieux artificiels de manière générale, comme les zoos ou les parcs d'attraction : ce n'est pas le monde réel mais une version miniature, sécurisée et faite pour le plaisir. Les centres commerciaux me font le même effet, et ils ont un charme spécifique qui est qu'on y est à l'intérieur ; pas de ciel, pas de soleil ni de lune, pas d'oiseaux, pas de grand air, on est, comme dans le métro, dans un espace 100 % humain. Une sorte de rêve, d'espace d'autonomie totale, de séparation totale avec le monde réel. Un espace entièrement social et symbolique. J'aime aussi ces lieux non pas en dépit du fait qu'ils vieillissent mal mais à cause de lui ; la saleté, la moisissure, la pollution, prennent rapidement le pas sur les surfaces propres et neuves. J'ai toujours aimé la crasse de la ville. C'est pour ça que j'ai toujours aimé Nancy. Même si cette attirance n'est pas exempte d'angoisse. La pollution, la grisaille, la crasse, le béton, les labyrinthes de couloirs et d'escaliers sont répugnants et attirants comme la mort.

    Dans mes rêves plus récents, le décor change un peu ; ce n'est pas un Saint-Sébastien obscur mais des centres commerciaux qui ressemblent désormais à ceux de mon enfance, en terme de décoration, d'ameublement, de matériaux typiques des années 70. Au fur et à mesure que je vieillis, mes rêves creusent plus profond.

    ENGLISH

    I'm in a shopping arcade – something like the Saint-Sébastien mall, but darker, more "shut-in", old-fashioned, and steeped in a sense of dirtiness and decay. I walk past several shops – I can’t remember what kind, maybe electronics or phone stores. I enter a kebab place, not to eat, but for some other reason; maybe to wait for someone, or to access another part of the shopping center. The layout is labyrinthine, and the boundary between indoors and outdoors is extremely blurred. In a back room, I witness a scene involving the owner – or owners – and perhaps a woman; the preparation of an attack? Some shady goods being stored there? I decide to slip away quietly and exit through a door that leads into a stairwell – very 1970s, with marble and wooden railings – inside a residential building. I go down to the ground floor, where there are large glass doors making up the entire façade. I’m locked inside.

    *

    I’ve always loved shopping arcades–whether they follow the model of Parisian department stores, with all items displayed together in one massive space, or the more recent design divided into individual units, each housing a specific brand.

    I love the Karstadt in Saarbrücken.

    I love the Saint-Sébastien mall in Nancy.

    I have countless memories there from childhood and my student years. I’ve always loved artificial places in general, like zoos or amusement parks: they’re not the real world, but a miniature, safer, pleasure-oriented version of it. Shopping malls have the same effect on me, with a special charm: you're indoors–no sky, no sun or moon, no birds, no fresh air. Like in the subway, you're in a 100% human-made space. A kind of dream, a space of total autonomy, total separation from the real world. A space that is entirely social and symbolic. And I don’t love these places in spite of the fact that they age poorly – I love them because of it. Dirt, mold, pollution quickly overtake clean, new surfaces. I’ve always liked urban grime. That’s why I’ve always liked Nancy. Even though this attraction comes with a touch of anxiety. Pollution, drabness, filth, concrete, the labyrinths of hallways and stairwells–they’re revolting and alluring, like death.

    In my more recent dreams, the scenery shifts slightly: it’s no longer a dark Saint-Sébastien but shopping centers that now resemble those of my childhood, in terms of decor, furnishings, and the materials typical of the 1970s. As I grow older, my dreams dig deeper.

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  • Sernam

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  • Avec Céline / With Céline (1995)

    FRANÇAIS

    Je raccompagne Céline chez elle, rue de Mon-Désert. Les rues baignent dans une lumière orange étrange,  excessivement colorée, mais malgré le fait que ce soit une couleur chaude, le tout a un côté malaisant, bizarre dans le sens déplaisant du terme. Des voitures sont stationnées absolument partout, une véritable invasion automobile. Là aussi cela a quelque chose d'étrange et d'excessif, renforcé par le fait qu'on ne croise absolument personne, et qu'il n'y a aucun bruit. D'autres rues du quartier sont plongées dans une obscurité complète. 

    ENGLISH

    I'm walking Céline home, to her place on Rue de Mon-Désert. The streets are bathed in a strange orange light – excessively saturated. And even though it's a warm color, the whole scene feels unsettling, disturbing in an unpleasant way. Cars are parked absolutely everywhere, a true invasion of automobiles. That too feels strange and over the top, made even more surreal by the complete absence of people and the total silence. Other streets in the neighborhood are plunged into complete darkness.

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