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Dans les villes grises / In the grey cities

  • Pièces vides

    FRANÇAIS

    J'ai emménagé dans un appartement tout en haut d'un immeuble. Je monte les escaliers étroits, juste derrière deux jeunes filles, basanées (gitanes peut-être) et portant des robes très moulantes, très courtes. Leurs peaux sont recouvertes d'une fine pellicule de sueur, très érotique. Elles pouffent un peu. Arrivés en haut, les filles s'installent dans ce qui semble être leur logement mais qui est en quelque sorte ouvert, sans séparation avec les escaliers. Je cherche mon propre appartement, que je ne connais pas encore, en ouvrant des portes au hasard (des portes comme celles qui séparent les pièces dans une maison, et non pas des portes d'entrée de logement) et en traversant des pièces vides pour la plupart.

    ENGLISH

    I moved into an apartment at the very top of a building. I climb the narrow stairs, just behind two young dark-skinned girls (perhaps gypsies) wearing very tight, very short dresses. Their skin is covered with a thin film of sweat, very erotic. They giggle a little. Upon reaching the top, the girls settle into what seems to be their place but is somehow open, with no separation from the stairs. I look for my own apartment, which I don’t know yet, opening doors at random (doors like those that separate rooms in a house, not entrance doors to apartments) and passing through mostly empty rooms.

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  • Spotlights

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    FRANÇAIS

    L'odeur d'humidité et de cave, mêlée à celle de la machine à fumer ; l'odeur magique, disparue, des cigarettes, mêlée à celle de la bière qui flotte dans l'air ; la chaleur des corps et des spotlights ; Joy Division, The Cure, Dead Can Dance, Cocteau Twins, à un volume assourdissant.

    ENGLISH

    The smell of dampness and cellar, mixed with that of the smoke machine; the magical, vanished scent of cigarettes, mingled with the beer floating in the air; the warmth of bodies and spotlights; Joy Division, The Cure, Dead Can Dance, Cocteau Twins, at a deafening volume.

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  • Meyerbach (2005)

    FRANÇAIS

    Vers l'âge de trente ans, assez peu de temps avant de perdre ma mère, j'avais entrepris avec ma sœur et elle une visite des lieux d'où est originaire notre famille, de son côté. Une ferme, un village sans intérêt au bord de la route...

    Mais il y eut aussi une journée dans cette ville près de Paris où elle nous a amené jusqu'à une grande maison blanche, assez décrépite, qui me faisait penser aux quelques maisons appartenant à l'armée, et plus ou moins abandonnées, de l'avenue Joffre, dans ma propre ville – héritage de l'occupation allemande après 1871. Elle nous expliqua que la maison s’appelait « Meyerbach ».

    C'était devenu un genre d'orphelinat ou de foyer pour adolescents et jeunes adultes en difficulté. Nous avions un ancêtre qui y avait vécu, quand c'était une maison de maître. Était-il le maître en question ou un employé, je ne le saurai jamais. Le moment était assez émouvant ; j'avais très envie d'entrer dans ce bâtiment pour l'explorer, le découvrir – alors que je ne m'étais jamais interrogé sur l'existence même d'une telle maison, et que je serais passé à côté sans y accorder la moindre attention si ma mère ne nous l'avait pas signalée, j'éprouvais maintenant le besoin de l'intégrer à ma vie, de la faire mienne ou de m'intégrer à elle, à son histoire, même à sa vie actuelle, m'apprêtant après tout moi aussi à devenir orphelin, sous peu, et errant dans la vie au même titre que les jeunes personnes qui y vivaient.

    ENGLISH

    Around the age of thirty, not long before losing my mother, my sister, she, and I undertook a visit to the places where our family comes from, on her side. A farm, a village of little interest by the roadside...

    But there was also a day in that town near Paris where she took us to a large white house, quite run-down, which reminded me of the few houses belonging to the army, more or less abandoned, on Avenue Joffre, in my own town – a legacy of the German occupation after 1871. She explained to us that the house was called “Meyerbach”.

    It had become a kind of orphanage or a home for troubled teenagers and young adults. We had an ancestor who had lived there, when it was a manor house. Whether he was the master in question or an employee, I will never know. The moment was quite moving; I really wanted to enter that building to explore it, to discover it – whereas I had never even wondered about the very existence of such a house, and would have passed it by without paying it the slightest attention if my mother hadn’t pointed it out to us, I now felt the need to integrate it into my life, to make it mine or to integrate myself into it, into its history, even into its current life, preparing, after all, to become an orphan myself soon, and wandering through life just like the young people who lived there.

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  • Rentrée 1999

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    FRANÇAIS

    Je scanne pour la première fois les négatifs de ma jeunesse, ces jours-ci, et non seulement je découvre des photos que je n'avais jamais fait développer mais je redécouvre, et c'est presque tout aussi frappant, des photos que jusqu'ici je ne voyais plus que via des scans d'assez mauvaise qualité faits au début des années 2000 et dont je m'étais contenté jusque là.

    Le passage du temps équivaut normalement à la perte d'information, que ce soit en perte de qualité, ou par la perte, au sens propre, du document lui-même. Ici, curieusement, j'ai à quarante-cinq ans le privilège de voir pour la première fois des traces en haute définition de mon propre passé – de la même manière qu'après toute une vie de visionnages à la télé, sur VHS ou sur des DVD mal encodés, je découvre aujourd'hui certains vieux films qui ont compté pour moi avec une image absolument parfaite, comme s'ils venaient de sortir au cinéma.

    Et que dire des archives filmiques du début du XXè siècle auxquels l'IA donne une nouvelle propreté, une fluidité de mouvement qui ressuscite tout ce qu'elles montrent ? 

    Cette rentrée 99 avait commencé très studieusement par un après-midi à fumer des joints dans cet immeuble délabré de la rue du Placieux, où il ne fallait pas s'appuyer à la rambarde, dans l'escalier, car elle était sur le point de se détacher ; j'en avais le vertige et j'en ai rêvé un certain nombre de fois, sous diverses formes.

    1) Avec David et sa copine, et plein de goths devant un immeuble banal. On attend le début d'une soirée. Les portes finissent par s'ouvrir et tout le gens s'en vont, d'un coup. Je les sens partir plus que je ne les vois : j'ai les yeux rivés sur la cage d'escalier de l'immeuble, qui tangue comme s'il y avait un tremblement de terre.

    2)  Je dois aller dans un appartement HLM avec un orchestre classique pour animer une soirée chez un particulier. J'ai du mal à trouver l'appartement, les numéros ne correspondent pas, les HLM sont d'horribles cages d'escaliers sales au-delà des mots, vieilles, taguées, pas éclairées... Nous finissons par nous retrouver dans un appartement mais je réalise que ce n'est pas le bon. Il n'y a personne dedans. Pendant que l'orchestre joue, je ressors à la recherche du bon numéro. C'est encore pire qu'avant, il y a des parties en ruines où l'on ne peut plus monter, des bouts de rambarde manquants, et toujours personne.

    3) Je descends un escalier, probablement à la fac ou dans un endroit du genre. La cage d'escalier en elle-même est immense, et les escaliers, qui longent les quatre murs, sont étroits. Les murs sont nus. Aucun décor ni portes, on est comme dans un silo rectangulaire. À un moment donné, en plein milieu d'un « étage », les marches s'arrêtent, donnant sur le vide. Cette seule vision me donne le vertige et m'emplit d'une angoisse autant morale que physique. Avec difficulté, au ralenti, je rebrousse chemin, pour constater que derrière moi, l'escalier a changé ; il est encore plus étroit et semble effondré, voire fondu, formant par moment une simple plateforme de métal et de pierre mêlées, sur lequel je dois ramper pour remonter.

    J'avais sympathisé avec Laetitia je ne sais plus comment, par un autre après-midi à errer en suivant plus ou moins passivement d'autres étudiants affairés à quelque chose (des courses ? un travail pour la fac ?) dans le quartier où elle vivait, aux abords du Monoprix de Villers-lès-Nancy, ce cube de béton, soviétoïde, posé là comme un vaisseau extraterrestre ou une Kaaba dédiée au dieu de la consommation. Tout le quartier était gris, bétonné, adorable.

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    Elle vivait dans un chaos indescriptible, le contenu de ses armoires et de ses tiroirs presque constamment vidé au sol ou sur le lit, comme si après un cambriolage elle avait décidé d'en rester là.

    ENGLISH

    These days, I’m scanning the negatives from my youth for the first time. Not only am I discovering photos I never had developed, but I’m also rediscovering – almost just as strikingly – photos I had only seen through low-quality scans made in the early 2000s, which I had been content with until now.

    Normally, the passage of time means the loss of information – whether in terms of image quality or through the actual loss of the document itself. But here, curiously, at forty-five years old, I have the privilege of seeing high-definition traces of my own past for the first time – just like when, after a lifetime of watching movies on TV, on VHS, or poorly encoded DVDs, I now discover some of the old films that mattered to me with a flawless image, as if they had just premiered in cinemas.

    And what can be said about early 20th-century film archives, now given new clarity and fluid motion by AI – resurrecting everything they depict?

    That fall of ’99 began very studiously with an afternoon spent smoking joints in that dilapidated building on rue du Placieux, where you couldn’t lean on the stair railing – it was about to come loose. I felt dizzy just looking at it, and I’ve dreamed of that staircase many times since, in various forms:

    1) With David and his girlfriend, and a bunch of goths standing in front of an ordinary apartment building. We're waiting for a party to start. Eventually, the doors open and everyone suddenly leaves. I feel their departure more than I see it: my eyes are fixed on the building’s staircase, which sways as if in an earthquake.

    2) I’m supposed to go to a housing project apartment with a classical orchestra to play at someone’s private party. I struggle to find the right apartment – none of the numbers match. The buildings are horrid: stairwells beyond filthy, ancient, graffitied, dark... We end up in one apartment, but I realize it’s the wrong one. No one’s inside. While the orchestra plays, I head back out in search of the right place. It’s even worse than before – some areas are in ruins, inaccessible, sections of railing missing, and still no one around.

    3) I’m descending a staircase – probably at the university or somewhere similar. The stairwell itself is enormous, with narrow stairs running along the four walls. The walls are bare. No decoration, no doors – we’re inside something like a rectangular silo. At some point, halfway through a « floor » the stairs just stop, giving way to empty space. The sight alone fills me with vertigo and a dread that’s both moral and physical. Slowly, with difficulty, I try to go back, only to find the stairs behind me have changed: they’re even narrower and seem to have collapsed – or melted – forming, at times, just a platform of mixed stone and metal I have to crawl across to get back up.

    I became friends with Laetitia – I no longer remember how – during another afternoon spent wandering, more or less passively following some other students who were busy with something (shopping? a university project?) in the neighborhood where she lived, near the Monoprix in Villers-lès-Nancy: that brutalist concrete cube, Soviet-esque, dropped there like an alien spaceship or a Kaaba devoted to the god of consumerism. The whole neighborhood was grey, full of concrete – and utterly charming.

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    She lived in indescribable chaos: the contents of her drawers and cupboards were almost always strewn across the floor or the bed, as if, after a burglary, she’d simply decided to leave things that way.

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  • Appartement secret / Secret appartment

    FRANÇAIS

    Une fête foraine, un soir d'été. Je m'y balade, accompagné, avec mon appareil photo. Ensuite, je suis avec ma collègue Éliane, à qui je dis que j'ai un appartement secondaire et secret, dans un village à la campagne, quelque part en Lorraine – peut-être sur la route entre Nancy et Blâmont. Sensation de nuit, de protection, de sérénité, lié à cet appartement secret où je peux me cacher et me ressourcer si j'ai besoin de m'y rendre, en pleine nuit.

    ENGLISH

    A funfair on a summer evening. I'm walking around with my camera, accompanied by someone. Then I'm with my colleague, to whom I say that I have a secret second home in a village in the countryside, somewhere in Lorraine – perhaps on the road between Nancy and Blâmont. A feeling of night, of protection, of serenity, linked to this secret home where I can hide and recharge my batteries if I need to go there in the middle of the night.

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  • Nathalie

    FRANÇAIS

    C'est ma première soirée seul à Nancy. J'ai dix-huit ans. Il fait une chaleur insoutenable, et depuis la veille j'évolue dans une hébétude alcoolique entrecoupée de retraites, torse nu, dans la cage d'escalier de mon immeuble où l'obscurité et le silence sont complets. Je marche au hasard dans la ville. J'ai vaguement conscience de descendre vers le grand parc de la Pépinière, découvert la veille. Une femme en robe noire, au regard vide, me croise, au carrefour d'une rue dont je retiens le nom : Damerval. Je l'entends s'effondrer, derrière moi, à quelques mètres. Je l'aide à se relever et fais signe à un type qui approche, que je vais m'en occuper. Elle est complètement confuse, me tutoyant d'emblée. Elle me dit qu'elle habite rue de la Source et je décide de la ramener chez elle, même si je n'ai aucune idée d'où cela se trouve. Elle m'attire énormément et je me fais des films mentaux pendant qu'elle divague. Elle finit par me parler de sa dépendance au Subutex, de son fils mort, de son père qui s'est tiré une balle dans la bouche. Elle s'appelle Nathalie. Elle me dit qu'elle vit avec un certain Hassan ou Hassen, qu'elle décrit comme obèse et ayant « le coeur sur la main ». Arrivés chez elle, elle trouve porte close et agonit d'injures le Hassan ou Hassen en question, manifestement absent, puis nous redescendons. Elle me dit qu'elle comptait travailler ce soir et je finis par comprendre.

    Quand nous ressortons Hassan ou Hassen arrive, obèse au-delà de toute mesure, des bagues aux doigts, un mauvais sourire. La fille essaie de marcher toute seule, trébuche. Elle finit assise à même le sol, dos au mur, dans la ruelle, les cuisses écartées, défaite. Sa culotte noire, transparente, ne cache rien. Je vais pour l'aider à se relever mais Hassan ou Hassen me dit « Laisse. Il va falloir qu'elle se lève toute seule, il faudra bien qu'elle y arrive », sur un ton serein, dénué de toute compassion comme de toute méchanceté, et avec, à mon égard, une curieuse complicité, ou quelque chose qui relève d'une initiation. Elle parvient à se relever au bout d'un petit moment puis ils rentrent chez eux. Elle me dit, avant de nous quitter, que c'est bon pour le plan à trois, qu'untel est au courant, et je ne sais pas si dans son état elle me confond avec un autre, ou si elle joue la comédie devant son lui pour une raison quelconque. Mais elle m'embrasse sur la bouche avant de disparaître. Pendant des années qui suivent, je reviens sans arrêt dans cette rue. Et jamais je ne la revois, ni rue de la Source, ni ailleurs.

    Je ne me souviens plus de son visage. Elle est devenue un fantôme comme tant d'autres. J'ai souvent croisé, rue de la Source, une prostituée âgée, perpétuellement debout, parfois assise sur une chaise de bois. Elle se tenait à l'angle avec la rue Saint-Michel, et quasiment devant l'immeuble où Nathalie m'avait fait entrer – au numéro 20, probablement. J'aurais pu l'interroger ; je ne l'ai jamais fait.

    ENGLISH

    It's my first evening alone in Nancy. I'm eighteen. The heat is unbearable, and since the day before I’ve been drifting in an alcoholic stupor, broken up by shirtless retreats into the stairwell of my building, where darkness and silence are absolute. I wander through the city without direction. I’m vaguely aware I’m heading toward the big park, the Pépinière park, which I discovered the day before. A woman in a black dress, with a vacant look in her eyes, crosses my path at the corner of a street whose name I remember: Damerval. I hear her collapse behind me, just a few meters away. I help her up and wave off a man who’s approaching, signaling that I’ll take care of it. She’s completely disoriented, addressing me informally right away. She says she lives on Rue de la Source, and I decide to walk her home, though I have no idea where that is. I’m incredibly drawn to her and start playing out mental fantasies while she rambles. Eventually she tells me about her Subutex addiction, her dead son, her father who shot himself in the mouth. Her name is Nathalie. She says she lives with someone named Hassan or Hassen, whom she describes as obese and "with a heart of gold". When we arrive, the door is locked. She curses out the absent Hassan or Hassen, then we go back down. She tells me she was supposed to be working tonight, and I finally understand.

    As we step outside again, Hassan or Hassen shows up – grotesquely obese, rings on every finger, wearing a sly, unpleasant smile. The woman tries to walk on her own but stumbles. She ends up sitting on the ground, back against the wall, legs spread, undone. Her black, transparent underwear hides nothing. I go to help her up, but Hassan or Hassen stops me: "Leave her. She’s going to have to get up on her own, sooner or later", he says calmly, without either cruelty or compassion, and with, toward me, a strange sort of complicity – or something that felt like an initiation. She manages to get up after a while, and they go inside. Before leaving, she tells me the threesome is on, that someone’s been informed, and I can't tell if in her state she’s mistaking me for someone else, or if she’s putting on an act for him for some reason. But she kisses me on the mouth before vanishing. For years afterward, I keep returning to that street. I never see her again – not on Rue de la Source, not anywhere.

    I no longer remember her face. She’s become a ghost, like so many others. I often came across an older prostitute on Rue de la Source, always standing, sometimes sitting on a wooden chair. She stood on the corner with Rue Saint-Michel, almost in front of the building where Nathalie had taken me in – number 20, probably. I could have asked her about Nathalie. I never did.

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  • Fontaine

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  • Matin gris / Grey morning

    FRANÇAIS

    Je marche dans ce qui semble être une grande ville, sur une chaussée qui borde un immense espace ouvert (cerné de rues où circulent les voitures) faisant penser au cours Léopold à Nancy, en bien plus grand. Je ne crois pas être accompagné mais je marche à côté d'un groupe d'autres personnes. Le temps est sombre, gris, pluvieux, mais d'une façon agréable, réconfortante comme un temps de rentrée des classes. Le sol est trempé et j'avance en glissant sur l'eau, comme si je faisais du ski. Je parle à quelqu'un, peut-être mentalement, de bâtiments ou de choses que je veux voir à quelques dizaines de mètres, sur le même vaste plan que nous sommes en train de  traverser. Je sais que je suis déjà venu ici mais sans vraiment prendre mon temps. À un croisement, je passe au passage piéton mais m'arrête au milieu pour une raison que j'ai oubliée. Je me retourne et vois derrière moi un élément de décor que je n'avais pas remarqué – je ne sais plus quoi. Je le prends en photo, plusieurs fois, découpé sur les immeubles bourgeois et le ciel pluvieux, sombre, à la fois menaçant et réconfortant.

    récits de rêves,rêves,rêve

    Mon esprit semble avoir fait un amalgame entre la pochette de ce disque que j'ai écouté ces jours-ci et le cours Léopold et ses abords – Dieu sait pourquoi.

    ENGLISH

    I'm walking through what seems to be a large city, along a pavement bordering a vast open space (surrounded by streets where cars pass), reminiscent of the Cours Léopold in Nancy – only much larger. I don't think I'm accompanied, but I'm walking alongside a group of other people. The weather is dark, grey, rainy, but in a pleasant, comforting way – like the weather at the start of a new school year. The ground is soaked, and I glide forward over the water, as if skiing. I'm talking to someone – maybe only in my head – about buildings or places I want to see a few dozen meters away, on the same vast plane we're now crossing. I know I've been here before, but never really took the time. At an intersection, I cross at the pedestrian light but stop halfway through for a reason I've forgotten. I turn around and see behind me something in the scenery I hadn't noticed before – I no longer know what it was. I take a photo of it, several times, silhouetted against the bourgeois buildings and the rainy, dark sky – both threatening and strangely comforting.

    récits de rêves,rêves,rêve

    My mind seems to have conflated the cover of this record I’ve been listening to lately with the Cours Léopold and its surroundings – God knows why.

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  • Haguenau (2013)

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  • Pension de famille / Boarding house (1996)

    FRANÇAIS

    Je suis seul et arrive dans une espèce de pension de famille, en région parisienne. J'ai réservé pour trois jours. Il n'y a personne à part le propriétaire. L'établissement est minuscule, mais avec un nombre invraisemblable de pièces, de petits couloirs, d'escaliers. Tout est chaleureux, boisé, avec d'innombrables petits bibelots. Une vraie maison de poupées, et une maison de famille en même temps – une maison de famille telle que je n'en ai jamais connue dans ma vie et n'en connaîtrai probablement jamais. Cette idée me frappe. Une fois dans la chambre, je me mets à pleurer, sans savoir vraiment pourquoi ; à la fois de tristesse et de soulagement d'être enfin dans un tel endroit.

    ENGLISH

    I am alone and arrive at a sort of boarding house in the Paris region. I’ve booked for three days. There is no one there except the owner. The place is tiny, but with an unbelievable number of rooms, small corridors, and staircases. Everything is warm and wooden, filled with countless little knickknacks. A real dollhouse, and a family home at the same time – a family home unlike any I’ve ever known in my life and probably never will. This idea strikes me. Once in the room, I start to cry, without really knowing why; both from sadness and from relief at finally being in such a place.

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  • Campus (2015)

    FRANÇAIS

    J’erre dans les couloirs de la fac de lettres, exceptionnellement vides, repeints de frais, comme un cadeau que me ferait le destin ; me laisser déambuler ici, enfin seul, comme dans un rêve ou dans mes souvenirs matérialisés – car tous mes souvenirs ou presque sont des souvenirs solitaires.

    Des rideaux opaques, grisâtres, comme teintés par des siècles de poussière et de pénombre, cachent l'intérieur de certains bureaux, comme des maisonnettes au milieu des couloirs. Des mondes imbriqués, cachés. Certains sont manifestement occupés ; on devine des lampes allumées à travers le tissu. Aucun bruit ne s'en échappe. Qui est là ?

    Un peu plus loin, des portes en verre armé laissent filtrer des lumières rouges, ou bleues, intense et étranges, comme si l’on avait installé dans les salles qu’elles cachent des projecteurs de couleurs. Et la lueur verdâtre qui s’échappe des toilettes publiques. Entre tout cela, des poches d’ombres, des couloirs déserts aux ombres interminables. On a l'impression d'avancer dans un espace qui pour toujours existe dans un temps qui n'est ni le jour, ni la nuit.

    L'architecture brutaliste, uniformément grise des bâtiments, lorsqu'on les entrevoit par une fenêtre, ne laisse rien deviner du monde chaud, intime, d'ombres et de poches de couleurs qu'ils recèlent.

    ENGLISH

    I wander through the halls of the humanities building, exceptionally empty, freshly repainted, like a gift from fate; letting me roam here, finally alone, as if in a dream or in my memories made tangible – for all my memories, or almost all, are solitary ones.

    Opaque, grayish curtains, as if stained by centuries of dust and gloom, hide the interiors of certain offices, like little houses nestled within the corridors. Interlocking, hidden worlds. Some are clearly occupied; you can make out the glow of lamps behind the fabric. No sound escapes. Who’s in there?

    A bit further on, doors of reinforced glass let through red or blue light, intense and strange, as if colored spotlights had been installed in the rooms beyond. And the greenish glow leaking from the public restrooms. Between all this, pockets of shadow, deserted corridors with endless silhouettes. It feels like moving through a space that forever exists in a time that is neither day nor night.

    The brutalist architecture, uniformly gray, glimpsed through a window, gives no hint of the warm, intimate world inside—a world of shadows and pockets of color it secretly holds.

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  • Un monde de ruelles / A world of backstreets (2011)

    exploration psychogéographique,être perdu,hébétude,larmes,hortensias

    exploration psychogéographique,être perdu,hébétude,larmes,hortensias

    FRANÇAIS

    Des après-midi entières j'avance hébété dans les rues de quartiers qui me sont inconnus. Le sentiment d'être perdu, de me perdre volontairement, mêlé au choc de la vision de certains immeubles, de certaines ruelles, de certains détails comme des volets rouillés ou des hortensias morts dans un jardinet, me mènent au bord des larmes. Je parle seul avec la conscience que les passants, les automobilistes me voient, mais je crois en leur réalité encore moins qu'en la mienne.

    Je m'enfonce de plus en plus dans un monde toujours plus éloignée du centre et des lieux de vie, un monde de ruelles et d'arrière-cours, d'entrées d'immeuble sordides, de fenêtres opacifiées, de rideaux vieillots et sales, de rouille et d'odeurs de cave, où je peux enfin trouver le repos.

    ENGLISH

    Entire afternoons I wander dazed through the streets of neighborhoods unknown to me. The feeling of being lost – of deliberately losing myself – mixed with the shock of seeing certain buildings, certain alleyways, certain details like rusted shutters or dead hydrangeas in a tiny garden, brings me to the verge of tears. I talk to myself, fully aware that passersby and drivers can see me, but I believe in their reality even less than in my own.

    I sink deeper and deeper into a world ever more removed from the center and from places where life happens  – a world of alleyways and backyards, of sordid building entrances, of clouded windows, faded and dirty curtains, rust and the smell of damp cellars, where I can finally find rest.

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  • Belle époque

    FRANÇAIS

    Un réseau de rues d'une vieille ville (arcades, ruelles, escaliers). Quelqu'un est là que je connais. Un peu plus tard c'est Eugénie et moi qui visitons un immeuble désaffecté. Il y fait sombre, des murs sont effondrés et se répandent en gravas sur le sol. Des escaliers à moitié détruits. Nous arrivons dans un appartement luxueux, Belle Époque. Il appartient à une femme que nous connaissons. Plus tard j'y retourne mais il fait de plus en plus noir et l'immeuble est de plus en plus délabré. Je ne retrouve plus l'appartement.

    ENGLISH

    A network of streets in an old town (arcades, alleyways, staircases). Someone I know is there. A bit later, Eugénie and I are visiting an abandoned building. It’s dark inside, some walls have collapsed and rubble is scattered across the floor. Half-destroyed staircases. We arrive in a luxurious Belle Époque apartment. It belongs to a woman we know. Later, I return there, but it’s getting darker and the building is becoming more and more dilapidated. I can’t find the apartment anymore.

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  • La fatigue et la vieillesse (non-daté) / Old age and fatigue (undated)

    FRANÇAIS

    J'entre dans des cours intérieures, des résidences muettes et qui semblent inhabitées. L'humidité et la moisissure mangent le crépi gris, contaminent tout de leur noirceur puante, qui vide le cœur de tout courage. Combien d'étudiants, de jeunes hommes et de jeunes femmes, dans ces murs qui étaient vieux avant même d'avoir été achevés ? Je les imagine au début de leur vie adulte, avec quelque chose sur le visage qui trahit déjà la fatigue et la vieillesse, une  fatigue qui émane des murs et les irradie jusqu'au plus profond de leurs cellules. Eux aussi, vieux avant d'avoir été construits.

    ENGLISH

    I enter inner courtyards, silent residences that seem uninhabited. Dampness and mold eat away at the gray plaster, contaminating everything with their foul blackness, which empties the heart of all courage. How many students, young men and women, within these walls, that were old even before they were finished? I picture them at the beginning of their adult lives, with something on their faces already betraying fatigue and old age, a fatigue that emanates from the walls and irradiates them down to the deepest part of their cells. They too, old before they were built.

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  • Attentat / Attack

    FRANÇAIS

    Je suis dans une galerie commerciale type centre Saint-Sébastien, en plus obscur, plus « renfermé », vieillot et qui dégage une impression de saleté, de vétusté. Je passe en revue plusieurs boutiques, je ne sais plus de quoi – peut-être d'informatique ou de téléphonie. J'entre dans un kebab, pas pour consommer, mais pour une autre raison ; attendre quelqu'un ou peut-être accéder à une autre partie du centre commercial, car il est labyrinthique et la notion d'intérieur et d'extérieur y est très floue. J'assiste à une scène dans une arrière-boutique, avec le ou les patrons, et peut-être une femme ; la préparation d'un attentat ? Des objets louches stockés là-dedans ? Je décide de m'éclipser, et ressors par une porte qui mène à la cage d'escalier (très 70's, en marbre et rambardes de bois) d'un immeuble d'habitation. Je descends au rez-de-chaussée où se trouvent de très larges portes vitrées, qui font toute la façade. Je suis enfermé à l'intérieur.

    *

    J'ai toujours aimé les galeries commerciales, qu'elles soient sur le modèle des grands magasins parisiens, où tous les articles sont présentés ensemble, au sein d'un seul immense espace – ou bien selon le modèle plus récent de la division en cellules, qui chacune contient une enseigne précise.

    J'aime le Karstadt à Sarrebrück.

    J'aime le centre Saint-Sébastien à Nancy.

    J'y ai d'innombrables souvenirs d'enfance ou de mes années d'étudiant. J'aime les lieux artificiels de manière générale, comme les zoos ou les parcs d'attraction : ce n'est pas le monde réel mais une version miniature, sécurisée et faite pour le plaisir. Les centres commerciaux me font le même effet, et ils ont un charme spécifique qui est qu'on y est à l'intérieur ; pas de ciel, pas de soleil ni de lune, pas d'oiseaux, pas de grand air, on est, comme dans le métro, dans un espace 100 % humain. Une sorte de rêve, d'espace d'autonomie totale, de séparation totale avec le monde réel. Un espace entièrement social et symbolique. J'aime aussi ces lieux non pas en dépit du fait qu'ils vieillissent mal mais à cause de lui ; la saleté, la moisissure, la pollution, prennent rapidement le pas sur les surfaces propres et neuves. J'ai toujours aimé la crasse de la ville. C'est pour ça que j'ai toujours aimé Nancy. Même si cette attirance n'est pas exempte d'angoisse. La pollution, la grisaille, la crasse, le béton, les labyrinthes de couloirs et d'escaliers sont répugnants et attirants comme la mort.

    Dans mes rêves plus récents, le décor change un peu ; ce n'est pas un Saint-Sébastien obscur mais des centres commerciaux qui ressemblent désormais à ceux de mon enfance, en terme de décoration, d'ameublement, de matériaux typiques des années 70. Au fur et à mesure que je vieillis, mes rêves creusent plus profond.

    ENGLISH

    I'm in a shopping arcade – something like the Saint-Sébastien mall, but darker, more "shut-in", old-fashioned, and steeped in a sense of dirtiness and decay. I walk past several shops – I can’t remember what kind, maybe electronics or phone stores. I enter a kebab place, not to eat, but for some other reason; maybe to wait for someone, or to access another part of the shopping center. The layout is labyrinthine, and the boundary between indoors and outdoors is extremely blurred. In a back room, I witness a scene involving the owner – or owners – and perhaps a woman; the preparation of an attack? Some shady goods being stored there? I decide to slip away quietly and exit through a door that leads into a stairwell – very 1970s, with marble and wooden railings – inside a residential building. I go down to the ground floor, where there are large glass doors making up the entire façade. I’m locked inside.

    *

    I’ve always loved shopping arcades–whether they follow the model of Parisian department stores, with all items displayed together in one massive space, or the more recent design divided into individual units, each housing a specific brand.

    I love the Karstadt in Saarbrücken.

    I love the Saint-Sébastien mall in Nancy.

    I have countless memories there from childhood and my student years. I’ve always loved artificial places in general, like zoos or amusement parks: they’re not the real world, but a miniature, safer, pleasure-oriented version of it. Shopping malls have the same effect on me, with a special charm: you're indoors–no sky, no sun or moon, no birds, no fresh air. Like in the subway, you're in a 100% human-made space. A kind of dream, a space of total autonomy, total separation from the real world. A space that is entirely social and symbolic. And I don’t love these places in spite of the fact that they age poorly – I love them because of it. Dirt, mold, pollution quickly overtake clean, new surfaces. I’ve always liked urban grime. That’s why I’ve always liked Nancy. Even though this attraction comes with a touch of anxiety. Pollution, drabness, filth, concrete, the labyrinths of hallways and stairwells–they’re revolting and alluring, like death.

    In my more recent dreams, the scenery shifts slightly: it’s no longer a dark Saint-Sébastien but shopping centers that now resemble those of my childhood, in terms of decor, furnishings, and the materials typical of the 1970s. As I grow older, my dreams dig deeper.

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  • Sernam

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  • Avec Céline / With Céline (1995)

    FRANÇAIS

    Je raccompagne Céline chez elle, rue de Mon-Désert. Les rues baignent dans une lumière orange étrange,  excessivement colorée, mais malgré le fait que ce soit une couleur chaude, le tout a un côté malaisant, bizarre dans le sens déplaisant du terme. Des voitures sont stationnées absolument partout, une véritable invasion automobile. Là aussi cela a quelque chose d'étrange et d'excessif, renforcé par le fait qu'on ne croise absolument personne, et qu'il n'y a aucun bruit. D'autres rues du quartier sont plongées dans une obscurité complète. 

    ENGLISH

    I'm walking Céline home, to her place on Rue de Mon-Désert. The streets are bathed in a strange orange light – excessively saturated. And even though it's a warm color, the whole scene feels unsettling, disturbing in an unpleasant way. Cars are parked absolutely everywhere, a true invasion of automobiles. That too feels strange and over the top, made even more surreal by the complete absence of people and the total silence. Other streets in the neighborhood are plunged into complete darkness.

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  • Foules / Crowds

    FRANÇAIS

    Je suis avec Sigrid, elle est en noir, belle, jeune, exactement comme quand nous nous fréquentions. Je sais qu'elle est en couple (ou peut-être est-ce moi) mais il y a quelque chose d'irrépressible entre nous. Ensuite nous marchons dans une rue commerçante, probablement celle de la ville où je vis. Je prends Sigrid par la main et elle se laisse faire. Nous entrons dans quelque chose, un endroit qui pourrait être un restaurant ou un hôtel, et qui a un étage où nous montons, et là aussi il y a une vaste salle pleine de monde, et pour une raison que j'ai oubliée c'est là que nous devons nous séparer.

    *

    Le monde est toujours plus vivant, plus chaud, plus peuplé, dans les rêves. Il n'y est pas encore silencieux, vide, immobile, mais encore jeune, ou jeune à nouveau ; comme Sigrid est dans ce rêve à nouveau la jeune fille de vingt ans que j'ai connue autrefois.

    Maintenant que j'y pense, cette scène dans le lieu public où nous entrons est une sorte de variation d'un épisode que nous avons réellement vécu, quand après cette rencontre chez elle à Metz, dans son appartement caché au fond d'une cour intérieure, nous étions sortis marcher ensemble au hasard et avions découvert ce restaurant au bord de l'eau, sur une plateforme de bois ; il faisait bon et grand soleil, et nous avions regardé quelques instants ces familles et ces touristes attablés. Nous n'étions pas du même monde qu'eux. Ou pour le dire autrement nous n'appartenions pas au monde du tout.

    *

    Moi qui aime le silence et la solitude, j'imagine de plus en plus souvent mon appartement rempli d'amis, qui y vivraient leur vie, papoteraient, écouteraient de la musique, regarderaient un film, taperaient quelque chose sur un ordi... chaque pièce, bondée, bruyante, vivante, sans que je n'aie besoin de m'occuper de qui que ce soit.

    ENGLISH

    I'm with Sigrid. She's dressed in black, beautiful, young – exactly as she was when we were seeing each other. I know she's in a relationship (or maybe I am), but there's something irrepressible between us. Then we're walking down a shopping street, probably the one in the city where I live. I take Sigrid's hand and she lets me. We enter a place, maybe a restaurant or a hotel, and it has an upper floor that we go up to. There, too, is a vast room full of people, and for a reason I’ve forgotten, that’s where we have to part.

    *

    The world is always more alive, warmer, more crowded in dreams. It hasn't yet gone silent, empty, still – it is still young, or young again; just as Sigrid, in this dream, is again the twenty-year-old girl I once knew.

    Now that I think of it, that scene in the public place where we go is a kind of variation on something that really happened – after that meeting at her place in Metz, in her apartment hidden deep inside a courtyard, we had gone out to walk together aimlessly and discovered that restaurant by the water, on a wooden deck. The weather was warm and the sun was shining brightly, and we had stood for a few moments watching those families and tourists at their tables. We weren’t part of their world. Or rather, we didn’t belong to the world at all.

    *

    Though I love silence and solitude, I find myself more and more often imagining my apartment filled with friends, living their lives there – chatting, listening to music, watching a film, typing away on a laptop... every room crowded, noisy, alive, without my needing to take care of anyone.

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  • À l'aveuglette / Blindly

    FRANÇAIS

    Je marche dans des rues entièrement noires où j'avance presque à l'aveuglette, me repérant grâce aux rares enseignes lumineuses, qui elles-mêmes n'offrent qu'une lueur faiblarde, insuffisante. Je suis probablement à Nancy. Je vais quelque part, je ne sais plus où. Mais je me rends compte à un moment donné que je me suis trompé ; au lieu d'être dans la rue où je voulais me rendre, je suis face à un bâtiment entouré d'un petit parc. Une école, un hôpital, une maison de retraite, quelque chose comme ça.

    ENGLISH

    I’m walking through completely dark streets, moving almost blindly, finding my way by the few illuminated signs, which themselves offer only a faint, insufficient glow. I’m probably in Nancy. I’m going somewhere, but I no longer know where. Then at some point, I realize I’ve made a mistake; instead of being on the street I intended to go to, I’m facing a building surrounded by a small park. A school, a hospital, a nursing home, something like that.

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  • Bonne franquette / Laid-back

    FRANÇAIS

    Devant mon immeuble, rue Guerrier de Dumast. Un corbillard, ou des types qui transportent un cadavre sur une civière. C'est Thierry, l'ex de Diane, qui m'explique que le défunt est tombé d'un échafaudage alors qu'il travaillait au noir. Quelques badauds, des gens en pleurs. Je m'entends pleurer moi aussi.

    Ensuite je suis dans un bistrot, dans la même rue. Chaleureux, à la bonne franquette. Je suis assis à une table avec d'autres personnes – le bar est bondé – près de la porte, qui est entrouverte. Différents groupes de musique de la rue viennent jouer devant la porte ou dans l'entrée du bistrot, dont un groupe de mecs des îles qui jouent du zouk.

    ENGLISH

    In front of my building, on Guerrier de Dumast street. A hearse, or some guys carrying a corpse on a stretcher. It’s Thierry, Diane’s ex, who explains to me that the deceased fell from scaffolding while working under the table. A few onlookers, people crying. I hear myself crying too.

    Then I’m in a bistro on the same street. Warm, casual, laid-back. I’m sitting at a table with other people – the bar is packed – near the door, which is ajar. Different street music groups come to play in front of the door or inside the bistro entrance, including a group of island guys playing zouk.

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  • Malls & arcades

    FRANÇAIS

    Un correspondant allemand, récemment :

    Mon colocataire  est obsédé par les très vieux centres commerciaux que l'on appelle généralement « arcades » ici ; ils dégagent souvent un sentiment d'abandon, différent de n'importe quel autre type d'endroit. Walter Benjamin a tenté d'écrire un livre gigantesque à leur sujet, qu'il n'a jamais terminé. Le centre commercial moderne est une continuation de ces espaces, et ont été – si je ne me trompe pas – « inventés » dans leur forme moderne par un socialiste qui espérait créer de nouveaux espaces communautaires, des hyper-villes dans le sens positif du terme (je viens de le chercher, il s'appelait Victor Gruen) - la réalisation est allée à l'encontre de l'idéal, mais je crois que l'idéal résonne encore d'une certaine manière dans ces lieux. La fascination qu'ils exercent sur les gens (y compris sur moi) semble prépondérante, et même ceux qui les détestent vocalement me paraissent impressionnés par eux. Et les centres commerciaux qui disparaissent aujourd'hui sous la pression d'Internet ajoutent encore un autre angle - ce qui semblait être l'ultime corruption capitaliste de l'espace est aujourd'hui dévoré par la double transformation capitaliste de l'espace en non-espace : L'interaction devient virtuelle, les espaces où elle se produisait auparavant deviennent des Niemandsland.

    *

    Ma réponse :

    Il y a quelque chose qui me fascine et m'attire dans le fait de vivre entièrement « à l'intérieur », que ce soit dans un endroit délabré et sale comme Kowloon ou dans les luxueuses galeries marchandes des capitales européennes, ou dans les malls à l'américaine – peut-être parce que plus encore qu'une rue dans une ville, c'est un espace entièrement humain, au sens « entièrement artificiel », où la nature n'existe plus du tout, pas même sous la forme du ciel au dessus de nos têtes. Ce sont aussi des lieux clos, délimités, des microcosmes pour le dire autrement, et chaque microcosme est un lieu qui inspire immédiatement des récits possibles, un certain sentiment romanesque ; on se demande quelles histoires peuvent s'y dérouler, quelles relations entre les habitants / personnages, etc. Avec toute l'intensité que la notion de huis-clos apporte à une histoire. C'est ce qui est fascinant dans IGH. Le roman se déroule entièrement dans une tour résidentielle luxueuse et ultramoderne de la fin des années 70, avec des appartements, des magasins, des écoles, des espaces de loisirs, etc. Au début, l'immeuble semble être un microcosme d'une société idéale, mais au fil du temps, des tensions sociales et économiques commencent à apparaître entre les différents étages de l'immeuble, marqués par des classes sociales distinctes : les riches résident dans les étages supérieurs, tandis que les résidents les plus pauvres occupent les étages inférieurs. Au fur et à mesure que l'infrastructure de l'immeuble se détériore et que l'approvisionnement en nourriture et en services devient irrégulier, le chaos s'installe et les habitants, confrontés à l'isolement et à l'effondrement des normes sociales traditionnelles, sombrent dans la violence et la désintégration psychologique. À la fin du roman, ils ont plus ou moins dégénéré en un état préhistorique (perte du langage, cannibalisme, guerres tribales, lutte pour les « femelles », etc.), ce qui signifie que IGH n'est clairement pas un roman réaliste ou une étude sociologique déguisée en roman. Tout cela a bien sûr quelque chose de surréaliste (Ballard a été influencé par ce mouvement) et de métaphorique. Enfant, Ballard a été prisonnier dans un camp japonais, à Shangai, pendant la Seconde Guerre mondiale, et cette expérience (être un enfant seul au milieu d'adultes, dans un microcosme et dans des conditions totalement anormales) a influencé l'ensemble de son œuvre. Par ailleurs, il a également écrit un roman sur un centre commercial : Que notre règne arrive. Je le recommande également.

    *

    J'ai trouvé une version PDF de The Arcades Project de Walter Benjamin pour ceux que cela intéresse.

    *

    Le hasard et / ou la nécessité ont fait que je suis tombé quelques jours après cet échange sur la bande dessinée Revoir Paris de Schuiten et Petters. J'ai été ému aux larmes. Cela m'a rappelé mes propres fantasmes d'adolescence et mes lectures de jeunesse, comme Tardi, qui mettait en scène le vieux Paris, que tout le monde connaît même sans y avoir vécu, et qui est évidemment le seul Paris, le vrai Paris, plus vrai que le Paris d'avant Haussman ou d'après Jacques Chirac. Mais au-delà de ça le choc de cette histoire repose d'une part sur le fait que presque jusqu'à la fin de l'histoire, à chaque fois que l'héroïne s'approche de Paris, elle perd connaissance pour une raison ou une autre et se réveille à nouveau loin du centre. J'ai bien cru qu'elle n'y parviendrait jamais et que « revoir Paris » resterait un fantasme inatteignable, à la You can't go home again.

    D'autre part il y a quelque chose de plus informulable, que j’appellerais la poésie du Temps, à défaut d'un autre terme : cette impression si forte que produit le fait de revoir, dans une fiction ou dans un rêve, un lieu réel, dont le nom, le souvenir, l'identité, sont connues, intimement et collectivement, et qui pourtant se présente sous un visage complètement différent, du fait du passage du temps.

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    L'héroïne de la BD visite, entre autres choses, la galerie Vero-Dodat. Je l'ai visitée moi-même, ainsi que la galerie Colbert et d'autres, avec mes parents, quand ils nous ont emmenés, ma sœur et moi, à Paris, dans notre adolescence. J'avais été fasciné par la statue d'Eurydice au centre de la galerie Colbert, que j'avais prise en photo en me disant que cela ferait une jolie pochette pour une démo de post-punk (ma grande passion musicale alors) et par les vitrines des boutiques très chic, très bourgeoises, mais mystérieuses également, vieillottes, surannées, comme surgies du monde 1900 dont parle Walter Benjamin.

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    « La Galerie Véro-Dodat est un passage couvert historique à Paris, France. Elle est située dans le 1er arrondissement, reliant la rue de Jean-Jacques Rousseau et la rue de Croix-des-Petits-Champs. Il a été construit en 1826 1).

    La Galerie Véro-Dodat est construite par deux charcutiers entre la rue Bouloi et la rue de Jean-Jacques Rousseau, entre le Palais Royal et les Halles, en 1826. C'était pendant la dynastie de la restauration des Bourbons au début des années 1800, lorsque les passages couverts ou galeries à Paris étaient de plus en plus populaires. Ils offraient aux riches des endroits chauds et secs pour faire du shopping et dîner les jours de pluie et de boue. À une époque où les rues n'étaient pas encore pavées et où les égouts n'existaient pas, les billards, les bistrots et les bains publics des galeries servaient de terrain de jeu pour les adultes de la classe moyenne émergente. À l'apogée de leur popularité, au milieu du XIXe siècle, on comptait plus de 150 passages. Cependant, avec l'avènement du grand magasin vers 1850, les galeries commencent à décliner. Aujourd'hui, il ne reste que dix-huit passages 2).

    Le Véro-Dodat fut l'un des premiers passages de Paris à être éclairé au gaz en 1830, et l'un des derniers à tomber en décadence. Son déclin a commencé sous le Second Empire avec la disparition des Messageries Laffitte et Gaillard. Classé monument historique le 9 juin 1965, il a été restauré en 1997 pour retrouver sa splendeur néo-classique du XIXe siècle, avec ses élégantes boutiques d'antiquités, d'objets d'art, de livres d'art et d'accessoires de mode.  »

    https://www.altaplana.be/fr/dictionary/galerie-vero-dodat

    ENGLISH

    A German correspondent recently wrote:

    "My roommate is obsessed with very old shopping centers, which are generally called ‘arcades’ here; they often give off a sense of abandonment unlike any other type of place. Walter Benjamin attempted to write a massive book about them, which he never finished. The modern shopping mall is a continuation of these spaces, and was – if I’m not mistaken – 'invented' in its modern form by a socialist who hoped to create new communal spaces, hyper-cities in the positive sense (I just looked it up, his name was Victor Gruen). The result went against the ideal, but I believe the ideal still resonates in some way within these places. The fascination they exert on people (including me) seems pervasive, and even those who loudly claim to hate them still seem impressed by them. And the malls that are now disappearing under the pressure of the Internet add yet another layer – what seemed to be the ultimate capitalist corruption of space is now being devoured by the double capitalist transformation of space into non-space: interaction becomes virtual, and the places where it once occurred become no-man’s-lands."

    And I replied:

    "There’s something that fascinates and attracts me about the idea of living entirely indoors – whether in a decaying and dirty place like Kowloon, or in the luxurious shopping galleries of European capitals, or in American-style malls. Perhaps it’s because even more than a city street, this is an entirely human space, in the sense of being entirely artificial – where nature no longer exists at all, not even as the sky above our heads.

    They are also enclosed places, bounded, microcosms if you will – and every microcosm is a place that immediately inspires possible stories, a kind of romantic feeling; you begin to wonder what kind of stories might unfold there, what relationships between the inhabitants / characters, and so on. With all the intensity that the idea of a closed space brings to a narrative.

    That’s what’s so fascinating about High-Rise. The novel takes place entirely within a luxurious, ultra-modern residential tower from the late 1970s, with apartments, shops, schools, leisure spaces, etc. At first, the building seems like a microcosm of an ideal society, but over time, social and economic tensions start to emerge between the different floors, each marked by a distinct social class: the rich live on the upper floors, while the poorer residents occupy the lower ones. As the building’s infrastructure deteriorates and the supply of food and services becomes erratic, chaos sets in, and the inhabitants – faced with isolation and the breakdown of traditional social norms – descend into violence and psychological disintegration. By the end of the novel, they’ve more or less degenerated into a prehistoric state (loss of language, cannibalism, tribal warfare, struggle over 'females', etc.), which means that High-Rise is clearly not a realistic novel or a sociological study disguised as fiction. It’s something surreal (Ballard was influenced by that movement), and metaphorical.

    As a child, Ballard was imprisoned in a Japanese internment camp in Shanghai during WWII, and that experience – being a child alone among adults, inside a microcosm and in completely abnormal conditions – influenced all his work. He also wrote a novel about a shopping mall: Kingdom Come. I recommend it as well."

    I also found a PDF version of Walter Benjamin’s Arcades Project, for anyone interested.

    Then, by chance or necessity, just a few days after this exchange, I stumbled upon the graphic novel Revoir Paris by Schuiten and Peeters. I was moved to tears. It reminded me of my own teenage fantasies and youthful reading – like Tardi, who depicted the old Paris that everyone knows, even if they’ve never lived there, and which is obviously the only real Paris, the true Paris – truer than the Paris before Haussmann or after Jacques Chirac.

    But beyond that, the shock of this story lies, on one hand, in the fact that almost until the end, every time the heroine gets close to Paris, she loses consciousness for one reason or another, and wakes up far away again. I really thought she’d never make it there – that seeing Paris again would remain an unreachable fantasy, like in You Can’t Go Home Again.

    On the other hand, there’s something harder to put into words – what I would call the poetry of Time, for lack of a better term: that powerful feeling you get when, in fiction or in a dream, you see again a real place whose name, memory, and identity are known – intimately and collectively – and yet it appears in a completely different light, transformed by the passage of time.

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    The heroine of the graphic novel visits, among other places, the Galerie Véro-Dodat. I visited it myself, along with Galerie Colbert and others, with my parents when they took my sister and me to Paris during our teenage years. I had been fascinated by the statue of Eurydice at the center of Galerie Colbert – I even took a photo of it, thinking it would make a nice cover for a post-punk demo (my great musical passion at the time) – and by the display windows of the very chic, very bourgeois shops, which also felt mysterious, old-fashioned, anachronistic, as if they had emerged straight out of the Belle Époque world Walter Benjamin wrote about.

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    "Galerie Véro-Dodat is a historic covered passageway in Paris, France. It is located in the 1st arrondissement, connecting Rue Jean-Jacques Rousseau and Rue de Croix-des-Petits-Champs. It was built in 1826.

    The Galerie Véro-Dodat was constructed by two butchers between Rue du Bouloi and Rue Jean-Jacques Rousseau, between the Palais Royal and Les Halles, in 1826. It was during the Bourbon Restoration dynasty in the early 1800s, a time when covered passages or galleries in Paris were becoming increasingly popular. They offered the wealthy warm, dry places to shop and dine on rainy, muddy days. At a time when the streets were still unpaved and sewers did not yet exist, the billiard rooms, cafés, and public baths of the galleries served as playgrounds for the emerging middle class. At the height of their popularity, in the mid-19th century, there were more than 150 passages. However, with the rise of the department store around 1850, the galleries began to decline. Today, only eighteen remain.

    Véro-Dodat was one of the first passages in Paris to be lit by gas in 1830, and one of the last to fall into disuse. Its decline began under the Second Empire with the disappearance of the Laffitte and Gaillard coach services. Classified as a historical monument on June 9, 1965, it was restored in 1997 to regain its 19th-century neoclassical splendor, now housing elegant shops specializing in antiques, art objects, art books, and fashion accessories."

    https://www.altaplana.be/fr/dictionary/galerie-vero-dodat

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  • Rue de Metz (2015)

    FRANÇAIS

    Un homme attend quelque chose, un large sac de courses à la main, dos à un commerce abandonné. De larges cartons vert sombre cachent l'intérieur du magasin, mais évoquent bizarrement quelque chose de vivant, de gai, comme les couleurs violentes des bidonvilles.

    Je longe une « cordonnerie clé minute ». Dans une faible lueur bleutée de crépuscule, la lumière chaude, accueillante, qui vient du magasin, donne envie d'y entrer – peut-être même d'y travailler. J'aime l'odeur du caoutchouc, du métal qui chauffe ; l'odeur des garages, de la graisse, des moteurs, du béton froid et humide et des chauffages d'appoint.

    Une section de rue où il n'y a aucune autre lumière que celle, insuffisante et jaunâtre, d'un lampadaire au premier étage d'un immeuble. On se croirait, fugitivement, dans une ville abandonnée, une ville de fin du monde, inhabitée, silencieuse et noire.

    J'entre dans un couloir qui donne sur les cuisines et la cave d'un restaurant. Le long des murs courent des câbles, des tuyaux métalliques. C'est l'envers du décor, la remise, la marge, dans le noir et sans bruit ni discours, qui m'a toujours attiré plus que la vie. Un escalier monte vers une poche d'obscurité totale. Peut-être vers des logements. Je les imagine silencieux et noirs, inhabités – ou alors par une population marginale, qui ne sortirait jamais et vivrait là comme dans un monde parallèle.

    ENGLISH

    A man waits for something, a large shopping bag in hand, his back to an abandoned shop. Dark green cardboard sheets cover the interior of the store, but strangely evoke something alive, joyful – like the vivid colors of shantytowns.

    I walk past a "key-cutting cobbler". In the faint bluish light of dusk, the warm, welcoming glow spilling from the shop invites you in – perhaps even to work there. I love the smell of rubber, heating metal; the scent of garages, grease, engines, cold damp concrete, and space heaters.

    A stretch of street where there is no other light than the weak, yellowish glow of a streetlamp on the first floor of a building. For a fleeting moment, it feels like an abandoned city, an end-of-the-world town, uninhabited, silent, and dark.

    I enter a corridor opening onto the kitchens and cellar of a restaurant. Along the walls run cables, metal pipes. It’s the backstage, the storage, the margin – in darkness and without noise or conversation – that has always attracted me more than life itself. A staircase climbs into a pocket of total darkness. Perhaps leading to apartments. I imagine them silent and black, uninhabited – or inhabited by a marginalized population, who would never come out and live there as if in a parallel world.

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  • IUT / Institute of Technology (1993)

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    FRANÇAIS

    J'aimais les vieux couloirs de l'IUT ; et plus encore ses cages d'escalier qui, à partir d'une certaine hauteur, étaient constamment désertes et silencieuses. Elles étaient comme des zones de tranquillité ou d'anonymat où je passais de temps à autre, quitte à faire un détour, pour le plaisir d'entrer quelques secondes dans cet espace étrange à l'écart de la fourmilière. Il m'arrivait d'en rêver. Ou de fantasmer à leur sujet. Je ne saurais pas dire quoi exactement ; peut-être de gravir - ou descendre - les marches éternellement, ou alors de découvrir des étages inconnus, nouveaux, fascinants.

    Ai-je montré ces couloirs, ces cages d'escalier, à Laura, lorsqu'elle était venue me rendre visite à Nancy ? L'ai-je rêvé ? L'ai-je simplement imaginé puis intégré fallacieusement au récit de ma vie ?

    « Elle vous avait suivi docilement dans les couloirs infinis de l'Université, toujours plus sombres, plus silencieux, au fur et à mesure que vous y avanciez ; parfois vous croisiez de petits groupes d'étudiants, silencieux, semblant attendre quelque chose, ou assis à des pupitres, à même le couloir. Vous vous étiez ensuite perdus dans d'interminables cages d'escaliers, où de nombreux d'étages s'avéraient inaccessibles, à travers leurs portes vitrées verrouillées, que d'autres couloirs, d'autres escaliers. »

    Je rêve encore régulièrement, je rêve régulièrement depuis vingt ans des couloirs de la fac de Lettres et de l'IUT, et de ceux de mon lycée, de ceux du collège... Des couloirs où je me perds, où je cherche une salle que je ne trouve pas, des couloirs que je hante en sachant que je n'ai plus rien à y faire, ou bien, au contraire, où je reviens pour acquérir quelque chose que j'ai raté à l'époque et qui me manque. Parfois bondés, bruyants, pleins de vie. Parfois silencieux et obscurs. Ils sont le lieu, quoi qu'il en soit, où se rencontrent le destin individuel dans ses moments les plus décisifs - la formation, les choix faits pour l'avenir - et la découverte de la vie collective, l'appartenance heureuse ou pénible au troupeau.

    ENGLISH

    I loved the old corridors of the Institute of Technology; and even more so its stairwells which, from a certain height, were constantly deserted and silent. They were like zones of tranquility or anonymity where I would occasionally pass through, even if it meant taking a detour, just for the pleasure of spending a few seconds in this strange space, apart from the bustle. Sometimes I dreamed of them. Or fantasized about them. I couldn’t say exactly what; maybe endlessly climbing – or descending – the steps, or discovering unknown, new, fascinating floors.

    Did I show those corridors, those stairwells, to Laura when she came to visit me in Nancy? Did I dream it? Did I simply imagine it and then deceitfully incorporate it into the story of my life?

    "She had obediently followed you through the endless corridors of the University, growing darker, quieter the further you went; sometimes you crossed small groups of students, silent, seeming to wait for something, or sitting at desks right in the hallway. You then got lost in endless stairwells, where many floors proved inaccessible, behind their locked glass doors, leading to other corridors, other staircases."

    For twenty years now, I still regularly dream of the corridors of the Faculty of Letters and the Institute of Technology, and of those of my high school, of my middle school… Corridors where I get lost, where I search for a room I can’t find, corridors I haunt knowing I no longer belong there, or on the contrary, where I return to retrieve something I missed at the time and that I now lack. Sometimes crowded, noisy, full of life. Sometimes silent and dark. They are, in any case, the place where individual destiny meets its most decisive moments – education, choices made for the future – and the discovery of collective life, the happy or painful belonging to the herd.

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  • Mall miraculeux / Miraculous mall

    FRANÇAIS

    Je traverse un quartier de HLM similaire au quartier de l'Allmend et pénètre dans l’un d’eux pour le traverser. Les couloirs sont étroits, un peu bizarres architecturalement, sans que ça n’ait rien de sordide ou de dérangeant. Mais à un moment donné je rebrousse chemin pour me retrouver dans un immense hall, comme dans un centre commercial, similaire au Centre Saint-Sébastien, mais plus vaste encore, avec des commerces et des restaurants – notamment un, avec une terrasse, dont le décor et le mobilier, très boisé et chaleureux, me plaisent, et dont je m'approche pour prendre des photos. Un peu plus loin, près de l’entrée (ou de la sortie, c’est selon) je vois des guichets avec des gens qui se pressent pour payer leurs achats ou pour se faire servir. J’envisage de sortir et vois dans la rue, au loin, une église que j’aimerais visiter ; je l'identifie comme faisant partie de l'une de ces immenses zones de Nancy que je n'ai jamais pris la peine d'explorer mais que je compte désormais découvrir. Je reste néanmoins dans l’immeuble et y déambule, le visite, de plus en plus émerveillé par tout ce qu’il propose en terme de commerces et de services – incluant des logements. Tout le mobilier et la décoration relèvent de l’esthétique des années 70. On dirait que rien n’a changé ici depuis des décennies, et ce côté vieillot me bouleverse, me fait me sentir miraculeusement chez moi. Je rêve d’y emménager et de ne plus en sortir.

    ENGLISH

    I walk through a housing estate neighborhood similar to the Allmend hood and enter one of the buildings to cross it. The corridors are narrow, somewhat odd architecturally, without being sordid or disturbing. But at one point, I turn back and find myself in an immense hall, like a shopping mall, similar to the Centre Saint-Sébastien, but even larger, with shops and restaurants – notably one with a terrace, whose décor and furniture, very wooden and warm, appeal to me, and I approach it to take photos. A little further on, near the entrance (or exit, depending on how you look at it), I see counters with people crowding to pay for their purchases or be served. I consider going outside and spot a church far away in the street that I’d like to visit; I identify it as belonging to one of those vast areas of Nancy I have never bothered to explore but now intend to discover. Yet I remain inside the building and wander around, visiting, increasingly amazed by all it offers in terms of shops and services – including housing. All the furniture and decoration reflect a 1970s aesthetic. It looks like nothing has changed here for decades, and this old-fashioned feel overwhelms me, makes me feel miraculously at home. I dream of moving in and never leaving.

    Lien permanent Catégories : Nancy, Récits de rêve / Dreams, Sarreguemines 0 commentaire Pin it!