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Souvenirs / Memories - Page 2

  • Exactement nulle part / Exactly nowhere

    FRANÇAIS

    J'ai récemment été avec France à la fête médiévale qui se tient tous les ans à quelques kilomètres de chez elle. Nous sommes passés en voiture (c'est moi qui conduisais) à travers plusieurs villages sur le trajet, où je n'avais pas remis les pieds depuis cette journée à vider la maison de la grand-mère de L. et dont je n'avais aucun souvenir.

    Il faisait incroyablement beau et France elle-même a fait la réflexion que ça sentait les vacances ; le ciel bleu, la végétation luxuriante, le fait même de rouler en voiture... Je n'avais jamais roulé dans ces communes qui bordent la grande ville, et cela me mettait dans un état mental assez étrange ; c'était comme me retrouver « pour de vrai » dans ces rêves où je marche ou  bien roule seul dans la ville, mais dans une version étrangère, parallèle, inconnue.

    C'était aussi comme revenir dans certains souvenirs, ou revoir une photo ancienne, oubliée, de ma jeunesse, mais en élargissant son cadre aux paysages environnants, et en ayant une chance d'y entrer, de les explorer. Un voyage dans le temps, l'espace, la mémoire.

    Ces villages font partie de ces zones étranges comme il y en a beaucoup autour de la ville, ou plus exactement des non-zones, des non-lieux, juxtapositions incohérentes, comme dans les rêves, de fermes ancestrales bordées par un magasin ACTION ou une pizzéria, et où l'on passe en quelques dizaines de mètres de jardins ouvriers à des tours d'habitation, des maisons Phoenix, des entrepôts, des terrains en friches. On est ni en ville, ni à la campagne, ni dans une zone commerciale ou industrielle. On est précisément, exactement nulle part.

    ENGLISH

    I recently went with France to the medieval fair that takes place every year a few kilometers from her home. We drove there (I was the one driving), passing through several villages along the way – places I hadn't set foot in since that day we emptied L.'s grandmother’s house, and of which I had no memory.

    The weather was unbelievably beautiful, and France herself remarked that it smelled like vacation – the blue sky, the lush vegetation, even just the act of driving... I had never driven through these towns that line the outskirts of the big city, and it put me in a rather strange state of mind. It was like finding myself for real inside those dreams where I’m walking or driving alone through a city – but in a foreign, parallel, unknown version of it.

    It also felt like returning to certain memories, or like seeing an old, long-forgotten photo from my youth – but with the frame widened to include the surrounding landscapes, and the chance to step into them, to explore them. A journey through time, space, and memory.

    These villages are part of those strange zones you find often around the city – or more precisely, non-zones, non-places. Incoherent juxtapositions, like in dreams: ancestral farms next to an ACTION store or a pizza place, where you pass in a matter of meters from community gardens to apartment blocks, prefab houses, warehouses, and overgrown vacant lots. It’s not the city, not the countryside, not a commercial or industrial zone. It’s exactly, precisely nowhere.

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  • Cité administrative / Administrative Complex (1998)

    FRANÇAIS

    J'avais accompagné Lydie, un jour, à la Cité Administrative. Un lieu en retrait, presque indevinable depuis la rue, dont j'ai un souvenir labyrinthique et qui m'évoque une fourmilière grouillante. C'est du reste l'impression que me donnent les bureaux en général ; des dédales coupés du monde par des stores à demi-baissés, aux moquettes et au mobilier vieillot qui vous font vous sentir comme perdu dans quelque zone oubliée de l'espace-temps.

    J'aimais cette ambiance d'oubli dans le travail, d'uniformité, de silence concentré, de lumière artificielle. J'aimais ne pas savoir, ne pas comprendre ce que les gens ici faisaient exactement. L'opacité du fonctionnement du monde a quelque chose de rassurant et de confortable ; on a conscience qu'on ne sait pas, qu'on ne comprend pas, et qu'on en a pas besoin ; on se sent extérieur, libre, contingent, détaché, désengagé, comme un enfant.

    ENGLISH

    One day, I accompanied Lydie to the Administrative Complex. A secluded place, almost impossible to guess from the street, which I remember as a labyrinth – evoking a swarming anthill. That’s the impression offices tend to give me in general: mazes cut off from the world by half-lowered blinds, with old carpets and outdated furniture that make you feel lost in some forgotten pocket of space-time.

    I liked that atmosphere of work-induced oblivion, of sameness, of concentrated silence, of artificial light. I liked not knowing, not understanding what exactly people were doing there. The opacity of how the world functions has something reassuring, something comforting about it – you’re aware that you don’t know, that you don’t understand, and that you don’t need to. You feel outside it all, free, contingent, detached, disengaged – like a child.

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  • Cocon triste / Sad cocoon (2002)

    FRANÇAIS

    J'aimais la résidence étudiante où vivait J. dans une petite rue endormie perpendiculaire à l'avenue Leclerc. Elle me rappelait – en plus silencieuse, en plus obscure et déserte, comme dans mes rêves – la cité universitaire où j'avais passé tant d'heures à errer de couloir en couloir et de chambre en chambre, auprès de quiconque serait là et voudrait bien de moi. Elle me faisait, pourtant, moins l'effet d'une résidence étudiante que d'un foyer de jeunes travailleurs ; il y avait dans l'air une ambiance, peut-être entièrement imaginaire, d'échec, d'errance dans la vie et de solitude. Un soir, j'avais croisé au rez-de-chaussée, ou dans une salle commune à un étage quelconque, quelques résidents silencieux, rassemblés dans la pénombre devant une télévision. J'avais envié cette atmosphère de cocon triste. Je ne savais pas encore que des années plus tard, je fréquenterais une fille vivotant dans une telle structure, loin de sa famille, incommensurablement seule, incomplète et avide d'une présence à accueillir chez elle et en elle. Je n'avais pas osé lui dire que j'aimais la savoir dans un tel environnement, que je la voulais justement triste et vulnérable, mendiant la moindre preuve d'amour que je pourrais lui donner, et qu'encore au-delà de tout cela, dans un recoin encore plus sombre de mes désirs, tout ce qu'il y avait de masochiste et de mort en moi, inexplicablement, l'enviait, elle aussi.

    ENGLISH

    I liked the student residence where J. lived, tucked away on a sleepy little street off Avenue Leclerc. It reminded me – quieter, darker, more deserted, like in my dreams – of the university housing where I had spent so many hours wandering from corridor to corridor, room to room, lingering near anyone who happened to be there and might accept me. Yet it felt less like a student residence than a shelter for young workers; there was, in the air – perhaps entirely imagined – a sense of failure, of drifting through life, and of solitude. One evening, I passed by a few silent residents, either on the ground floor or in a common room somewhere, huddled together in the dim light in front of a television. I envied that cocoon of quiet sadness. I didn’t yet know that, years later, I would be involved with a girl barely scraping by in a place like that, far from her family, immeasurably alone, incomplete, and craving a presence to welcome into her home and into herself. I hadn’t dared to tell her that I liked knowing she lived in such a place – that I wanted her precisely like that: sad and vulnerable, begging for the smallest sign of love I could offer her. And beyond all that, in a still darker corner of my desire, everything within me that was masochistic and death-bound envied her too, inexplicably.

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  • Direction cimetière / Towards the graveyard

    FRANÇAIS

    Hier soir j'ai pris le parti d'avancer au hasard, là où mes pas me porteraient. Je suis repassé dans la petite ruelle, espérant revoir cette véranda illuminée qui m'avait émerveillé, hier – une véranda vitrée, à 5 côtés, dans laquelle une gentille petite famille passait le temps, à la lueur de bougies et de petites lampes. Quelque chose de presque insupportablement heureux. Mais cette fois, la maison était plongée dans le noir. Pas de magie deux jours de suite, ou en tous cas pas la même.

    Celle d'aujourd'hui allait être plus sombre et plus étrange ; j'aurais dû m'en douter dès le début, dans la rue précédente, avec ce jardin obscur fermé par un grillage tordu et envahi par la végétation, par les ronces, d'où surnageaient quelques petites roses blanches. Je me suis arrêté devant et l'ai regardé longuement, sans savoir exactement pourquoi il me fascinait. Plus loin, alors que j'avais quitté ce petit quartier-là, sans un regret, pour prendre une rue au hasard après la Mairie, je retombais sur la même chose, le même effet ; une petite maison décrépite, au bas d'une longue rue très en pente, avec une grille bien noire, que la végétation recouvrait en partie ; cela cachait l'essentiel de la maison. J'ai toujours aimé ça, cette ambiance de décomposition, de vieillesse, je ne sais pas pourquoi.

    J'ai remonté la rue, dont je me suis rendu compte assez vite que je ne l'avais jamais empruntée. Les maisons m'obsédaient comme toujours dans mes balades nocturnes, avec leurs fenêtres illuminées, chaleureuses, qui font se sentir encore plus seul, et renvoient à quelque chose de sans doute très primitif – l'envie d'aller toquer à la porte pour avoir un peu de chaleur et rencontrer des congénères. S'approprier leurs vies, aussi, leur univers, car une maison, c'est un univers en soi. Souvent, rien que la couleur d'un papier peint, un tableau au mur, la forme d'une lampe, font naître des histoires et des fantasmes. Chaque maison est un roman.

    La rue débouchait sur la cité. Sur la totalité de mon champ de vision, des HLM de petite taille, des gazons, des chemins bétonnés, des garages ; un monde miniature parfaitement organisé, domestiqué. J'avançai droit devant moi, dépassant des groupes d'ados tranquilles, des pères de famille, personne ne prêtait attention à moi. Les HLM oranges, illuminés, semblaient irréels.

    Devant une belle maison : je me plaçai par rapport au réverbère et aux branches des arbres au dessus de moi, pour avoir la plus belle lumière et le plus beau cadrage. Et je réalisai à nouveau que je ne vois pas la réalité ; je vois mes fantasmes, et je n’aborde pas le réel comme un réel, mais comme une matière esthétique, une œuvre qui ne demanderait qu’à être fixée, en appuyant sur un bouton.

    En sortant de la cité HLM j'étais à nouveau en terrain connu ; rien ne m'empêchait de redescendre vers la mairie, puis de rentrer chez moi. Mais comme en rêve, je vis à nouveau des chemins et des rues qui montaient vers des quartiers que je n'avais pas remarqués jusque là. Je montai une rue discrète où presque toutes les maisons étaient plongées dans le noir. L'impression d'irréalité se fit plus forte, et culmina quand j'arrivai devant le cimetière. Sa longue muraille terminait la rue et barrait l'horizon ; au dessus, la lune, absolument pleine, jaunâtre, énorme. Le funérarium ressemblait à un bâtiment romain, et avec ses plantes exotiques, en façade, j'eus plus que jamais l'impression d'être dans un décor. De l'autre côté de la route, c'étaient des entrepôts, puis des arbres et la nuit.

    Je longeai le cimetière et descendis un petit chemin sous les branches, qui donnait sur les champs ; on sortait de la ville. Mais un autre embranchement menait vers des baraquements militaires à l'abandon, fermés par des barbelés. Le sol était boueux. La sensation d'irréalité laissa la place à d'autres pensées, plus personnelles, des visages anciens me revenaient. Un changement subtil d’ambiance, d’un pas à l’autre, comme toujours, à plusieurs reprises pendant les ballades ; chaque coin de rue, chaque nuance architecturale, chaque subtile modification de l’éclairage emporte vers d’autres mondes intérieurs. Je pensais à Émilie Forest. Je me répétais son nom, comme un mantra, ou comme pour lui redonner un peu de réalité, un peu de chair. Son nom ne m'étais pas apparu depuis des années, et semblait surgi d'une vie antérieure. Émilie Forest ; une apprentie serveuse qui était ma voisine de palier quand j'étais jeune étudiant, et qui fut la première personne que j'y ai connue et fréquentée pendant quelques semaines avant qu'elle disparaisse purement et simplement. Je me suis demandé si elle allait bien.

    *

    Note : en relisant le récit de cette balade, j'ai pensé à Béatrice, en me demandant pourquoi, puisqu'elle n'a jamais vécu dans ce quartier, avant de réaliser que c'est aujourd'hui au cimetière en haut de la côte qu'elle habite, ou pour être plus exact, que se trouvent les cendres de son corps. Je me souviens maintenant aussi que je lui avais donné ce texte à lire, puisque nous parlions de la méditation, qu'elle pratiquait assidument pour tenir aussi éloignée que possible la douleur – en plus des multiples doses de kétamine qu'elle s'envoyait quotidiennement – généralement sans grand succès. Je lui soutenais donc que de se balader dans un certain état d'esprit s'apparentait à une forme de méditation ; avancer sans réfléchir, l'esprit vide, entièrement ouvert aux perceptions d'une part, aux idées et images mentales naissant toute seules, incontrôlées, dans l'esprit, d'autre part.

    ENGLISH

    Last night, I chose to wander aimlessly, letting my steps take me wherever they wished. I passed again through the little alley, hoping to catch sight once more of that illuminated veranda that had so enchanted me the night before – a five-sided glass veranda where a sweet little family was spending time together by the light of candles and small lamps. Something almost unbearably happy. But this time, the house was shrouded in darkness. No magic two nights in a row – or at least, not the same kind.

    Tonight’s magic would be darker and stranger; I should have guessed it right from the start, in the previous street, where there was a shadowy garden behind a twisted fence, overrun with vegetation and brambles, with a few pale white roses floating above it all. I stopped in front of it and stared for a long time, not knowing exactly why it fascinated me. Farther on, having left that little neighborhood behind without regret, I took a street at random after the Town Hall – and there it was again, the same feeling. A small, decrepit house at the bottom of a steep street, with a deep black gate partly swallowed by vegetation. It obscured most of the house. I’ve always loved that kind of thing – that atmosphere of decay and age – I don’t know why.

    I climbed the street and quickly realized I had never walked it before. The houses obsessed me, as they always do during my night walks, with their lit-up windows, so warm and inviting, making you feel all the more alone, and evoking something no doubt very primitive – the urge to knock on the door, just to get a little warmth and meet fellow humans. To take over their lives, too, their worlds – because a house is a world unto itself. Often, just the color of a wallpaper, a painting on the wall, the shape of a lamp, is enough to spark stories and fantasies. Every house is a novel.

    The street opened onto the housing project. Across my entire field of view: small apartment blocks, lawns, paved paths, garages – a miniature world, perfectly organized, domesticated. I walked straight ahead, passing quiet teenagers and fathers with kids – no one paid me any attention. The orange, illuminated apartment blocks looked unreal.

    In front of a beautiful house, I positioned myself with respect to the streetlamp and the branches above me to get the best light, the best framing. And once again, I realized I wasn’t seeing reality – I was seeing my fantasies, and I wasn’t approaching the real as real, but as aesthetic matter, a work just waiting to be captured by the press of a button.

    Leaving the housing project, I was back in familiar territory; nothing stopped me from heading back down to the Town Hall, then home. But like in a dream, I saw paths and streets again, rising toward neighborhoods I hadn’t noticed before. I climbed a quiet street where nearly every house was dark. The sense of unreality grew stronger and peaked when I reached the cemetery. Its long wall closed off the street and blocked the horizon; above it, the moon – absolutely full, yellowish, enormous. The funeral home looked like a Roman building, and with its exotic plants out front, I felt more than ever as if I were on a set. Across the road, there were warehouses, then trees, then night.

    I walked along the cemetery wall and took a small path beneath the branches that led to open fields – we were leaving the city. But another branch of the path led toward some abandoned military barracks, fenced off with barbed wire. The ground was muddy. The feeling of unreality gave way to other thoughts, more personal ones; old faces came back to me. A subtle shift in mood, step by step, as always during these walks – every corner, every architectural nuance, every faint change in lighting carries you into another inner world. I thought of Émilie Forest. I repeated her name like a mantra, or as if to give it back a bit of substance, a bit of flesh. I hadn’t thought of that name in years – it felt like it belonged to a past life. Émilie Forest: a waitress-in-training who had lived in the apartment across from mine when I was a young student, the first person I met there and spent time with for a few weeks before she simply vanished. I wondered if she was doing okay.

    Note: Upon rereading this account of the walk, I thought of Béatrice and wondered why, since she never lived in that neighborhood – before realizing that today, it’s in the cemetery at the top of the hill where she lives now, or to be more exact, where her ashes lie. I now remember that I had given her this text to read, since we were talking about meditation – a practice she pursued diligently to keep the pain at bay – as far away as possible – on top of the multiple doses of ketamine she was taking daily, generally with little success. I argued that walking in a certain state of mind was akin to a form of meditation: moving forward without thinking, with an empty mind, fully open to perceptions on one hand, and to the spontaneous, uncontrolled images and thoughts rising within on the other.

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  • Étranger absolu / Absolute stranger

    FRANÇAIS

    Je roule seul, de nuit, vers la Champagne. Je m'arrête à Reims ou Troyes ; c'est une ville assez misérable, laide, grise, mais elle a ce charme de la nouveauté dont j'ai tellement besoin. Cette impression d'être perdu, dépaysé, d'être un étranger absolu, donc libre absolument. Je trouve d'ailleurs un quartier assez médiéval, plus vivant, très beau, et me sens comme un touriste, comme un aventurier un peu également, c'est extrêmement apaisant et agréable. Je me retrouve aussi dans une sorte de banquet familial, ou peut-être communal, parce qu'il y a beaucoup de monde. Un petit midi ensoleillé en province. Je me promène au bord d'un cours d'eau, il y a un pont ou un passage à gué, peut-être une petite cascade, aussi, et un vieux – le rebouteux, le vieux sage du village. Il y a une petite fille très pauvre, très sale, qui se couche toute habillée dans une espèce d'abreuvoir, en ville, pour se laver.

    ENGLISH

    I'm driving alone at night, heading toward Champagne. I stop in Reims or Troyes; it's a rather bleak, ugly, grey city, but it holds that charm of novelty that I so desperately need. That feeling of being lost, disoriented, an absolute stranger – therefore absolutely free. I come across a somewhat medieval neighborhood, livelier, very beautiful, and I feel like a tourist, something of an adventurer too. It's incredibly soothing and pleasant. At some point, I find myself at what seems like a family banquet – or maybe a communal feast – because there are so many people. A bright, provincial midday. I wander along a stream; there’s a bridge or perhaps a ford, maybe even a small waterfall. And an old man – the healer, the village’s wise elder. There’s also a very poor, very dirty little girl who lies down fully clothed in a sort of watering trough, in town, to wash herself.

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