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  • Benoît

    FRANÇAIS

    Je l'avais suivi dans sa cité universitaire déserte et obscure, à proximité du campus. Nous n'avions rien de particulier à faire chez lui ; peut-être voulait-il seulement me montrer l'étendue de sa solitude, le demi-enfer de pénombre et de silence où il ressassait sa jeunesse ratée et les innombrables échecs encore à venir qu'il pressentait. Sans être beaucoup plus âgé que moi, il était déjà empâté par l'alcool et la paresse, mal fagoté et sale, affichant consciemment ou non son renoncement à ne serait-ce que faire illusion, à dissimuler sa marginalité - une marginalité anonyme, méconnue et discrète, celle des enfants perdus de la classe moyenne, qui est la plus honteuse et dont on ne se remet jamais.

    ENGLISH

    I had followed him into his deserted and shadowy student housing near the campus. We had nothing in particular to do at his place; perhaps he only wanted to show me the extent of his solitude, the half-hell of dimness and silence where he brooded over his failed youth and the countless future failures he already sensed. Though he wasn’t much older than me, he was already bloated from alcohol and laziness, sloppily dressed and unclean, consciously or not displaying his refusal to even keep up appearances, to hide his marginality – a marginality that was anonymous, overlooked, and quiet, the kind that belongs to the lost children of the middle class, the most shameful kind, the kind you never recover from.

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  • Au ralenti / Idling

    FRANÇAIS

    Je passe la nuit chez elle, dans sa chambre de la cité Médreville. Elle ne porte qu’un T-shirt et ses jambes, son sexe disponible me hantent toute la nuit. Les heures passent comme des siècles. Dans le noir, à une distance qui ne permet pas de croire au contact accidentel, je lui touche le bras. Elle rit et je renonce à aller plus loin, mortifié. J'écoute ensuite un bruit sourd, venu de dehors, comme une voiture qui tourne au ralenti, qui me berce, et je finis par m'endormir.

    ENGLISH

    I spend the night at her place, in her room in the Médreville university dorm. She’s only wearing a T-shirt, and her legs, her available sex haunt me all night. The hours pass like centuries. In the dark, at a distance that rules out any accidental contact, I touch her arm. She laughs, and I give up on going any further, mortified. Then I listen to a low sound coming from outside, like a car idling, lulling me to sleep, and I eventually drift off.

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  • Absence totale de ciel / Total absence of sky (2000)

    FRANÇAIS

    Des couloirs à l'éclairage tantôt cru et aveuglant, tantôt insuffisant et sinistre, que je revois en rêve, et où je me perds avec une excitation morose. Escalators, locaux techniques, passages de service. Le bruit des systèmes de ventilation, léger mais constant. Un grondement sourd comme celui d'une machine paisible dont les clients qui déambulent feraient eux-mêmes partie. J'y errais en fin d'après-midi, lisant interminablement la presse dans les allées du Monoprix, déambulant entre les rayonnages impeccables. La lumière des néons, l'absence totale de ciel me reposaient et me rassuraient.

    ENGLISH

    Corridors whose lighting was sometimes harsh and blinding, sometimes dim and sinister, that I revisit in dreams and where I lose myself with a kind of morose excitement. Escalators, technical rooms, service passages. The sound of ventilation systems, light but constant. A dull hum, like that of a peaceful machine, of which the wandering customers seemed to be a part themselves. I would wander there in the late afternoon, endlessly reading the newspapers in the aisles of the Monoprix, drifting between the impeccable shelves. The neon lighting, the complete absence of sky, soothed and reassured me.

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  • Pluie / Rain


    podcast

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  • Marcher sans trêve / Walking without end

    FRANÇAIS

    Rues sans histoire, aux volets fermés. Tout a l'air vieux, fatigué et sale ; en d'autres termes, réel ; inhospitalier, voire hostile, mais bien réel, comparé à la propreté factice et à la convivialité factice des quartiers touristiques. Je ne croise que peu de passants. J'imagine leur absence totale et le silence encore plus grand, la paix encore plus grande des dimanches, des grandes vacances. Je longe des murs à hauteur d'homme qui cachent des jardins, des endroits où peuvent jouer et grandir des enfants. Des lieux où l'on peut s'arrêter de marcher sans trêve. Des murs qui cachent un repos qui m'est inaccessible.

    ENGLISH

    Streets without stories, with shutters closed. Everything looks old, tired, and dirty – in other words, real; inhospitable, even hostile, but far more real than the fake cleanliness and forced friendliness of tourist districts. I pass only a few people. I imagine their total absence, the even deeper silence, the even greater peace of Sundays, of long summer holidays. I walk along low walls, chest-high, hiding gardens – places where children might play and grow. Places where one could stop walking without end. Walls that conceal a kind of rest that remains out of reach for me.

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