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Silhouettes indistinctes (2006)

Elle vivait dans un immeuble étroit, avenue de la Libération, qui jouxtait un squat et des maisons bourgeoises terrées au fond de parcs impénétrables. Une zone floue, accablée de voitures jour et nuit. La cage d'escalier était déserte à toute heure. Ses portes auraient tout aussi bien pu n'ouvrir que sur des logements déserts, des tombeaux. Des photos d'elle, nue, en noir et blanc, décoraient le couloir d'entrée. Je me souviens de sa chambre plongée dans le noir, et de l'immense miroir qui couvrait toute la penderie, auquel nous faisions face et où nous regardions nos silhouettes indistinctes faire l'amour sur le lit. Une petite radio diffusait du Chopin en sourdine, dans la salle de bain vieillotte et mal éclairée, avec son carrelage douteux et sa baignoire d'un autre siècle. Il y planait une odeur d'humidité et de vieux murs, mélangée à celle de l'encens et des bougies. C'était l'odeur de Nancy, une odeur de vieillesse immémoriale de solitude, d'inconfort, c'était celle de ma jeunesse, et je l'aimais.

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