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  • Brabois (1996)

    Il y eut un certain nombre de nuits où, ne supportant plus le silence, je m'habillais pour marcher jusqu'à la rue du Vivarais, où un ami avait mis son studio à ma disposition. Il régnait en permanence chez lui une odeur de poubelles en décomposition, de sueur et de jeunesse gâchée, passée dans la solitude. Retrouver cette odeur, visite après visite, était pour moi une hantise. Mais je venais pour y passer des moments secrets et clandestins, alors même que personne n'était à ma recherche ; des nuits d'alcool et de mauvais sommeil. Je hantais les salons de discussion à la recherche de quelqu'un, de n'importe qui, à qui parler, jusqu'à l'heure où il me fallait baisser les stores et dormir si je voulais échapper au spectacle de l'aube.

    La montée vers Brabois était sinueuse et raide comme un chemin de pèlerinage. Elle était interminable. Je l'empruntais guidé par cette croix immense et illuminée qui émerge des arbres, indiquant, perdue dans l'obscurité d'un parc, la chapelle Notre-Dame des Pauvres. En face de ce parc dormait dans l'ombre une grande école. Je la longeais, fasciné à chaque fois, sans savoir exactement pourquoi, imaginant des dortoirs obscurs et silencieux, des salles de bain glaciales. Un internat pour fantômes.